Shouli Moualem a été l’une des révélations du parti Habayit Hayehoudi de Naftali Bennett. Aujourd’hui elle est chef de file des députés de son parti à la Knesset et joue un rôle très actif sur de nombreux terrains.
Elle nous livre ses analyses au lendemain de la victoire de Naftali Bennett lors des primaires pour la direction du parti.
Le P’tit Hebdo: Quel message Naftali Bennett a-t-il souhaité envoyer à ses électeurs en organisant maintenant des primaires?
Shouli Moualem: Cette décision d’organiser les primaires maintenant me semble justifiée. Il est vrai que la coalition gouvernementale est stable et qu’il n’y a pas d’élections en vue, mais nous devons mettre notre parti en ordre de marche pour les prochaines échéances, même si elles ne sont pas pour tout de suite. Nous voulons que les gens aient le temps de s’inscrire au sein de notre parti. Cette primaire était un premier round. Les inscriptions sont toujours ouvertes pour désigner, en temps voulu, la liste que nous présenterons aux prochaines élections.
Lph: Le fort taux d’abstention est-il inquiétant?
S.M.: Il est clair que la participation n’a pas été aussi forte que nous l’aurions souhaitée. Mais cela tient aussi au fait que justement aucune élection n’est en vue, donc les gens se sont moins mobilisés.
Lph: N’était-ce pas aussi lié au fait que l’on savait l’issue jouée d’avance?
S.M.: Naftali Bennett était, bien entendu, largement favori. Mais il était important pour nous qu’il l’emporte sur la base d’un suffrage exprimé par le maximum de militants. Cela nous montre que nous avons encore des choses à améliorer.
Lph: Yonathan Baransky et le Rav Itshak Zaga représentent-ils une vraie opposition au sein du parti?
S.M.: D’un point de vue démocratique, il était très important que l’élection se fasse entre plusieurs candidats et nous pouvons nous féliciter de cela. S’ils représentent une vraie voix, alors je les encourage à se joindre à l’action de notre parti dans la durée, pas uniquement à ce moment précis de son histoire.
Le monde sioniste religieux est un monde très nuancé, très hétérogène. Je pense que le public qui a voté, a réclamé une augmentation de notre influence partout. L’erreur, qui a été faite par l’un des candidats d’ailleurs, c’est de ne parler que des sujets religieux et nationalistes. Notre public veut avoir une influence sur tous les sujets.
Lph: Cette ouverture a pu aussi être reprochée à Naftali Bennett. Etes-vous en train de modifier le sens du sionisme religieux?
S.M.: C’est justement parce que nous sommes sûrs de ce que nous sommes que nous n’avons aucun problème à nous ouvrir. Notre ouverture est vers ceux qui ont une identité juive, religieuse et nationaliste, peu importe comment elle se traduit. Celui qui est contre le judaïsme ou l’identité juive n’a pas sa place chez nous. Nous serons un grand parti si nous ne renonçons pas à nos 2 piliers – identité juive et nationaliste – et si nous savons parler de tout au plus grand nombre de personnes qui partagent nos valeurs.
Lph: Vous parlez d’identité juive, pourtant parmi les militants du parti Habayit Hayehoudi se trouvent des Druzes. Naftali Bennett a même recueilli 100% des suffrages dans les villages druzes. Seraient-ils une partie du sionisme religieux?
S.M.: Le Mafdal puis Habayit Hayehoudi ont toujours œuvré pour rapprocher les Druzes et les Arabes israéliens. Ces populations voient en nous des garants d’une société conservatrice qui protège des valeurs auxquelles elles sont aussi attachées. Par ailleurs, les Druzes sont des sionistes convaincus pour la plupart. Ils sont nos partenaires dans la construction d’Israël comme un Etat juif. Ils ne sont pas des sionistes religieux au sens propre du terme mais leur vote se comprend et s’explique.
Lph: On a parfois eu aussi le sentiment que votre parti mettait de côté la branche plus »stricte » du sionisme religieux, les »hardalim ».
S.M.: Cela n’a pas de sens! Ces personnes ont leur place au sein de Bayit Hayehoudi. Le Rav Shilo ou le Rav Madan en sont des exemples criants. Cette affirmation est une tentative de nous diviser politiquement. Tout n’est pas parfait mais nous nous battons pour les mêmes combats. Par exemple, je me suis investie de toutes mes forces contre la mixité au service militaire et ce n’est qu’une illustration de cette convergence de nos intérêts.
Lph: Naftali Bennett ne cache pas son ambition d’être premier ministre. Habayit Hayehoudi qui gouverne l’Etat, cela vous parait-il réaliste?
S.M.: Naftali Bennett est naturellement le meilleur candidat pour remplacer Binyamin Netanyahou le jour où il aura décidé de se retirer. Notre ambition est effectivement d’être le plus influent possible. Regardez ce que nous faisons déjà avec seulement 8 mandats. Oui, l’objectif c’est de diriger le pays.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo by Miriam Alster/FLASH90
Bonne chance à Bayit Hayehoudi et à Naftali Bennett, car ils représentent le peuple, la terre et la Tora d’Israël