En cette période trouble, LPH est allé à la rencontre de Tamar d’Amona, contrainte de quitter sa demeure. A contrecœur, sans jamais trop vouloir y croire, elle a laissé sa maison et a assisté, impuissante, à la destruction de plusieurs années de sa vie et de celle de sa famille.
Tamar Nezri
”Comment ont-ils pu laisser faire cela?!”
Le P’tit Hebdo: Quelques jours après l’évacuation d’Amona, comment vous sentez-vous?
Tamar Nezri: Au moment où nous parlons, je reviens d’Amona. J’y ai vu la destruction de ma maison par des bulldozers de l’Etat. Cette maison, nous l’avons construite, il y a 16 ans. Nous avons fait les plans, nous y avons fait grandir nos huit enfants. Ce que l’on a mis tant d’années à construire s’est transformé en un tas de poussière, en une demi-heure…
Lph: Dans quel état d’esprit étiez-vous ces dernières semaines? Aviez-vous fait vos cartons ou avez-vous refusé jusqu’à la dernière minute l’idée que vous alliez devoir partir?
T.N.: Depuis plusieurs années maintenant, nous balancions entre l’espoir et la prière d’un côté et l’idée que nous ne pourrons pas empêcher l’évacuation de l’autre.
Sur le plan personnel, je ne me prépare jamais au pire, je veux juste prévoir le meilleur. Donc, nous n’avions rien emballé, nous avons espéré jusqu’au bout.
Lph: On a beaucoup parlé de la jeunesse d’Amona. Comment vos enfants ont-ils vécu ce déracinement?
T.N.: Mes enfants ont entre 19 et 5 ans et mon aînée est déjà mariée. Elle et son mari était d’ailleurs la deuxième génération de couples qui construisaient leur foyer à Amona. Depuis deux ans, nous en parlions beaucoup avec eux, nous ne leur avons rien caché. Il est vrai que les jeunes, les adolescents ne parviennent pas à aborder les choses avec du recul, à faire la part des choses. Mes enfants et les autres jeunes d’Amona, remontent sans arrêt sur la colline depuis l’expulsion.
Nous avons décidé de laisser nos enfants réagir comme ils le sentaient. Une de mes filles n’a pas voulu sortir d’elle-même de la maison, nous l’avons laissée être évacuée par les policiers.
Nos jeunes étaient très attachés au yishouv. Ils savent que nous, les adultes d’Amona, avons fait le maximum pour empêcher cette évacuation. Notre jeunesse est très en colère mais c’est une belle jeunesse avec des valeurs.
Lph: Avez-vous déjà une solution de logement durable?
T.N.: Non absolument pas. Nous n’avons rien prévu et rien n’a été prévu pour nous. Nous avons été emmenés après l’expulsion dans une midrasha d’Ofra. Nous logeons dans des chambres petites avec des lits superposés et le minimum sanitaire, on nous fournit également trois repas par jour. Nous ne savons pas du tout où nous irons par la suite.
Lph: Le gouvernement s’est engagé à vous reloger dans un nouveau yishouv. Vous n’y croyez pas?
T.N.: Le jour où nous ouvrirons le champagne pour l’inauguration de notre maison et que nous replanterons notre vigne, j’y croirai…
Lph: Qui tenez-vous pour responsable de votre situation?
T.N.: D’abord les associations de gauche qui, au lieu de se soucier de construire Israël, cherchent à le détruire. Ensuite la Cour Suprême qui suit des intérêts gauchistes, tournés contre les Juifs, uniquement, en particulier ceux qui vivent au-delà de la ligne verte. Nous sommes considérés comme des citoyens de zone D! C’est une véritable dictature!
Lph: Quel rôle les politiques ont-ils joué selon vous?
T.N.: Au premier ministre, au Likoud, à Bayit Hayehoudi, nous demandons: ”comment avez-vous pu laisser faire cela?!” Après nous avoir promis qu’ils pourraient nous sauver, ils auraient pu trouver une solution s’ils ne tenaient pas tant à leur siège!
Aujourd’hui nous n’avons plus rien… Nous avions de belles maisons, des vignes, une vie paradisiaque. Nous avons tout perdu du jour au lendemain…
Lph: Que ressentez-vous lorsque l’on vous dit que grâce à votre lutte, la loi de régularisation a pu être votée?
T.N.: Si, et ce n’est pas gagné, la loi passe le barrage de la Cour suprême, et entre en vigueur, alors, effectivement, ce sera pour moi une sorte de consolation.
Lph: Vous êtes-vous sentis soutenus par le peuple pendant cette épreuve?
T.N.: Et comment! C’est certainement la plus belle chose qui se soit produite ces derniers mois pour nous! Nous sommes tristes, en colère pour certains, brisés pour d’autres, mais nous avons reçu énormément d’amour du peuple. C’est une grande leçon et cela nous aide à nourrir notre rêve de revenir un jour à Amona!
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo à la une: Yaacov Ben Denoun
Propos-qui n’engage que moi- surement minoritaire,qui vient probablement d’un contexte occidental teinté de christianisme et qui correspond mal à la dureté des pratiques moyen-orientales:pourquoi détruire les maisons ,même si on ne peut plus les garder? Pourquoi faire cadeau d’un champ de ruines au lieu d’un beau jardin,pourquoi marquer jusque dans la restitution le désamour ( pour ne pas dire la haine,propos très banalisé dans LPH Info).Pourquoi ne pas dire “ancien voisin, différent de moi,mais très proche par ton humanité ,fais bon usage de ce qui m’a été enlevé par des lois que je trouve injustes, mais que l’on doit respecter”.
Je penseque de tels comportements feraient gagner beaucoup de temps pour cheminer vers la paix!
Cordialement, F.T