Comme il l’avait annoncé lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, le nouveau ministre de la Justice Avi Nisenkorn se veut le protecteur de la corporation judiciaire au détriment du droit du public à l’information et peut-être même de la justice. Le ministre a opposé une fin de non-recevoir à une nouvelle demande du député Chlomo Kraï (Likoud) quant à une levée de du secret sur les enregistrements Mandelblit-Ashkenazy.
Autant que la réponse négative ce sont les termes employés par le ministre qui surprennent et ne font que renforcer les doutes: « Les élus du peuple feraient mieux de se concentrer sur les services à rendre à la population et de cesser de salir sans preuves. Des ‘fake news’ resteront des ‘fake news’ même si on les répète une centaine de fois ». Mais s’il s’agissait effectivement de ‘fake news’, la réaction naturelle d’un homme qui veut défendre son innocence ne serait-elle pas de vouloir au plus vite rendre publics ces enregistrements?? Que veut cacher Avihaï Mandelblit? Et quelle est la raison pour laquelle la Cour suprême refuse aussi la publication de ces enregistrements au motif douteux que « la préservation de la vie privée prévaut sur l’intérêt public »?
Avi Nisenkorn est ensuite lui-même revenu sur une…’fake news’: « L’attitude d’Avihaï Mandelblit lors de l’Affaire Harpaz a été examinée à l’époque par tous les acteurs judiciaires compétents qui avaient alors en leur possession toutes les cassettes ». Inexact. La Cour suprême qui avait décidé de clore le dossier n’avait pas eu connaissance des enregistrements suspects. Par ailleurs, des membres de la commission de recherche d’un conseiller juridique du gouvernement ont reconnu que s’ils avaient eu ces enregistrements entre leur mains à l’époque, Avihaï Mandelblit n’aurait pas été choisi comme conseiller juridique du gouvernement.
Le député Chlomo Kraï a alors répondu au ministre dans l’hémicycle: « Vous avez dit que vous serez un rempart pour le système judiciaire, mais qui sera le rempart des citoyens contre ce même système? Il y a ici des gens qui se croient au-dessus des lois et qui veulent changer le pouvoir en contournant les urnes car il ne leur plait pas…. »

Autre réaction intéressante, celle de la journaliste Ayala Hasson, qui suit de près le dossier de l’Affaire Harpaz depuis bientôt dix ans et qui a révélé l’existence d’enregistrements compromettants pour l’actuel conseiller juridique du gouvernement: « Nisenkorn! Avez-vous peut-être découvert ce qu’il y avait dans ce coffre-fort au Parquet et cette fameuse conversation du 26 septembre entre Mandelblit et Ashkenazy? Une magistrate avait déclaré que sans cette preuve contenue dans cette cassette les soupçons contre Mandelblit pourraient être levés! La Cour suprême et la commission de nomination n’ont pas eu cette cassette entre les mains. Est-ce que vous couvrez votre collègue de parti Ashkenazy? Ou avez-vous compris que le ministre de la Justice n’a pas intérêt à se frotter au Parquet? »
Photo Hadas Parush / Flash 90