Pessah est plus qu’une simple fête, Elle prend non seulement une place dans le temps et dans l’espace mais aussi et surtout dans la tête. C’est vraiment un événement qui se vit dès le lendemain de Pourim, par toute la famille. Non, tout le monde ne travaille pas autant, mais chacun perçoit la tension du compte à rebours, même ceux, les plus nombreux, qui se sentent un peu coupables de n’avoir pas trop forcé. Heureusement que le soir du seder, l’histoire de notre sortie d’Egypte efface le souvenir épuisant et traumatisant de la chasse au h’amets.
Le récit détaillé de cette libération, qui pourrait avoir l’air si lointaine, est essentiel, surtout à notre époque. En effet, jamais le peuple juif n’a été si près d’atteindre cette indépendance. Nous pouvons le dire aujourd’hui, au moins pour ce pessah 5778 : tous les signes de la gueoula sont là. Nous rêvions de sortir d’Egypte, de quitter l’esclavage de la galout, de finir la traversée du désert, de nous retrouver enfin ensemble, sur notre terre, comme un peuple …Eh bien nous y sommes ! Nous avons prié pour devenir forts, pouvoir nous défendre, atteindre nos ennemis là où ils sont n’importe où dans le monde, …c’est fait ! Nous voulions au moins être aimés, nous sommes à la fois admirés et courtisés par les nations. Et si ce n’était pas suffisant, nous sommes devenus un Etat prospère et florissant, parmi les premières puissances économiques mondiales, détenant des ressources naturelles comme le gaz, exportateur de matière grise que tout le monde s’arrache, et enfin une puissance militaire désignée comme une référence mondiale. Nous avons même osé croire, étant revenus à la maison, vivant au rythme du shabbat et des fêtes, que l’on pourrait s’entendre entre nous. Alors là, c’est plus compliqué ! Oui, il faut l’avouer, au niveau de l’unité au sein du peuple, nous ne sommes pas complètement sortis d’Egypte. La gauche en veut à la droite, les pratiquants aux non pratiquants, les séfarades aux ashkénazes… Cette guerre des camps va dans tous les sens, personne n’est épargné, malheureusement. Seules les guerres, hélas, nous réunissent au-delà de tous nos clivages.
C’est la raison pour laquelle Manitou zal disait : ‘’On ne fête pas quelque chose qui a été résolu.’’ Pessah reste encore, malgré toutes nos avancées sur le terrain, un combat à mener, pour mériter cette liberté. Et si on sortait enfin de cet esprit de galout, qui reste encore tant ancré dans nos gestes et dans nos pensées ?
On va croquer à pleines dents notre Matsa avec le Maror du souvenir encore bien présent. On va boire aussi, quatre verres et plus, à la santé de ce peuple juif qui parfois dévie de sa route, mais qui vit un miracle permanent, de par son retour sur sa terre.
H’ag Pessah’ Cacher ve Sameah’!