« Clair-obscur », « ombres et lumières », « passions déçues » : les expressions ne manquent pas dans la langue de Molière pour qualifier les relations tumultueuses de l’ex-président français, François Mitterrand – dont on a célébré le 8 janvier le 20ième anniversaire de la disparition – avec la communauté juive de l’Hexagone et l’Etat d’Israël. Des liens en « dents de scie » à l’image des relations si contrastées, depuis 67 ans, entre Paris et Jérusalem.
Dès le premier septennat de François Mitterrand, qui débuta le 25 mai 1981, on assiste à un véritable « mouvement de balancier » entre une tendance euphorique à la réconciliation entre le pouvoir d’Etat et la communauté juive de France (surtout après les années glaçantes de son prédécesseur à l’Elysée, Valéry Giscard d’Estaing), et par ailleurs des moments de grande désillusion qui furent liés aux objectifs sempiternels de la « politique arabe de la France » mais aussi à la complexité du passé et de la personnalité de Mitterrand.
Tout commence par une véritable idylle…
Après avoir voté massivement pour Mitterrand en mai 1981, les Juifs ont d’abord considéré le nouveau président élu comme leur « ami » : à la fois parce qu’il avait condamné la politique étrangère anti-israélienne de Giscard, et aussi parce qu’il était lui-même présent à Paris en 1980 – en signe de solidarité avec la communauté juive – sur les lieux de l’attentat terroriste contre la synagogue de la rue Copernic.
De plus, dès son entrée en fonction, Mitterrand, qui est entouré d’un aéropage de personnalités, amis et conseilleurs juifs – Jacques Attali, Robert Badinter, Roger Hanin, Georges Dayan, et Françoise Castro-Fabius – annonce d’emblée qu’il se rendra en « visite d’Etat » en Israël au printemps 1982.
Lors de ce voyage historique – le premier d’un président français depuis 1948 -, il évoquera devant la Knesset, outre sa « complicité de toujours avec le judaïsme », « les efforts constants de la France pour que le droit d’Israël à l’existence soit universellement admis et pour qu’il soit reconnu du même coup son droit à obtenir les moyens de cette existence ». Tout en reconnaissant que la France n’a pas toujours eu une « attitude juste » à l’égard d’Israël – notamment en s’opposant en 1979 aux accords de paix de Camp David avec l’Egypte -, il n’hésite pas à critiquer la politique du gouvernement Begin : des critiques réitérées lors de la Première guerre du Liban de l’été 1982 et qui furent traduites en actes quand la France envoya des paquebots civils pour évacuer vers Tunis Arafat et toute l’armada de l’OLP encerclée par Tsahal…
« Il faut savoir, écrit Georges-Marc Benamou dans son livre ‘Le Fantôme de Munich’ paru en 2007 aux éditions Flammarion, qu’entre Mitterrand et les Juifs ce fut une histoire intense, excessive, passionnée jusqu’à l’obsession. Il était l’ami des Juifs et les Juifs l’aimaient – piège du philosémitisme. (…) Mitterrand fut cet ‘ami des Juifs’ qui donna l’impression qu’après les années du silence d’après-guerre la France les ‘reconnaissait’. J’emprunte à Claude Lanzmann la métaphore de la ‘reconnaissance’. Il y eut, depuis l’infâme statut de 1940, deux hommes qui comptèrent pour les Juifs français : Jean-Paul Sartre et, à sa manière, François Mitterrand ».
Puis des « nuages »… et une véritable brouille qui culmine avec l’affaire Bousquet !
Mais ces relations amicales et passionnées avec la communauté juive butèrent sur deux graves écueils. En 1989, une première déchirure intervient suite à l’invitation de Yasser Arafat en France.
« En 1947, nous avons reconnu l’Etat d’Israël et nous sommes restés fidèles à cela, déclarera Mitterrand en recevant Arafat à Paris. (…) Nous avons reconnu un Etat, et pas nécessairement sa politique. Cet État existe. C’est en 1982 que je suis allé en Israël. Les Israéliens n’ont pas écouté ce que je disais, ils ne voyaient que l’image. Les Arabes aussi. Alors que j’ai dit en Israël que les Palestiniens ont droit à une patrie. Aujourd’hui, une partie de la presse et de l’opinion juives se souvient de cette image, mais elles n’ont pas écouté ce que je disais. Israël doit sentir à la fois que la France est très vigilante pour sa sécurité et qu’elle reconnaît le droit des Palestiniens, peuple exilé, à revenir sur leur sol ».
Concrètement, Mitterrand ne se décida à lever le fameux embargo sur la livraison d’armes à Israël imposé par de Gaulle en 1967 avant la guerre de Six Jours qu’en 1993, parce que la paix semblait alors en vue. Une paix qui, selon Mitterrand, ne pouvait se faire que par des négociations directes entre les belligérants et non avec une conférence internationale imposée par les « Grands », ni même par un intermédiaire, fût-il français.
Une seconde déchirure se produisit en 1992 lors du 50ième anniversaire de la commémoration de la rafle du Vél’d’hiv, quand Mitterrand se rendit à cette cérémonie et qu’il fut accueilli par des manifestations très hostiles. C’est que ressurgissait à ce moment-là le « syndrome de Vichy » qui hantait la vie politique française sous Pompidou et Giscard. Débute alors une « guerre de la mémoire » qui opposera une partie de la communauté juive et certains intellectuels à la « vieille mémoire française » incarnée par Mitterrand. « Comment nier, explique Benamou, que Vichy compta pour le jeune Mitterrand ? Le président lui-même, à la fin de sa vie, l’admettait, en parlait, ne le contestait pas. Une histoire officielle gaulliste a longtemps occulté la vérité sur Vichy. Car il y eut à Vichy – pour l’essentiel dans les milieux maréchalistes – un fort courant antiallemand. Mitterrand fut de ce Vichy-là (…) : les vichysto-résistants. Mitterrand fut, dès Vichy, un antigaulliste de droite qui, sous la IVe République, se transforma en un antigaulliste de gauche ».
Après les curieux entretiens que Mitterrand aura à l’Elysée avec René Bousquet – ce haut fonctionnaire français collaborateur qui fut, sous le gouvernement de Pierre Laval durant l’occupation allemande de la France, secrétaire général à la police du régime de Vichy d’avril 1942 à décembre 1943 et qui organisa donc la rafle du Vél’ d’Hiv’ – va obscurcir la fin du second septennat de Mitterrand : alors qu’une instruction judiciaire est menée contre Bousquet, Mitterrand est accusé d’intervenir dans la procédure pour la freiner et protéger son ancien ami vichyssois. Il est nommément visé quand les juristes de la Fédération internationale des Droits de l’homme font savoir qu’« il y a une décision politique au plus haut niveau de ne pas faire avancer l’affaire Bousquet »…
Autre facteur de la crise entre Mitterrand et les Juifs de France : l’adoption d’une nouvelle loi électorale instaurant le scrutin proportionnel qui a généré la percée du Front National aux élections européennes de 1984. Craignant une défaite de la gauche socialiste aux législatives de 1986, Mitterrand choisira ainsi d’affaiblir la droite républicaine en lui opposant le Front National : redevenue une force électorale de premier plan, l’extrême droite se trouve désormais – et jusqu’aujourd’hui ! – au-devant de la scène politique, un véritable tournant dans l’histoire de la Vième république.
« Mitterrand, c’était la France, la ‘complexité française’, conclut Benamou. Cette ‘complexité’ est-elle indicible ? Inaudible ? ». Il reste que les Juifs de France ont été profondément déçus de lui, peut-être plus encore que de tous les autres présidents de la Vième République, parce qu’ils en attendaient sans doute beaucoup trop.… Richard Darmon pour Hamodia
Les vichysto-resistants !
Il fallait reussir a la trouver celle-la ! Georges-Marc
Benamou l’a fait
Etre ami en 39-45 et apres la guerre avec l’organisateur de la rafle du vel d’hiv est sans doute selon Georges-marc Benamou ce qui caracterise le
fait d’etre resistant et « ami des Juifs ».
Car Mitterand recevait Bousquet non seulement a
l’Elysee,mais egalement au restaurant et chez LUI.
Mitterand,apres la guerre,disait de Bousquet « qu’il etait un homme d’envergure ».
Pas trop tracasse par les rafles,la deportation et l’extermination « L’Ami desJuifs ».
Georges-marc Benamou se vautre dans le fumier.
Quant aux « amis et conseillers » Juifs ,du genre Badinter,Attali ,je n’en n’ai entendu aucun lui retirer
son amitie.Tout au plus Attali presse de questions sur le sujet,disait agace,qu’il lui avait dit ce qu’il avait a lui dire .Sans doute pas grand chose puiqu’ils etaient toujours amis apres.