Question :
Cher Rav, pourriez-vous me détailler les coutumes en vigueur pendant la période du Omer, concernant la récitation de la bénédiction Chééh’iyanou sur un nouveau fruit ou sur un habit neuf ?
Réponse:
Il est important de noter que ce qui pourrait faire problème durant la période du Omer, ce n’est pas tant la consommation d’un nouveau fruit ou le port d’un habit neuf, que la récitation de la bénédiction que cela implique. En effet par cette bénédiction nous remercions D. de nous avoir permis de « vivre, de subsister et de parvenir à ce moment-là ». Or, cette phrase pourrait être très malvenue lorsque « ce moment-là » est celui qui a vu la disparition tragique des douze mille disciples de Rabbi Akiva. C’est pourquoi certains décisionnaires (Léket Yocher page 97, Eliahou Zouta chap. 493 § 1) ont recommandé d’éviter de consommer un nouveau fruit et de porter un nouvel habit durant cette période, et ce, afin de ne pas avoir à réciter la bénédiction Chéé’hiyanou.
Cependant, de nombreux autres décisionnaires (Michna Béroura chap. 493 § 2, Caf Ha’haïm chap. 493 § 4, Yabia Omer tome 3 chap. 26, Or Letsion tome 3 chap. 17 § 2) sont d’un avis contraire et autorisent la récitation de cette bénédiction durant toute la période du Omer. Selon eux, la position des décisionnaires précités l’ayant interdite provient d’un amalgame injustifié qu’ils ont opéré entre les lois concernant la bénédiction de Chéhé’hiyanou durant la période de Bein Hamétsarim (les trois semaines de deuil relatif à la destruction du Beth Hamikdach) et celles en vigueur durant la période du Omer.
En effet, il existe une différence de taille entre ces deux périodes. Tandis que la période de Bein Hamètsarim est toute entièrement marquée au sceau du châtiment, du deuil et de la tristesse, en raison, entre autres choses, de la destruction des deux Beth Hamikdach dont elle fût le cadre, il en va tout autrement pour la période du Omer, qui, contrairement à la précédente, est essentiellement une période de joie durant laquelle nous nous préparons au don de la Thora. Période joyeuse au point que le Ramban assimile les jours qui la composent, et séparent les deux fêtes fondatrices que sont Pessa’h et Chavouot, à des jours de ‘Hol Hamoed. Le fait que par un concours de circonstances, ne devant certes rien au hasard, les élèves de Rabbi Akiva décédèrent durant cette période ne suffit pas à la transformer en une période malheureuse au point d’interdire la récitation de Chéhé’hiyanou.
Enfin, certains décisionnaires ont adopté à ce sujet une position intermédiaire, en autorisant la récitation de Chéhé’hyanou sur de nouveaux fruits, mais non sur de nouveaux vêtements, et ce, en arguant du fait que le port d’un nouveau vêtement est plus de nature à réjouir l’individu que la consommation d’un nouveau fruit. Telle était par exemple la coutume en vigueur à Bagdad. C’est dans ce sens que le Rav Ovadia Yossef zatsal semble s’exprimer lorsqu’il tranche qu’il n’y a aucun problème à réciter la bénédiction de Chéhéhiyanou sur de nouveaux fruits, alors que concernant le port de nouveaux vêtements, il conclut ses propos sur les mots « celui qui se montre plus rigoureux sera digne de bénédictions ».
En tout état de cause, il me semble important de préciser que la quasi-majorité des décisionnaires s’accordent à autoriser la récitation de cette bénédiction aussi bien sur un nouveau fruit que sur un nouveau vêtement lorsqu’il s’agit ainsi d’honorer le Chabbat et les jours de fête ponctuant cette période.
Concernant les petits enfants en âge d’être éduqués à la pratique des Mitsvot (environ 6 ans) mais qui sont cependant incapables de distinguer ce que les jours de cette période ont de particulier par rapport aux autres jours de l’année, ce qu’ils sauront faire vers l’âge de 9 ans, il sera autorisé de les laisser réciter Chééh’iyanou sur un nouveau fruit ou un nouvel habit.
Dans des cas de grande nécessité (par exemple, si les vêtements d’une personne se sont déchirés et sont devenus immettables et qu’elle n’en dispose pas d’autres), l’on sera autorisé selon l’ensemble des décisionnaires à porter des nouveaux vêtements en récitant la bénédiction Chéhé’hiyanou.
Rav Azriel Cohen Arazi
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