Gilbert Montagné revient sur la scène israélienne au mois d’août pour notre plus grand plaisir et pour le sien aussi! Nous avons pu échanger avec lui en perspective de cet événement. Un entretien où il se livre sur sa vision d’Israël, son rapport avec le judaïsme et son combat pour rendre la vie plus facile aux handicapés.
Le P’tit Hebdo: Que ressentez-vous à l’approche de nouveaux concerts en Israël?
Gilbert Montagné: Chaque concert est différent. Mais chanter en Israël me procure une émotion suramplifiée par la puissance de l’âme de ce pays. Le public sedonne tellement, être sur scène en Israël représente un acte tout à fait particulier pour moi.
Lorsque mes musiciens étaient venus en Israël pour la première fois en 2006 avec moi, leur entourage avait tenté de les dissuader. Depuis notre premier concert, ils n’attendent qu’une chose c’est d’y revenir. Ils adorent !
Nous serons sur scène à Tel Aviv, dans cette salle magnifique, que j’aime beaucoup. Et pour la première fois, nous jouerons aussi à Netanya, en plein air. Je connais Netanya pour m’y être déjà promené, j’ai hâte d’y rencontrer le public.
Lph: Dans votre dernier ouvrage, ”Au Jardin de ma vie”, vous racontez les premiers mois de votre vie de grand prématuré. Qu’est-ce que ce style d’écriture qui change de la composition de chansons, vous apporte?
G.M.: Cela contribue à ma volonté de transmettre. Cela m’aide d’abord à mieux me connaitre. Mon dernier ouvrage est un voyage introspectif, j’y retrouve les premières heures de ma vie, mes trois mois et demi, seul, en couveuse. C’est là que j’ai ressenti l’appel de la vie. J’ai décidé de faire confiance à celle-ci, même si c’est en cette période que j’ai perdu la vue.
Lph: Dans cette découverte de vous-même, où est la place du judaïsme?
G.M.: Ma mère, Jeanne Kalfon, était juive. Mon père était catholique et haïssait les curés. Il avait du mal à comprendre pourquoi ma mère avait tant tenu à me donner une éducation catholique. Pour elle, cela revenait à me protéger après le drame de la Shoah. Seuls ceux qui ont traversé cette épreuve peuvent comprendre. J’ai toujours su que j’étais juif mais les survivants de la Shoah parlaient peu et j’ai grandi dans ce silence. Les chansons en hébreu m’ont toujours touché particulièrement puis la vie m’a donné la possibilité d’ouvrir mon cœur à Israël. La première fois que j’y suis venu, c’était dans les années 2000, pour inaugurer une plaque à la mémoire de ma mère à la Yeshiva de Kfar Maïmon. En fait, quand je joue en Israël, je suis l’envoyé de ma maman qui n’a jamais pu s’y rendre.
Lph: Vous menez un combat actif pour faciliter la vie quotidienne des handicapés. Comment la société israélienne gère-t-elle cela?
G.M.: Beaucoup de choses restent à faire, notamment dans le domaine de l’accessibilité des trottoirs. Je voudrais aussi voir apparaitre l’auto-description à la télévision israélienne. En France, j’ai convaincu le CSA de le faire, depuis 10 ans maintenant, cela s’est généralisé, y compris au cinéma, et créé même des emplois.
Lph: Que nous réservez-vous pour vos prochains concerts en Israël?
G.M.: Je ne peux que vous dire qu’il y aura un invité surprise… J’interpréterai toutes les chansons que le public a transformées en succès avec quelques improvisations inspirées par le lieu et le public. J’ai hâte de partager ma joie avec le public.
Concerts de Gilbert Montagné
Lun 12/08, Hehal Hatarbout, Tel Aviv, 20h30
Mar 13/08, Amphithéâtre de la mer, Netanya, 20h30 Réservations: 0733-202-400 / www.culturaccess.com
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo: Christian Kerf