Le ministre de la Défense, si critique envers la politique du gouvernement face au Hamas lorsqu’il était dans l’opposition, a tenu des propos quelque peu étranges concernant les dépouilles des deux soldats retenues par le Hamas depuis trois ans.
Avigdor Lieberman a évoqué les critiques émises par les familles Goldin et Shaoul qui accusent le gouvernement de ne pas exercer de pressions assez fortes sur le Hamas. Il a d’abord remercié le général (rés.) Lior Lotan, émissaire du Premier ministre pour les soldats disparus ou prisonniers, qui a démissionné de ses fonctions, puis il a répondu aux familles de Hadar Goldin hy »d et Oron Shaoul hy »d: « J’accepte avec compréhension et affection les griefs émis par ces deux familles et je tiens à leur dire que je suis personnellement engagé à faire revenir le plus vite possible la dépouille de leur fils, retenue à Gaza en violation du droit international. Il s’agit d’une obligation morale de plus haut niveau, face aux familles, à Tsahal et à l’Etat d’Israël ».
Puis vint un passage plus problématique: « Nous ne devons en aucun cas réitérer le cas Shalit où nous avons libéré 1.027 terroristes, parmi lesquels des assassins et leurs commanditaires, parmi eux Yahia Sinwar, devenu aujourd’hui chef du Hamas à Gaza et qui nous impose des exigences très dures en échange de la restitution de nos deux soldats. Ces exigences ne nous permettent pas d’avancer en direction d’une quelconque transaction« .
Cette dernière phrase est un aveu clair de la situation dans laquelle le gouvernement israélien s’est une nouvelle fois laissé entraîné, où c’est une organisation terroriste, le Hamas, qui dicte ses conditions et mène le jeu! Depuis le début, les familles Goldin et Shaoul dénoncent avec raison le fait qu’Israël n’utilise pas tous les leviers qui sont à sa disposition afin de faire plier le Hamas.
Le ministre de la Défense a poursuivi en demandant au futur successeur de Lior Lotan de mettre en application le Rapport Shamgar qui fixe les limites claires dans le cas de négociations pour la restitution de soldats ou civils, vivant ou morts.
« Il faut être ferme face à nos ennemis et leur faire comprendre que nous n’avons pas l’intention de céder sur la sécurité d’Israël », a conclu Avigdor Lieberman. Belle déclaration certes, mais qui n’aura aucun impact sur le Hamas qui a le temps devant lui et se rend compte qu’Israël continuera à faire traverser quotidiennement des centaines de camions emplis d’aide humanitaire ou d’accueillir des milliers de malades de Gaza dans les hôpitaux israéliens.
Etranges propos résignés pour celui qui promettait l’an passé que s’il devenait ministre de la Défense, Ismaïl Hanyeh (ancien chef du Hamas à Gaza) serait éliminé dans les 48 heures…
Photo Yonatan Sindel / Flash 90