Question :
Cher Rav, est-on autorisé à prier face à un tableau, à un miroir, ou encore face à des portraits de Rabbanim ?
Réponse:
Le Choul’han Aroukh (Ora’h Hayim chap.90 § 23) stipule qu’il est interdit de prier le Chémoné Essré face à certains éléments de décoration qui, à son époque, ornementaient les murs des synagogues et qu’il désigne sous le terme générique de Bégadim Métsouyarim (étoffes rehaussées de dessins). La raison avancée par ces décisionnaires pour justifier cet interdit tient au fait que la beauté de ces étoffes est susceptible de captiver notre attention, et ainsi de nuire à la concentration d’esprit que la prière requiert. Il est clair dès lors qu’il sera tout aussi interdit de prier face à un tableau, un dessin, une photo, au toute autre chose en mesure de produire le même effet. Si, pour une raison ou une autre, l’on se trouve dans cette situation sans pouvoir faire autrement, l’on aura soin de prier en conservant les yeux fermés.
Cependant, de nombreux décisionnaires autorisent à prier le Chémoné Essré les yeux ouverts, face à la Parokhet, le rideau dissimulant les portes du Aron Hakodech, et ce, en dépit du fait qu’il comporte généralement de très jolis motifs de broderie. La raison en est, expliquent-ils, que cette Parokhet, à laquelle les fidèles de la synagogue sont habitués de longue date, ne saurait être pour eux un motif de distraction.
Selon certains décisionnaires il est possible de tirer de ce qui précède les deux conclusions suivantes: d’une part, toute personne pour laquelle cette Parokhet serait chose nouvelle, un fidèle de fraiche date, par exemple, ou encore un invité de passage, devra fermer les yeux si elle prie face à elle. D’autre part, une personne dans son appartement, aura le droit de prier en conservant les yeux ouverts face à une photo, un poster, un tableau, qui sont là depuis longtemps et ne sauraient donc la distraire.
Le fait de prier devant un miroir soulève un problème supplémentaire. En effet, outre la question du trouble de la concentration qu’il serait possible de résoudre en priant les yeux fermés, demeure celle posée par les prosternations que l’on effectue dans la première et la dernière partie du Chémoné Essré. En effet, lorsque l’on se prosterne, serait-ce les yeux fermés, face à un miroir, cela peut donner à penser que c’est devant soi-même que l’on se prosterne plutôt que devant D. C’est la raison pour laquelle les décisionnaires interdisent unanimement de prier le Chémoné Essré face à un miroir.
Dans la même logique, le Or Letsion (tome 2, chap.7 § 4) précise qu’il est également interdit de prier le Chémoné Essré, même les yeux fermés, face à des photos de Rabbanim dès lors que cela pourrait donner à penser que c’est devant eux que l’on se prosterne plutôt que devant D. Ainsi, le Or’hot Rabbénou rapporte que le Steipéler zatsal s’interdisait de prier dans sa propre Souka, et ce, parce qu’elle était décorée par des photos de très éminents Rabbanim et qu’il ne voulait pas se heurter au problème évoqué ci-dessus.
Question :
Est-il permis de se doucher avant d’avoir prié Cha’harit, ou vaut-il mieux le faire après?
Réponse:
Des propos du Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Hayim chap. 90 § 7) et de ceux du Michna Béroura il ressort qu’il est interdit de se doucher avant d’avoir prié Cha’harit. Toutefois, plusieurs des grands décisionnaires contemporains (cf. Chout Chévèt HaLévy tome 9 § 1), Chout Az Nidbérou tome 6 chap.43) stipulent que de nos jours cela est permis. En effet, contrairement à l’époque, il est possible à présent de se doucher en quelques minutes sans risquer de s’oublier et de laisser passer l’heure de Cha’harit. Et de plus, cela permet de se présenter propre devant D. pour lui adresser notre prière.
Il est cependant à noter que d’autres se montrent plus rigoureux en la matière, tel le Rav Chlomo Zalman Oyerbakh zatsal (Halikhot Chlomo chap. 2 § 8) qui autorise de se doucher mais sans se savonner.
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Rav Azriel Cohen Arazi