Le député Itamar Ben Gvir (Otsma Yehoudit) a jeté un pavé dans la mare avec sa proposition phare: expulser toute personne qui agit contre Israël ou contre Tsahal. Il entend par là les terroristes mais aussi tous les députés de la liste arabe unifiée et tous ceux qui inciteraient à la haine contre le pays.
Un sondage réalisé par Panels Politics a examiné la proportion d’Israéliens qui seraient favorables à une telle loi.
Les chiffres sont sans appel: 64% des personnes interrogées ont dit soutenir la proposition de Ben Gvir, ils ne sont que 23% à s’y opposer, le reste ne se prononçant pas.
Au sein des électeurs de droite, ils sont 80% à vouloir cette loi et notons qu’au sein des électeurs du bloc de Lapid, ils sont près de la moitié – 47% – à la soutenir.
Ces chiffres vont à l’encontre de la stratégie de campagne adoptée par le bloc de gauche qui vise à faire de Ben Gvir et de ses propositions, l’ennemi politique numéro 1.
Par ailleurs, Panels Politics a étudié le rapport de forces dans les intentions de vote après la tenue des primaires dans tous les partis qui en organisent et après l’union entre la Tsionout Hadatit et Otsma Yehoudit.
Il en ressort que cette alliance reçoit un bon écho auprès des électeurs puisqu’elle recueille 12 mandats dans les intentions de vote, soit 2 mandats de plus que ce que les sondages lui prédisaient avant l’annonce officielle de l’union entre les deux partis.
Néanmoins cette percée ne suffit pas à octroyer les 61 mandats au bloc de Netanyahou qui demeure bloqué à 59.
Par ailleurs, le parti d’Ayelet Shaked et Yoaz Hendel ne passe pas le seuil d’éligibilité.
Le sondage Panels Politics a également étudié la possibilité d’alliances à gauche. Aucun parti n’y gagnerait.
En effet, en cas d’alliance entre Yesh Atid de Lapid et Hama’hané Hamamlah’ti de Gantz, ils obtiendrait 33 sièges ensemble alors que d’après le même sondage, ils arriveraient à 36 s’ils partaient séparément. De même pour Avoda et Meretz qui obtiendraient 9 mandats contre 10 séparément.
Une alliance entre Lapid et Gantz ferait même fuir de électeurs vers Haroua’h Hatisonit de Shaked et Hendel qui passerait alors le seuil d’éligibilité et permettrait à Netanyahou d’avoir 63 mandats.
Le salut de Netanyahou pourrait également venir de l’implosion de la liste arabe unifiée. Ces derniers jours, l’une de ses composantes, le parti Balad, menace de partir seul. Il s’oppose à l’éventuelle recommandation de Yaïr Lapid ou Benny Gantz au poste de Premier ministre, qu’Ayman Odeh et Ahmed Tibi semblent disposer à donner, comme ils l’ont fait lors du troisième round de ces élections à répétition. Dans un tel cas de figure, Balad ne passerait pas le seuil d’éligibilité et la liste arabe obtiendrait 4 sièges au lieu de 6, à la limite du seuil d’éligibilité.
Par ailleurs, les enquêtes au sein de l’électorat arabe témoignent d’un véritable désintéressement pour les élections à venir. On estime que seuls 39% des électeurs arabes israéliens iront voter, ce qui est un taux historiquement bas. Le record de participation de ce secteur de la population a été aux élections de mars 2020: il s’élevait à 64.8% et la liste arabe unifiée, à laquelle participait alors Ra’am, avait obtenu 15 sièges.
En attendant, une autre menace plane sur le camp Netanyahou, celle de la division entre les partis orthodoxes ashkénazes, Agoudat Israël et Deguel Hatorah, qui se présentaient jusqu’à maintenant ensemble sous la bannière de Yahadout Hatorah. Les tensions sont de plus en plus palpables et l’hypothèse de présenter des listes séparées est évoquée. Pour Netanyahou, cela pourrait véritablement éloigner son retour au pouvoir puisque l’un des deux partis orthodoxes serait susceptible de ne pas passer le seuil d’éligibilité.
Comme il l’a fait pour Smotrich et Ben Gvir, le chef de l’opposition déploie ses talents de négociateur et use de sa position de dirigeant du bloc de droite pour faire pression sur les protagonistes afin qu’ils s’unissent. Mais, la tâche n’est pas aisée. Le Rav Guershon Edelstein, chef spirituel du parti Deguel Hatorah, a demandé aux députés de ne pas rencontrer Binyamin Netanyahou et de ne pas le laisser s’impliquer dans les négociations avec Agoudat Israël. L’entourage du Rav estime qu’une telle ingérence ne ferait qu’empirer la situation puisqu’entre les deux partis, les divergences ne sont pas d’ordre politiques mais idéologiques entre les Rabbins. Elle tourne autour de l’obtention de budgets supplémentaires de la part de l’Etat pour les écoles orthodoxes en échange de l’enseignement de matières profanes et d’une plus grande surveillance de la part du ministère de l’Education des programmes dispensés dans ces établissements. Deguel Hatorah n’y est pas prêt alors que l’Agoudat Israël semble disposée à évoluer.