Médecin spécialisé en virologie et maladies infectieuses
La recherche biomédicale est le reflet de la créativité de l’homme, et celui-ci ne doit pas en avoir peur. Cette recherche biomédicale conduite chez l’homme ou l’animal ne doit en aucun cas être limitée mais encadrée. Ce cadre doit être régi par des règles morales et religieuses et depuis la déclaration d’Helsinki en 1964, il est obligatoire que toute recherche obtienne l’accord d’un comité d’éthique pluridisciplinaire permettant d’évaluer les risques et les bénéfices pour l’être humain. Cette recherche doit être conduite par des personnes ayant acquis une éducation, une formation et des qualifications appropriées en éthique et en sciences. La principale limite à cette recherche réside dans la non application de ces règles d’éthique qui peuvent alors conduire à des dérives excessives et incontrôlées. N’oublions jamais l’histoire tragique orchestrée par l’Allemagne nazie lors de la Seconde guerre mondiale qui a malheureusement expérimenté cette recherche biomédicale sans aucune limite ni éthique mais avec cruauté sans respect de l’être humain. La recherche biomédicale se doit d’être au service de l’homme, pour son bien.
Menahem Akerman
Merkaz Yaïr Manitou et Mah’on Lev
Je crois que l’enseignement de Maran Harav Kook zatsal dans le premier chapitre d’Orot Hatechouva est à même de nous éclairer sur cette question : la médecine fait partie du processus global de la techouva. Elle est la techouva corporelle de l’homme puisque la maladie prévient l’homme de ses défaillances physiques, morales (psychosomatiques) ou spirituelles (« si tu écoutes les préceptes que Je t’ordonne, Je ne mettrai pas sur toi toutes les maladies que J’ai mises sur l’Égypte car Je suis Hachem qui te Guérit » ex.) et du coup lui permet de les réparer par la médecine. Le Rav fait remarquer, avec une vision de précurseur, que les limites des capacités de la médecine sont loin d’être atteintes, mais que la condition est le lien et la reconnaissance du domaine de la techouva morale (liée à la psychologie qui elle-même doit s’intégrer dans le projet de la kedoucha !) et de la techouva spirituelle dont parle la Thora. Les Rabanim ne sont donc pas là pour être simplement les senseurs de l’éthique médicale mais plus que cela, le temps est arrivé de créer un véritable dialogue et essai d’harmonie entre Thora et médecine. D’ailleurs les grands Rabanim d’Israël racontent combien ils sont interpellés par le nombre incroyable de questions d’éthique médicale qui leurs sont adressées du monde entier !
Médecin membre de l’Unité Internationale du Maguen David Adom France
Médecin du Service d’Aval des Urgences Hôpital de Seine Saint Denis
La recherche médicale progresse et avec elle notre espérance de vie. Grâce à l’immense avancée des connaissances et l’évolution des techniques ces dernières décennies la perspective de vivre de plus en plus vieux et de mieux en mieux. Cette évolution nous renvoie à ses limites et à ses dangers. De grandes avancées scientifiques démontrent que le débat se situe au-delà des effets sur la santé mais aussi autour des risques pour l’environnement, de l’imbrication de la recherche et du monde financier mais surtout pour ses enjeux éthiques. Notre histoire est pleine de rebondissements et de détournement des découvertes à des fins criminelles et parfois barbares. Le besoin de savoir, la nécessité de comprendre nous permettent aujourd’hui de développer une connaissance quasi illimitée, mais doit-on avancer dans cette recherche sans porter atteinte au sujet et à notre société ? Nous nous devons de réfléchir aujourd’hui et pour demain sur les enjeux de cette recherche, définir des limites par le législateur, pour que nos patients soient au centre de toutes nos considérations. Le devoir du chercheur et du médecin est de promouvoir et de sauvegarder la santé, le bien-être et les droits de nos patients. La recherche médicale doit être soumise à des normes éthiques qui assurent le respect des êtres humains et ainsi protéger leur santé et leur dignité.
Dr Gilles Morali
Gastroentérologue
La réponse est clairement positive. La science n’est en soi ni bonne ni mauvaise, tout dépend de l’utilisation qu’on en fera. Un exemple classique est le problème du choix du sexe de l’embryon. Certaines maladies ne sont transmises que par les garçons. On peut savoir, après la fécondation, quel est le sexe de l’embryon. Si c’est un garçon et qu’il risque d’être porteur du gène pathologique entraînant une grave maladie, on a le droit de l’éliminer. En éthique médicale, ceci est considéré comme un acte positif. Si en revanche on décide d’éliminer un garçon parce qu’on désire une fille, il s’agit d’un meurtre. Nous avons utilisé la même technologie dans les deux cas, mais avec des conséquences éthiques opposées. Il est donc absolument nécessaire d’encadrer la recherche et la pratique médicales par l’éthique (de préférence juive).