C’est de la passion des piyoutim algériens quianime Binyamin Kalifa qu’est né un mouvement devenu très populaire pourperpétuer la tradition algérienne de nos jours.
Ce jeune homme accompagné aujourd’hui par Haïm Bismuth (de l’association Haï Bahem) et du Rav Yossef Nakache, est à l’origine du réveil communautaire des Juifs d’Algérie, trop souvent considérés comme silencieux.
Des piyoutim à la cuisine: un seul objectif, redorer le blason du judaïsme algérien
On pense souvent que la préservation des traditions et de la liturgie est l’apanage des anciens. Mais on s’aperçoit que la nouvelle génération, celle qui n’est pas née en Afrique du Nord, s’attache souvent à cette tâche avec une vigueur incroyable. Ainsi, Binyamin Kalifa, jeune père de famille a-t-il décidé de créer un site internet pour diffuser les minhaguim constantinois. “Tout a commencé avec un groupe whatsapp ouvert par le musicien, David Renassia autour de piyoutim constantinois. Binyamin, informaticien, a décidé de pousser l’idée encore plus loin”, nous explique Haïm Bismuth, l’un des instigateurs du mouvement.
Binyamin, outre le site internet, fonde plusieurs autres groupes whatsapp, sur des thèmes différents mais avec un point commun: leur lien avec le judaïsme algérien. Ainsi, se sont retrouvés des gens de niveau de pratique différents, de tous les âges sur des discussions à propos de recettes de cuisine, de halahot ou de coutumes.
Le phénomène est assez important pour que Binyamin, Haïm Bismuth et le Rav Yossef Nakache décident de le porter encore plus haut.
Des Juifs discrets mais attachés à leurs traditions
En Afrique du Nord, c’est peut-être le judaïsme algérien qui a le plus souffert de l’assimilation à la France. Haïm Bismuth nous le confirme: ”En 1830 déjà, 20 ans avant le décret Crémieux, les Rabbanim Shlomo Zarka et Yehouda Darmon, expliquait dans une introduction à un livre sur les commentaires de la paracha, qu’ils écriraient en judéo-arabe parce que la jeunesse ne pratiquait plus l’hébreu”. Et de poursuivre, ”les Juifs d’Algérie ont eu l’intelligence de mettre de côté leurs différences pour s’intégrer. On le voit encore aujourd’hui en Israël, ils ont une capacité d’adaptation impressionnante. C’est un avantage mais cela présente aussi des inconvénients. On a tendance à être trop discrets et donc à s’effacer”.
C’est un fait que beaucoup de Juifs d’Algérie déplorent, parce que la richesse du judaïsme algérien gagne à être partagée. Comme le dit Haïm, ”Nous avons de grands rabbins, mais les relations publiques qui vont avec font défaut”. D’où le désir de mettre en avant tous ces acquis, toutes ces traditions, toutes ces coutumes qui sont devenues des halahot.
Apporter sa réflexion, sa manière de servir D’ieu
Pour Haïm et ses amis, cette promotion du judaïsme algérien ne signifie pas pour autant s’enfermer dans une bulle. ”Nous disons simplement que nos traditions doivent être perpétuées. Pourquoi en adopter d’autres? Cela ne veut pas dire qu’il ne faudrait pas épouser une personne qui n’a pas la même origine. Dans la Torah déjà, on nous apprend que chacune des 12 tribus avait sa spécificité. Pourtant les mariages entre les tribus ont été autorisés. Ce que nous préconisons c’est de conserver nos traditions tout en respectant aussi celles des autres. C’est notre richesse. Nous apportons ainsi, au même titre que d’autres communautés, notre réflexion, notre manière de servir D’ieu”.
Voilà les bases sur lesquelles agissent bénévolement et avec beaucoup de solennité, les participants au groupe. ”Des Rabbins sont derrière nous, comme le Rav René Guedj mais aussi des anciens d’Algérie vers lesquels nous nous tournons pour être certains de rester fidèles à ce que nous voulons défendre”.
Un envol qui s’amorce
Le groupe emmené par Binyamin et Haïm ne demande qu’à prendre son envol. Le site internet a besoin, néanmoins de bénévoles pour traduire les écrits en français. Mais le projet le plus important en cours est celui sur lequel travaille le Rav Yossef Nakache. Il s’agit de l’écriture et de l’édition d’un livre sur les coutumes et les minhagué halaha de toute l’Algérie.
Dans un futur plus lointain, un sidour selon la liturgie du tfilat hahodech devrait voir le jour avec une application pour smartphone. Ce projet se ferait en collaboration avec les Juifs du Maroc et de Tunisie.
Toutes ces ambitions nécessitent l’aide et la participation du plus grand nombre. Pour les acteurs de cette aventure, c’est ensemble que nous garderons ce qui fait notre richesse: nos traditions.
Pour aller plus loin:
Haïm: 054-6949888
Guitel Ben-Ishay
ENFIN !!
DES VIEUX PERPTUENT LA TRADIITION