Question :
Cher Rav, j’ai entendu dire qu’en ce qui concerne la bénédiction de Boré Péri Haets, les fruits d’Israël ont préséance sur tous les autres. Puis-je en déduire qu’en présence, par exemple, d’une orange d’Israël, je doive la privilégier, au plan de la Halakha au détriment de toute autre, et la consommer en premier après avoir récité la bénédiction correspondante?
Réponse:
Il vous faut savoir que lorsque la Halakha postule que les fruits d’Israël ont préséance sur les autres, elle a en tête les sept fruits bien précis que la Torah mentionne lorsqu’elle fait l’éloge de la Terre d’Israël (Deut.8: 8), à savoir le Blé, l’Orge, le Raisin, la Figue, la Grenade, l’Olive et la Datte. Le fait que la Torah ait choisi en particulier ces fruits parmi tous ceux pouvant pousser en Israël démontre que ces fruits ont un caractère intrinsèque qui les distingue de tous les autres, et ce, qu’ils poussent en Israël ou à l’étranger. D’où il ressort, en pratique, qu’en présence d’une olive en provenance du sud de la France et d’une orange Jaffa, c’est à la première que vous devez donner la priorité en récitant la bénédiction idoine. (Cf. Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Hayim chap.211 § 1).
Ceci étant, si vous êtes en présence de deux fruits de même sorte et de qualité égale, l’un en provenance d’Israël et le second d’un pays étranger, il est clair que c’est au premier que nous devons donner la priorité, suivant ainsi l’avis du Rav Mordékhaï Eliahou zatsa”l et du Rav Sternbukh chlita, en témoignant ainsi de notre profond et indéfectible attachement à la Terre d’Israël et à tout ce qu’elle produit.
Question :
Cher Rav, sur l’emballage d’une barquette de yaourt figurait une invitation à participer à une tombola dotée d’un prix. Alors que j’étais sur le point de le jeter à la poubelle, mon fils, qui n’est pas encore Bar Mitsva, me demanda la permission de le récupérer pour tenter sa chance. Contre toute attente, il s’est avéré que mes yaourts étaient gagnants et mon fils remporta un prix de 1000 Shekels. A qui appartient cet argent? A moi qui ai acheté ces yaourts, ou à mon fils qui a pris l’initiative de tenter sa chance?
Réponse:
La réponse à votre question nécessite les deux préalables suivants:
Vous insistez sur le fait que c’est vous qui avez acheté ces yaourts. Or, ceci n’est en rien décisif quant à savoir à qui appartient le prix remporté. En effet, vous aviez pour votre part renoncé au droit de participer à cette tombola, puisque, n’était l’initiative de votre fils, leur emballage serait allé à la poubelle. Dès cet instant, vous aviez rendu Hefker (abandonné) l’emballage et les droits qui y étaient afférents, permettant ainsi à tout un chacun de se les approprier. Si, par exemple, vous aviez effectivement jeté cet emballage à la poubelle, et qu’un passant, l’ayant ramassé, ait tenté sa chance et remporté le prix, vous n’auriez pu en aucune façon prétendre qu’il vous revenait.
Le statut juridique de cet emballage et de la somme d’argent auquel il ouvre droit est le suivant: celui d’un objet trouvé par un enfant, car c’est votre fils qui a “découvert” la valeur de cet emballage que vous ignoriez; dont le propriétaire a fait Yéouch, c’est-à-dire a montré qu’il désespérait de le retrouver à jamais, puisque c’est parce que vous ne pensiez pas avoir la moindre chance de remporter le prix que vous vous apprêtiez à vous en débarrasser.
Dès lors, votre question peut se reformuler ainsi: à qui appartient un bien trouvé par un enfant et ayant fait l’objet d’un Yéouch de la part de son propriétaire?
Les décisionnaires stipulent que tant qu’un enfant, qu’il soit mineur ou majeur, est dépendant financièrement de son père, les objets qu’il trouve deviennent la propriété de ce dernier (Cf.Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat chap.270 § 1) En revanche, lorsqu’un enfant est totalement indépendant financièrement de ses parents, les objets qu’il trouve lui reviennent de plein droit, qu’il soit majeur ou même mineur.
Votre fils n’étant pas encore Bar Mitsva et vous devant toujours, entre autres, le gîte et le couvert, les 1000 Shekels vous reviennent et vous pouvez en disposer comme bon vous semble.
Pour conclure, et afin qu’il n’ait pas le sentiment d’être victime d’une injustice, je vous conseille par exemple de lui faire cadeau d’une partie de cette somme en lui expliquant gentiment que ce n’est que justice que les trouvailles des enfants reviennent aux parents, qui se dépensent tant en leur faveur.
Sur www.torahacademy.fr vous pouvez poser vos questions au Rav et consulter
Rav Azriel Cohen-Arazi