C’est dans ses nouveaux et magnifiques locaux situés en plein centre ville de Jérusalem que le nouveau “Hub de l’emploi”, créé par Qualita, a été inauguré lundi. Après un cocktail raffiné servi aux arrivants, les quelques cent-trente invités se sont installés dans les jardins du restaurant Beit Tycho rénové pour assister à la présentation détaillée de cette nouvelle Maison de l’emploi au service des olim francophones, nouveaux comme anciens.
Après une présentation filmée du Hub, de ses objectifs et de la nouvelle équipe de choc, c’est son directeur Eliaou Zenou qui a pris la parole en premier pour adresser la bienvenue à l’assistance et saluer les personnalités présentes. Parmi elles, le rav Samuel Sirat ancien grand rabbin de France, Avraham Nagossa, président de la commission parlementaire de l’Intégration et de l’Alya, Hagit Moshé et Meïr Tordjman, adjoints au maire de Jérusalem, de nombreux président(e)s d’associations qui oeuvrent dans le domaine de l’alya et de l’intégration, et last but not least Marc Eisenberg, concepteur et président de Qualita ainsi qu’Ariel Kandel, directeur-général de cette organisation faîtière.
Etaient excusés Nir Barkat, maire de Jérusalem, en voyage aux Etats-Unis ainsi que les ministres Sofa Landver (Intégration et Alya) et Eli Cohen (Economie), retenus au dernier moment pas leurs activités. Nir Barkat et Eli Cohen ont d’ailleurs adressé un message chaleureux aux organisateurs ainsi qu’à l’Alyah de France.
Avant de passer la parole aux orateurs suivants, Eliaou Zenou a insisté sur l’utilité d’un tel concept nouveau en expliquant que le problème majeur auquel se heurtent les olim francophones reste encore et toujours l’adaptation et l’intégration dans le monde du travail. Fort de son expérience de plusieurs années en France au service de l’alya dans le cadre de l’Agence juive, il a constaté que malgré la présence et le dévouement de nombreuses associations en Israël qui oeuvrent en ce domaine, l’emploi reste toujours le problème n°1 des olim arrivés en Israël et l’inquiétude principale des candidats à l’alya. Il a enfin insisté sur l’aspect révolutionnaire du concept du Hub, qui concentrera toutes les forces destinées à aider les olim dans ce domaine.
Après lui ce fut le tour de Marc Eisenberg, “père” de Qualita qui commença par rappeler que plus de vingt-mille olim sont arrivés de France durant les trois dernières années. Quelques soient les raisons de leur départ de France, une fois qu’ils sont en Israël, ils se heurtent tous aux mêmes problèmes, dont le plus important est la “parnassa”. Marc Eisenberg a d’abord salué l’action de l’Agence juive, des divers ministères concernés et de toutes les organisations qui agissent dans le domaine de l’alya et de l’intégration.
Mais il y a aussi le constat: il soulignait qu’entre 10% et 30% des olim, selon les évaluations, retournaient en France, et dans la plupart des cas, à cause des problèmes d’emploi. D’où son idée de créer une structure qui concentrera toutes les forces vives afin de réduire au minimum le nombre d’échecs de l’intégration. “Le travail, ce n’est pas uniquement l’argent mais aussi le ‘kavod’ et l’estime de soi du olé” insistait-il.
Marc Eisenberg rappelait aussi que la situation en France était précaire et qu’à tout moment elle pourrait se dégrader rapidement au point de créer une nouvelle alya de masse. “Il y a en France aujourd’hui 500.000 Juifs selon la halakha mais 1 million selon les critères de la loi du Retour”, soulignait-il, d’où l’obligation impérative de Qualita et toutes les organisations concernées de réussir dans leur mission. “Nous n’avons pas le choix”, insistait-il.
Le président de Qualita soulignait également le “retour d’investissement” extrêmement rentable pour l’Etat d’Israël dans son aide à l’alya et l’intégration: selon les chiffres officiels, un shekel investi dans un olé rapporte quinze shekels à l’Etat d’Israël au bout de dix ans!
Quant au Hub de l’emploi plus précisément Marc Eisenberg résumait l’importance et l’utilité de cette nouvelle structure: fournir en un seul endroit tous les outils aux olim pour s’intégrer dans le monde du travail en Israël: oulpans professionnels, bilans de compétence, orientation, formation et reconversions professionnelles, contacts entre demandeurs d’emploi et entreprises, aide dans les méandres de la bureaucratie, reconnaissance des diplômes, liens avec les preneurs de décisions etc.
Après avoir eu la délicatesse de nommer un à un les animateurs et animatrices du Hub, Marc Eisenberg, avec l’humour pince sans rire qui le caractérise, a défini les qualités requises pour la réussite du Hub: 1/3 de professionnalisme, 1/3 d’enthousiasme, 1/3 de connaissance du terrain….et 1/3 de patience!!
Il a conclu par ce qui sera probablement le gage de la réussite pour cette nouvelle structure à propos de laquelle d’aucuns seraient tentés de dire “encore une organisation de plus!”: le succès dépendra du “yahad”, de cet esprit d’équipe et de ce sentiment de mission commune qui doit animer toutes celles et ceux qui oeuvrent dans le domaine de l’alya et de l’intégration des olim de France.
Qualita et son Hub de l’emploi ne sont pas là pour remplacer ou faire de l’ombre, mais pour fédérer, faciliter, unir les forces au service de l’intégration et donc de l’Etat d’Israël “qui est notre maison à tous”, insistait Marc Eisenberg, idéaliste et réalisateur réunis en un seul homme. Le Hub de l’emploi ne sera l’apanage unique de Jérusalem, mais l’ambition de Marc Eisenberg est de créer des structures identiques dans des villes comme Tel-Aviv, Ashdod, Raanana, Netanya ou Haïfa.
Avant de quitter le micro, il fit entonner par l’assistance le célèbre chant scout “Ensemble, tout semble plus beau”.
C’est ensuite le député Avraham Nagossa qui prit la parole. Il exprima d’abord son affection particulière pour l’alya de France, et pour cela, il révéla à une assistance surprise qu’un lien historique puissant relie la judaïcité française à la communauté juive d’origine éthiopienne. C’est en effet un juif français, Yossef Halévy, émissaire de l’Alliance israélite universelle qui se rendit pour la première fois en Ethiopie en 1868 après des informations faisant état de l’existence d’une communauté juive locale. Le choc fut assuré: c’était la première fois qu’un occidental voyait des Juifs noirs…et la première fois aussi que les Juifs d’Ethiopie se trouvaient face à un Juif blanc! Et ce fut l’un de ses élèves. Jacques Faitlovitch, qui en 1904 mena une mission dans le Nord de l’Éthiopie et encouragea la formation d’une élite Beta Israël dans des institutions juives occidentales sympathisantes. Le rav Kook, grand rabbin de Palestine, les reconnut comme juifs en 1921.
Avraham Nagossa, en tant que président de la commission de l’Intégration et de l’Alya a félicité Marc Eisenberg pour son initiative et a promis de tout faire pour aider Qualita et les autres organisations dans leur parcours du combattant, notamment dans le domaine de la reconnaissance des diplômes des professions médicales et paramédicales. Issu d’une communauté qui a vécu et vit encore les difficultés de l’intégration, il a pourtant clos son intervention par une prière de remerciement à D.ieu pour avoir permis au peuple juif de revenir en Israël et à Jérusalem.
Après lui s’exprima Rebecca Boukhris, administratrice de la Fondation Adelis, dont l’intervention fut traduite par Myriam Leser, directrice-générale adjointe de Qualita. Cette Fondation soutient activement l’alya et l’intégration dans les domaines scientifiques et médicaux depuis sa création en 2001. Rebecca Boukhris a rappelé l’importance cruciale de l’alya et de l’intégration en faisant le constat élémentaire: l’Etat d’Israël, avant et après sa création, a été bâti par les immigrants, et ce phénomène est encore vrai aujourd’hui. L’alya et un objectif stratégique majeur pour Israël sur les plans économique, démographique, sécuritaire ainsi que pour les valeurs, a-t-elle rappelé avec raison.
Au nom de la municipalité de Jérusalem, l’adjointe au maire Hagit Moshé rappela elle aussi sa proximité avec l’alya francophone pour avoir été en contact dans sa jeunesse à Beer Sheva avec le regretté rav Paul Roitman z.l. dont le souvenir qui l’aura le plus marqué aura été son souci de toujours “faire chaque jour quelque chose pour l’Etat d’Israël”. Cette devise qu’elle a fait sienne depuis lors, Hagit Moshé tente de la mettre en pratique dans ses activités au sein de la municipalité de Jérusalem. Elle a remercié et félicité Marc Eisenberg et tous les acteurs de Qualita et du Hub de l’emploi, et a promis que la municipalité continuera avec plus d’ardeur encore à aider l’intégration des olim de France, “qui ont lien particulier avec Jérusalem” et “dont c’est la place naturelle”.
Le dernier intervenant fut le directeur-général de la Koupat Holim Meouh’edet, Zeev Wurmbrand, qui rappela lui-aussi le pourcentage d’échecs de l’intégration dû aux difficultés à trouver un emploi. Pour ce qui est des professions médicales, qui le concernent directement, il a insisté sur le manque cruel de personnel en médecins et infirmières dans la Koupat H’olim Meouh’edet, et annoncé qu’il est prêt à engager “demain matin” cinquante infirmières et encore plus de médecins pour peu que le problème des reconnaissances de diplômes soit résolu!
L’assistance a ensuite été invitée à retourner dans les locaux du Hub pour déguster les délicieux desserts mais aussi et surtout pour la cérémonie de la pose de la mezouza par le grand rabbin Samuel Sirat et du dévoilement de la plaque au nom de Qualita, par Marc Eisenberg.
Très belle et encourageante manifestation, que l’on peut conclure par un extrait de l’intervention de Marc : l’inauguration se dit en Ivrit “H’anouca”, qui a la même valeur numérique que “Mazal tov!”
Alors Mazal tov à Qualita et au Hub de l’emploi, Mazal tov dans ses deux acceptions: félicitations et bonne chance! Sans ego, sans basse politique, sans concurrence, mais uniquement dans un seul but: unir les forces vives afin de faire réussir l’alya de France, pour le bien de l’Etat d’Israël tout entier.
Photos Ephraïm Zenou et page FB de Qualita