Nous nous sommes habitués à entendre les députés orthodoxes se ranger aux côtés des députés arabes à la tribune de la Knesset et affirmer qu’il est interdit aux Juifs de se rendre sur le Mont du Temple. Nous nous sommes aussi habitués à les entendre dire que les juifs qui se rendent sur le Mont du Temple sont les responsables des violences musulmanes qui s’en suivent. Certes, leur opposition est basée sur les recommandations de certains grands sages, passés ou présents, et non pas sur les affabulations et la haine antisémite des députés arabes, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une alliance objective intolérable avec l’ennemi en temps de guerre. Car il s’agit d’une guerre.
Mais quiconque a vu les images tournées le 9 av dernier sur l’Esplanade du Temple, ne peut être qu’impressionné par le nombre de juifs orthodoxes qui se trouvaient parmi les groupes de visiteurs. Il semble que la montée vers l’Esplanade, domaine “réservé” des cercles sionistes-religieux ou de férus d’Histoire et d’archéologie commence aussi à pénétrer le monde orthodoxe. Au début, elle était le lot de rares autorités h’assidiques, tels que les rabbanim Yossef Elbaum ou Moshé Segal, mais actuellement, même des rabbanim du courant lituanien, généralement beaucoup plus intransigeants sur cette question, assouplissent leur position.
Dans un article paru il y a une semaine dans des journaux orthodoxes de Bnei Berak et Jérusalem, il y est notamment expliqué que cette évolution a des justifications religieuses qui tendent à se développer. Des extraits de grands sages du passé ont été cités, évoquant l’injonction de se rendre sur le Mont du Temple à chaque génération, sans nier que d’autres sages y étaient fermement opposés, tels que le Hafetz Haïm.
D’autres articles commencent aussi à établir la distinction entre les endroits où il est possible de se rendre (pieds nius et après immersion dans un bain rituel) et les parties interdites d’accès, exactement ce que le rav Shlomo Goren avait établi après la Guerre des Six jours avant d’être voué aux gémonies par les dirigeants du monde orthodoxe.
Dans les associations qui prônent la liberté d’accès au Mont du Temple on accueille cette évolution avec grande satisfaction et on note que de plus en plus de publics – même non religieux – en Israël prennent conscience de l’importance religieuse, historique ou politique d’une fréquentation du Mont du Temple.
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une nouvelle démonstration de la lente évolution du monde orthodoxe et des courants internes qui le traversent, même sur une question où l’opposition était quasi- monolithique jusqu’à présent.
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