Pour quelle raison Éphraïm et Ménashé sont-ils les exemples pour bénir Israël durant toutes les générations ? Et pourquoi pas Réouven et Shimon ou d’autres tribus ? Le Rav Eliahou (z’atsal) avait l’habitude d’expliquer qu’Éphraïm et Ménashé n’étaient pas présents lors des disputes entre les fils de Yaacov. De plus, lorsque Yaacov bénit d’abord Éphraïm avant son aîné Ménashé, ce dernier ne montre aucune trace de colère ou de jalousie, comme entre Yossef et ses frères. Aussi, nous bénissons les garçons pour qu’ils aient la force de Ménashé et Éphraïm, cette force qui put apporter la bénédiction sur le monde.
Le Rav Eliahou rajoutait que ces derniers avaient grandi dans un entourage égyptien, idolâtre, mais n’avaient pas subi leur influence et étaient restés dans la pureté. Cette situation est beaucoup plus difficile que celle des autres tribus qui ont grandi dans la maison de Yaacov, pleine de Torah, qui sont restés dans la pureté. Aussi, nous bénissons par leur intermédiaire. Rahel et Léa ont grandi dans la maison de Lavan et sont quand même devenues des exemples pour tout Israël. Aussi, la bénédiction des filles se fait par l’intermédiaire de Rahel et Léa. Il faut signaler un autre point important : elles restèrent unies malgré l’échange entre les deux sœurs, effectué par Lavan.
Il est écrit dans le « Emek davar » que leur grandeur était différente. L’un des descendants d’Éphraïm est Yéoshoua qui était un grand érudit en Torah et qui réussit à conquérir Israël. De Ménashé descendit Guidon qui avait préparé le peuple d’Israël au niveau militaire. Au moment de la brit mila, on ne peut savoir quel sera le chemin du bébé, aussi on dit : « Par toi Israël donnera sa bénédiction en disant : « D… te fasse devenir comme Éphraïm » » ; s’il étudie la Torah et qu’il réussisse comme lui – et « comme Ménashé », s’il se tourne vers les affaires de ce monde, qu’il réussisse comme Ménashé.
Le Ben Ich Hay explique que Yaacov ne dit pas à Éphraïm et à Ménashé le contenu de ses bénédictions. Il leur dit que leur situation sera tellement bonne, que par leur intermédiaire on bénira les autres personnes. Ses bénédictions sont cachées. C’est la raison pour laquelle Yaacov les bénit en même temps qu’il s’adressait à Yossef. Il cacha le fait qu’il s’agit d’une bénédiction. Le Ben Ich Hay apporte une preuve qui explique que la bénédiction doit être cachée : on raconte dans la Guémara Moed Katan (p. 9a) que Rabbi Yonathan ben Asamay, et Rabbi Yéhouda ben Guérim étudiaient ensemble la parachat hanédarim auprès de Rabbi Shimon Bar Yohai. Lorsqu’ils allaient quitter Rabbi Shimon, ce dernier dit à son fils, Rabbi Eléazar, de leur demander qu’ils le bénissent. Ils lui dirent : « tu ensemenceras et tu ne récolteras pas, tu sortiras mais ne pourra rentrer, ta maison sera détruite… ». Très étonné des paroles de ces grands sages, il alla demander des explications à son père, Rabbi Shimon qui était leur maître. Il lui dit que la première bénédiction signifie qu’il engendrera des enfants et qu’ils ne mourront pas, la seconde que ces enfants sortiront de la maison pour se marier et qu’ils ne mourront pas, et ainsi de suite. Le Ben Ich Hay explique que la bénédiction existe lorsqu’elle n’est pas apparente et tout particulièrement lorsqu’il y a un accusateur ou lorsqu’il y a une grande bénédiction. Qu’ainsi soit la volonté, que repose sur vous la bénédiction cachée et non cachée.
Rav Shmouel Eliahou
Traduction et adaptation Moshé Luksenberg