Vous avez eu un véritable coup de cœur pour « Je ne renie rien ». Vous sentiez à la lecture l’envie d’être sur scène ?
Quand j’ai lu ce livre qui est un recueil d’interviews de Sagan j’ai été bouleversée, ça m’a touchée en plein coeur. J’ai tout de suite pensé que ça ferait un objet théâtral intéressant.
Qu’est-ce qui était le plus difficile ? La sélection des textes que vous racontez, ou entrer dans la peau de Sagan ?
Tout a été évident. J’ai choisi les passages qui résonnaient le plus fort en moi. Evidemment, j’ai du renoncer à des choses que j’adorais pour que le spectacle ne dure pas trop longtemps. Il fallait que ça fasse une heure dix! Après, à part apprendre le texte, ce qui n’a pas été une mince affaire, j’ai cherché à retrouver les émotions profondes et intimes de chaque passage. Comme le texte me parlait d’une façon très personnelle, il ne s’agissait pas d’imiter Sagan, mais de la laisser s’exprimer à travers moi. Evidemment, il y a eu les indications précieuses d’Alex Lutz, qui m’a conseillé de placer ma voix dans les aigus, de laisser les sens ouverts, les phrases un peu en suspens, et des attitudes corporelles. Sa nervosité, sa fragilité… Mais c’est plutôt Sagan qui est rentrée dans ma peau que l’inverse.
Votre performance est exceptionnelle. Le public en quittant le théâtre pense même voir Sagan, tant les ressemblances physiques, faciales et vocales sont troublantes…
Le travail de la lumière, créée par Anne Coudret, est essentiel. Ce qu’on voulait avec Alex Lutz, c’est qu’on m’oublie moi pour entrer dans cette pensée tellement intelligente, profonde et drôle également. C’est assez fou car effectivement souvent les gens sortent du spectacle en me disant qu’ils ont « vu » Sagan. Certains m’ont même dit qu’ils avaient toujours rêvé de passer une heure avec elle, et que c’était la sensation qu’is avaient eue.
Quel genre de metteur en scène est Alex Lutz, que vous connaissez bien, pour avoir travailler ensemble sur le spectacle « George Sand » ?
J’ai adoré travailler avec lui. On a des sensibilités très proches. Il est brillant, très rapide, très intuitif aussi. Il y a toujours eu un forme d’évidence dans nos collaborations.
Si vous deviez définir Françoise Sagan en quelques mots ?
Intelligence hors norme, sensibilité à fleur de peau, élégance, et un humour à toute épreuve. C’est aussi une femme qui doute en permanence, ce qui est une très grande qualité. Et elle mettait la littérature au centre de tout, ce qui est très important pour moi.
Quels sont vos projets après cette pièce que vous jouez depuis trois ans ?
Je viens de créer un nouveau spectacle autour de mon dernier album « Comme Sagan », qui s’appelle « Chiche! » . Accompagnée de trois musiciens extraordinaires, je chante les chansons de l’album et je raconte des moments de ma vie un peu punks. C’est un genre de music hall et je m’amuse comme une folle. Le spectacle est mis en scène par Stephan Druet, que j’aime énormément. Je retrouve la chanson et la musique avec beaucoup de plaisir et ça aussi je le dois à Sagan. Quand j’ai découvert qu’elle avait écrit de nombreuses chansons (pour Juliette Gréco bien sûr, sa grande amie, mais aussi Johnny Hallyday, Mouloudji, Nana Mouskouri), ça m’a donné envie de chanter à nouveau!
A l’invitation de Valérie et Marc Chaout, vous serez en Israël du 16 au 24
février. Comment appréhendez-vous ces dates et connaissez-vous le pays ?
Je ne connais pas du tout Israël et suis enchantée de découvrir enfin le pays! J’ai hâte de partager ce spectacle avec le public!
Françoise par Sagan
Tournée du 16 au 24 février : Tel-Aviv, Jérusalem, Raanana, Netanya.
Réservations : www.culturaccess.com
Photos: Richard Schroeder