Cher Rav, j’ai plusieurs questions à vous poser au sujet du Kriat Chéma Al Hamita.
Question :
Doit-on réciter la bénédiction de Hamapil, par laquelle nous remercions D. de nous accorder le sommeil, en faisant mention de Son nom ?
Réponse :
Tout dépend de l’heure à laquelle on va dormir. Si c’est avant H’atsot (la mi-nuit calculée en heures saisonnières), les décisionnaires dans leur grande majorité sont d’avis qu’il faut réciter cette bénédiction en y mentionnant le nom de D. Si c’est après H’atsot, ils sont partagés. Certains d’entre eux (le Ben Ich H’aï, le Kaf Hah’ayim et d’autres) pensent qu’en ce cas il faut réciter la bénédiction sans faire mention du nom de D., tandis que d’autres (le Chaaré Téchouva au nom du H’ida) sont d’un avis contraire. Le Rav Ovadia Yossef zatsa”l (Chout Yéh’avé Daat Tome 4, chap.21) tranche le différend en s’appuyant sur le principe voulant qu’en cas de doute quant au bien-fondé de la récitation d’une bénédiction comportant le nom de D., mieux vaut s’abstenir. C’est pourquoi il recommande à la personne allant dormir après H’atsot de réciter la bénédiction de Hamapil sans prononcer le nom de D., mais en se le disant intérieurement.
Il est à noter que certains ont l’usage de ne pas du tout réciter cette bénédiction en y intégrant le nom de D. même lorsqu’ils vont dormir avant H’atsot en arguant du fait qu’il y a un risque qu’ils ne parviennent pas à s’endormir, auquel cas disent-ils, la bénédiction aurait été prononcée en vain. Cependant, la plupart des décisionnaires réfutent cet argument en faisant prévaloir que même en cas d’insomnie ponctuelle la bénédiction n’aura pas été dite en vain dès lors que lorsque nous la prononçons notre intention est de remercier D. pour le sommeil réparateur qu’il nous accorde habituellement.
Question :
Doit-on réciter les trois paragraphes du Chéma ou peut-on se contenter du premier ?
Réponse :
Le Choulh’an Aroukh (Orah’Hayim chap. 239 § 1) stipule que l’obligation minimale est de réciter le 1er paragraphe. Toutefois certains préfèrent réciter les 3 paragraphes. Ceci d’ailleurs s’avère impératif dans le cas où l’on a prié l’office du soir avant la tombée de la nuit, et donc récité le Chéma du soir avant l’heure prescrite. Ainsi, la lecture intégrale du Chéma lorsque l’on ira dormir nous permettra de nous acquitter de l’obligation de faire mention de la sortie d’Égypte durant la nuit, évènement auquel le 3ème paragraphe fait référence.
Question :
Peut-on réciter le Chéma et la bénédiction de Hamapil en position allongée ou doit-on s’asseoir ?
Réponse :
Le Michna Béroura (ib. chap. 239 §, 6) indique d’une part qu’il est possible de réciter ces textes en position allongée, mais rapporte d’autre part d’autres opinions plus strictes qui exigent qu’ils soient récités en position debout ou tout au moins assise. Dans la mesure où d’autres décisionnaires importants, tels le Yéssod Véchorech Aavoda et le Kaf Hah’ayim vont dans le même sens, je ne peux que vous conseiller, afin d’être en règle avec toutes les opinions, de vous efforcer de les lire, si vous en avez la possibilité, en position debout ou assise.
Question :
Est-il permis de parler après l’avoir récité ?
Réponse :
Le Michna Béroura (ib. 4) stipule qu’après avoir récité la bénédiction de Hamapil, il faut s’efforcer de ne rien manger ni boire, ni de prononcer serait-ce un mot, et ce afin qu’il n’y ait pas d’interruption entre le sommeil et la bénédiction qui le précède, ce qui pourrait invalider celle-ci. Cependant une telle interruption ne porte pas trop à conséquence dans la mesure où l’objet de la bénédiction n’est pas tant de remercier D. pour le sommeil qu’il va nous apporter dans l’instant, que pour le fait qu’Il a donné aux hommes en général la possibilité de dormir. C’est pourquoi, en cas de force majeure, il sera permis de manger, de boire et de parler après avoir récité Hamapil.
Rav Azriel Cohen-Arazi
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