Question :
Cher Rav, J’avais jusqu’à présent l’habitude de prier la Amida en la lisant à livre ouvert dans mon Sidour. Or, je me suis rendu compte que je priais avec beaucoup plus de ferveur en la récitant par cœur les yeux fermés. Ai-je dorénavant le droit de prier de cette nouvelle manière ? D’autre part, suis-je autorisé à réciter la Amida à voix suffisamment haute pour que j’entende les mots que je prononce tout en veillant cependant à ne pas déranger les autres fidèles alentour ?
Réponse :
Concernant la première partie de votre question, les décisionnaires (cf. Michna Broura chap. 93 § 2 et Kaf Ha’hayim chap. 92) stipulent que ces deux options – lire le Chémoné Essré dans un Sidour ou le réciter par cœur les yeux fermés – existent et se valent. C’est donc à vous qu’il appartient de savoir laquelle de ces manières vous permet de prier avec le plus de concentration et de ferveur.
Concernant la seconde partie de votre question, il est notoire que la Amida est aussi dénommée « Téphila BéLa’hach (Prière silencieuse) » ce qui laisse entendre qu’elle se doit d’être murmurée et non pas récitée à haute voix. D’où le sait-on ? De la prière de ‘Hanna à propos de laquelle il est dit (I Sam. 1 : 13) : « ‘Hanna parlait en elle-même, ses lèvres murmuraient, mais sa voix restait inaudible. » Cependant le Choul’han Aroukh (Ora’h Hayim chap. 101 § 2) stipule que la personne qui récite la Amida doit tout au moins entendre elle-même les mots qu’elle prononce. Il poursuit cependant en affirmant que si cette personne ne parvient pas à se concentrer lorsqu’elle récite la Amida à voix basse, elle aura le droit d’élever la voix à deux conditions : d’une part, que ce soit lorsqu’elle prie en privé, et ce afin de ne déranger personne ; et d’autre part sans en venir à crier, car telle était la coutume des idolâtres lorsqu’ils suppliaient leurs idoles (cf. Michna Béroura chap. 101 § 6).
Il ressort des propos du Choul’han Aroukh qui précèdent que ce n’est que si vous ne parvenez pas à vous concentrer lorsque vous récitez la Amida à basse voix qu’il vous sera permis d’élever la voix, et ce à condition de bien veiller à ne déranger personne.
Je me permets à présent de soulever un problème que votre question n’inclue pas : qu’en est-il d’une personne qui parvient à se concentrer lorsqu’elle récite la Amida à voix basse, mais pas aussi bien que si elle la récitait à haute voix ? Sera-t-elle autorisée ou pas à la réciter à haute voix afin de parvenir à un bien meilleur niveau de concentration ?
A ce sujet les décisionnaires sont partagés. Selon le Taz (chap. 101) elle sera autorisée à le faire, car il est d’avis que ce cas est assimilable à celui d’une personne qui ne parvient pas du tout à se concentrer lorsqu’elle récite la Amida à voix basse. Le Michna Broura (Béour Halakha chap. 101 § 2 entête « Véim éno yakhol ») s’inscrit en faux contre cette dernière opinion et est au contraire d’avis que cela lui sera strictement interdit. Il fonde, entre autres arguments, sa position sur un enseignement du Zohar selon lequel celui qui dans l’En bas récite la Amida suffisamment fort qu’elle soit entendue par son voisin de prière peut être certain qu’elle ne sera pas entendue dans l’En haut.
Rav Azriel Cohen Arazi
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