Question :
Cher Rav, suis-je autorisée à faire mes révisions du bac pendant Chabbat ?
Réponse :
Votre question comporte trois volets que je traiterai ici successivement :
- Le premier volet concerne le fait de lire ou d’étudier pendant Chabbat des livres à contenu profane. Les Richonim sont partagés à ce propos. Tandis que le Rambam stipule qu’il est interdit de lire pendant Chabbat des livres autres que ceux traitant de Thora, d’autres décisionnaires, tel par exemple le Rachba, sont d’avis qu’il est aussi permis de lire en ce jour des livres à contenu scientifique. Bien que le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Hayim chap. 307 § 17) rapporte ces deux opinions, la manière dont il s’exprime laisse à penser qu’il souhaite trancher dans le sens du Rambam et donc qu’il interdit durant Chabbat toute lecture qui ne soit pas directement en rapport avec la Thora.
- C’est dans un sens identique que s’expriment nombre de décisionnaires séfarades (cf. entre autres Or Létsion tome 2, chap.25, § 6 et Ménouh’at Ahava tome 1, chap.10).
- Il est cependant à noter que le Rav Ovadia Yossef zatsa »l autorise, en cas de nécessité, la lecture pendant Chabbat de livres à contenu scientifique (cf.Halikhot Olam tome 3, p. 172).
Les décisionnaires ashkénazes sont, de leur côté, moins intransigeants, et autorisent la lecture pendant Chabbat de ce type de livres, bien qu’ils précisent que toute personne habitée par la crainte de D. évitera de s’y livrer (cf. Michna Béroura (§ 65) sur Ora’h Hayim ibid.).
- Le second volet concerne le fait de se livrer pendant Chabbat à un acte de préparation au bénéfice d’un jour de semaine, et dans votre cas le fait de préparer pendant Chabbat un examen qui se déroulera un jour de ‘hol. Il est nécessaire ici de distinguer entre un examen portant sur une matière Kodech et un examen portant sur une matière scientifique. Dans le premier cas il est clair que la révision pendant Chabbat d’une matière toranique ne saurait être considérée comme un acte de préparation au seul bénéfice d’un jour de semaine dès lors que l’étude de la Thora que cette révision implique est une Mitsva qui s’impose le jour de Chabbat lui-même. Par contre, s’il s’agit d’un examen portant sur une matière scientifique, les choses sont plus complexes. Ainsi, le Chémirat Chabat Kéhilkhéta stipule qu’un étudiant est autorisé à réviser pendant Chabbat une matière scientifique à condition que son intention soit aussi de s’instruire et pas uniquement d’être fin prêt pour l’examen. Le Rav Chmouel Oyerbakh zatsal pour sa part (cf. Or’hot Chabbat tome 2, chap.22, § 139 et 40) ne fait pas cette distinction en arguant du fait que généralement une personne qui révise un examen a aussi pour intention de s’instruire. Quoi qu’il en soit, précise le Sefer ‘Hassidim, il est recommandé à l’étudiant de ne pas déclarer explicitement qu’il étudie pendant Chabbat afin de préparer son examen.
Notez que tout ce qui précède ne concerne que les matières proprement scientifiques (maths, physique, chimie et biologie) à l’exclusion de toute autre.
- Le troisième volet n’a pas directement trait à la Halakha et relève plus de la Hachkafa. Vous savez sans doute que dans la vie, toutes les réussites auxquelles aspire l’homme, y compris la réussite aux examens, sont entre les mains de D., lequel exige de lui pour qu’il les lui accorde, qu’il fournisse sa part d’efforts, Hichtadlout en hébreu. Encore faut-il que cette Hichtadlout soit le plus possible conforme à Sa volonté. Si elle ne l’est pas, il ne peut grâce à elle espérer obtenir de D. la réussite qu’il appelle de ses vœux. C’est pourquoi, au-delà de l’aspect purement halakhique de votre question, et avant de décider, à la lumière des éléments dont vous êtes à présent en possession, de réviser ou pas votre bac pendant Chabbat, posez-vous en toute sincérité la question : est-ce que ce faisant je me conforme ou pas à la volonté de mon Créateur ?
Béatsla’ha!
Rav Azriel Cohen Arazi
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