Question :
Cher Rav, dans le nouvel appartement dans lequel je dois emménager sous peu, les pièces sont hautes de plafond et les portes elles aussi plus hautes que la moyenne. À quelle hauteur dois-je fixer mes Mézouzot?
Réponse:
La Halakha stipule que de manière générale la Mézouza doit, a priori, être placée de telle sorte que son extrémité inférieure coïncide avec le début du tiers supérieur de la porte. Ainsi, si le montant d’une porte mesure 2,20 m de hauteur, il faut veiller à ce que la base de la Mézouza soit située à une hauteur de 1,47m à partir du sol. Si elle est fixée plus haut, l’on est quitte a posteriori, tout en sachant que telle n’est pas sa position idéale (Cf. Choulh’an Aroulh Yoré Déa chap. 289 § 2 ).
À présent, et pour en venir à votre question, qu’en est-il d’une porte d’une hauteur supérieure à la hauteur standard? Imaginons le cas d’une porte mesurant 4m de hauteur et que nous prendrons comme exemple tout au long du développement qui suit. Si l’on s’en tient à la règle énoncée précédemment, il conviendrait donc de fixer la Mézouza à une hauteur de 2,67m. Cependant, placée à une telle hauteur, la Mézouza serait hors de la vue de la personne qui franchirait le seuil de la porte. C’est en prenant en compte cette dernière donnée que le Talmoud Yérouchalmi stipule que même dans le cas d’une porte d’une hauteur supérieure à la normale, il convient de placer la Mézouza à hauteur de l’épaule de la moyenne des gens, à savoir à environ 1,40m à partir du sol.
Cependant, il est important de noter que nombre de décisionnaires n’ont pas retenu, et même pour certains pas rapporté cette opinion du Yérouchalmi. Dans notre cas, ils sont d’avis qu’il convient de fixer la Mézouza à une hauteur de 2,67m, sous peine de ne pas être quitte de son obligation si on la fixait plus bas, par exemple à la hauteur de 1,40m préconisée par le Yérouchalmi.
Dès lors, comment agir en pratique? Dans le doute, et afin de s’acquitter au mieux de la Mitsva de la Mézouza, il convient de suivre la recommandation des décisionnaires s’opposant au Yérouchami et de la fixer à une hauteur de 2,67m à partir du sol. En effet, de deux choses l’une: soit c’est l’opinion de ces décisionnaires-là qui doit être retenue, et en ce cas vous serez quitte, a priori, de l’obligation de la Mézouza ; soit c’est l’opinion du Yérouchalmi qui doit l’être, et en ce cas vous serez malgré tout quitte à posteriori de votre obligation. En effet, s’il est vrai que le Yérouchalmi stipule qu’il est nécessaire a priori de fixer la Mézouza dans tous les cas à hauteur d’épaule, il reconnait cependant que l’on est quitte a posteriori de son obligation même si elle a été placée plus haut. Par contre, si vous la fixiez à 1,40m ainsi que le Yérouchalmi le préconise, vous ne seriez pas du tout quitte de votre obligation s’il s’avérait que c’est l’opinion des décisionnaires s’opposant à lui qui l’emporte.
Afin de s’acquitter de l’obligation de la Mézouza en conformité avec l’ensemble des opinions, le Mikdach Méat (§ 11) propose une solution ingénieuse bien que pas forcément heureuse esthétiquement parlant: elle consiste à installer entre les deux montants de la porte un linteau à une hauteur par exemple de 2,20m. Celui-ci constituant la nouvelle limite supérieure de la porte servant désormais de référence pour le calcul de la hauteur requise, il sera dès lors possible de traiter cette porte comme si elle était de hauteur normale et d’y apposer la Mézouza à 1,47m du sol.
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Rav Azriel Cohen-Arazi