Tsahal a publié ce soir (jeudi), les conclusions de son enquête relative à la tragédie lors de laquelle trois otages israéliens – Yotam Haïm, Samar Al Talalke et Alon Shemriz, z’l, – ont été tués par erreur par des soldats.
Le récit qui est fait des journées qui ont précédé ce drame et le déroulé du drame en lui-même mettent en lumière la bravoure de ces trois otages qui auront fait tout ce qui était en leur pouvoir pour échapper au Hamas et faire comprendre aux soldats qui ils étaient.
Un papier avec l’inscription »Au secours »
Selon l’enquête de Tsahal, les trois otages étaient retenus dans un tunnel dans la zone de Shuja’iyya. Cinq jours avant le drame, les forces israéliennes ont trouvé sur le terrain un papier à la sortie d’un tunnel avec l’inscription »Au secours », en hébreu.
Il a été transmis pour analyse, or aucune indication n’a permis de le relier à la présence d’otages dans la zone. De plus, à côté du papier, les soldats ont trouvé la carte d’identité d’un terroriste du Hamas.

Les trois otages ont ensuite été sortis du souterrain et transférer dans un bâtiment. Là, les forces de Golani ont mené une opération pour repérer des terroristes et des armes. Elles sont entrées dans le bâtiment et ont envoyé un chien de l’unité Oketz explorer l’intérieur. Un combat a alors eu lieu pendant lequel les terroristes ont tiré sur le chien et sur les soldats. Ces derniers ont répliqué et les terroristes ont été éliminés.
Pendant ce combat, les officiers sur place ont entendu dans le bâtiment des cris en hébreu: »Au secours » et »otages ». Mais ils étaient persuadés qu’il s’agissait d’un piège du Hamas, comme cela s’était déjà produit. Le bâtiment a été déclaré piégé et aucun soldat n’y est entré.
La caméra du chien, retrouvée après le drame, a capté les voix des otages qui disaient: »Nous sommes dans les escaliers, à côté des escaliers ». C’est à ce moment de la vidéo que les coups de feu ont commencé et que le chien a été tué.
A la fin de leur mission, les combattants ont indiqué à l’aviation le bâtiment, considéré comme piégé, et l’étage supérieur a été bombardé. Cinq terroristes ont été tués. Les otages n’ont pas été touchés et ont réussi à s’enfuir.
Seuls dans Shuja’iyya
Dans ce que l’armée qualifie »d’acte de bravoure », les trois otages ont survécu pendant cinq jours dans Shuja’iyya, passant de bâtiment en bâtiment.
Le 14 décembre, soit la veille du drame, des drones israéliens ont filmé des pancartes avec écrit dessus: »SOS », »Au secours », »3 otages ». Mais celles-ci se trouvaient à proximité d’un bâtiment piégé et là encore, l’armée s’est méfiée.
Le 15 décembre, les trois otages décident de sortir du bâtiment, torses-nus et en brandissant un drapeau blanc. Le soldat qui les a repérés se trouvait dans un angle où son champ de vision était limité. Au bout de 20 secondes, il a ouvert le feu. Alon et Samar ont été tués, Yotam s’est enfui dans le bâtiment.
»Arrêtez de tirer! »
Alors que les forces sur place sont persuadées que deux terroristes viennent d’être éliminés, l’officier donne l’ordre d’arrêter de tirer, pensant qu’un troisième terroriste s’est enfui.
Au bout de 15 minutes, l’officier entend des appels en hébreu: »Au secours », »On me tire dessus ». Il ordonne de ne pas tirer et crie en hébreu: »Sors vers moi ». Yotam sort du bâtiment. Deux combattants qui n’avaient pas entendu l’ordre de leur officier en raison du bruit d’un tank à proximité ont ouvert le feu et ont tué le troisième otage.
Lors des examens sur le terrain après l’incident, les soldats ont compris qu’il s’agissait peut-être d’otages israéliens. Les corps ont été transférés en Israël et il a été confirmé qu’il s’agissait malheureusement de trois otages.
Selon l’enquête, le commandement de Tsahal n’avait en sa possession aucune indication qui lui permettait de soupçonner que des otages se trouvaient à cet endroit et donc de corroborer les inscriptions et messages d’appels au secours.
Tsahal reconnait que les combattants n’avaient pas été préparés à l’éventualité de se retrouver face à des otages qui sortiraient vers eux.
Le Chef d’Etat-major, Herzi Halevy, a conclu que le drame aurait pu être évité mais a précisé que les combattants avaient agi correctement en fonction de leur compréhension de la situation à ce moment précis. »Le résultat est dramatique. Tsahal a échoué dans sa mission de sauvetage des otages, dans ce cas », a reconnu Halevy. »Les tirs sur les otages n’auraient pas dû être effectués, ils n’étaient pas adapatés à la dangerosité de la situation. Mais il faut souligner qu’ils ont été effectués dans des conditions complexes, dans un contexte de combats intensifs, sous une menace permanente. Les consignes d’ouverture du feu sont fondamentales, elles sont destinées à nous protéger, aussi pour ne pas que l’on s’entretue. Elles sont la base et influencent des décisions cruciales, comme nous l’avons vu ici ».