Question :
Cher Rav, lors d’un repas composé uniquement de fruits, doit-on, après avoir récité Hamotsi sur le pain, réciter la Brakha sur les fruits ?
Réponse:
De manière générale, la Brakha de Hamotsi récitée sur le pain en début de repas, nous exempte de celles relatives à certains aliments consommés en cours du repas. La règle en vigueur repose sur un principe général qui se divise lui-même en deux principes secondaires qu’il me faut ici détailler afin de répondre à votre question.
Le principe général veut que tout aliment « subalterne », et « se mettant au service » du pain, considéré comme l’aliment essentiel du repas (cf. Deut. 8 : 3) est exempté de Brakha par celle récitée sur le pain.
Les deux principes secondaires visent à définir les critères permettant de considérer un aliment comme « subalterne » au pain et donc dispensé de Brakha. Il doit s’agir : soit d’un aliment venant naturellement accompagner le pain, tels que la confiture; soit d’un aliment visant à apaiser la faim des convives, tel que le plat principal d’un repas, à base, par exemple, de viande.
Venons-en à présent au statut des fruits. Ils ne peuvent en aucun cas, de manière générale, être considérés, comme « subalternes » au pain, et, à ce titre, exemptés de Brakha. En effet, ils ne répondent à aucun des deux critères précités : ils n’accompagnent pas naturellement le pain, et jouant le rôle de dessert, n’ont pas pour objet de rassasier. C’est pourquoi, lors d’un repas habituel, la Halakha stipule qu’il est nécessaire de réciter la Brakha sur les fruits bien qu’ils soient consommés avant le Birkat Hamazon.
Mais alors, pourquoi doit-il en aller autrement lors du repas de Tou Bichvat ? En fait, ma réponse concernera tout repas composé uniquement de fruits, à quelque moment de l’année que ce soit, et se fondera sur ce que dit le Roch, rapporté par le Tour (cf. Choul’han Aroukh Ora’h ‘Hayim 177 § 3) à ce propos. Interrogé à ce sujet, il commence par exposer les deux volets du problème. D’une part, dit-il, la Halakha stipule, que, de manière générale, la Brakha de Hamotsi ne dispense pas de réciter les Brakhot sur les fruits. D’autre part, le cas du repas frugal semble différent. En effet, au cours des repas habituels, ce sont les entrées et les plats principaux qui ont pour rôle, pour les unes, d’accompagner le pain, et pour les autres, de rassasier les convives. Par contre, lors de repas frugaux, au cours desquels l’on ne consomme que du pain et des fruits, ce sont ces derniers qui jouent à la fois le rôle d’entrée et de plat principal, en d’autres termes, qui à la fois accompagnent le pain, et rassasient les convives. En toute logique, poursuit-il, l’on devrait donc dans le cas d’un repas frugal s’abstenir de réciter les Brakhot relatives aux fruits. Demeurant dans l’expectative face à ce dilemme, il conclut, en vertu du principe « Safek Brakhot Léhakel » selon lequel il importe de s’abstenir de prononcer une Brakha lorsqu’il n’est pas certain qu’elle s’impose, qu’il est recommandé de ne pas réciter de Brakhot sur les fruits consommés lors d’un repas frugal. Le Beth Yossef conseille cependant de manger le premier fruit avec un morceau de pain, de sorte à montrer qu’il sert d’accompagnement au pain. Le Choul’han Aroukh tranche le débat dans ce sens, et c’est donc conformément à cette conclusion que je vous invite à vous conduire en la circonstance, à savoir ne réciter aucune Brakha sur les fruits, mais en prenant la précaution de consommer le premier d’entre eux avec un morceau de pain.
Rav Azriel Cohen Arazi
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