Gadi Eizenkott, l’ancien chef d’Etat-major et numéro 3 de la liste ”Hama’hané Hamamla’hti” de Benny Gantz, s’est exprimé hier lors d’une rencontre électorale à Metoula.
Il y a développé sa vision de la politique à mener en Judée-Samarie. Il a mené une attaque en règle contre les partisans d’une construction et d’un développement le plus large possible ainsi que de l’annulation de la loi du désengagement, qui s’applique à une partie du nord de la Samarie, interdisant toute construction juive dans cette zone (cf Homesh).
”Les gens qui prônent une ligne en faveur d’une implantation partout, créant une situation irréversible sur le terrain, et appelant à l’annulation de la loi du désengagement pour y ramener des implantations – ces gens nous mènent à la catastrophe”.
En s’exprimant de la sorte, Eizenkott donne une indication claire sur son orientation politique et s’oppose à la ligne défendue officiellement, par une partie de ses colistiers. En effet, en 2018, Zeev Elkin, alors membre du Likoud et aujourd’hui numéro 7 de la liste de Benny Gantz, avait affirmé que la loi du désengagement n’avait aucune raison d’être et qu’il fallait la supprimer.
Eizenkott a expliqué que ”ce que veulent Smotrich, Ben Gvir et une partie du Likoud” conduirait Israël à un Etat binational, ce qui représentait un danger pour la survie de l’Etat d’Israël.
Concernant Homesh, l’ancien Chef d’Etat-major a rappelé qu’il avait évacué ce point de peuplement des dizaines de fois sous Netanyahou. ”Ce ne devrait même pas être une question politique. C’est une décision qui revient au commandement militaire. Homesh est illégal et doit donc être évacué”.
Là aussi, ces déclarations mettent en exergue les divergences au sein même du ”Ma’hané Hamamla’hti” puisque Zeev Elkin, il y a moins d’un an, avait assuré qu’il voterait contre l’évacuation de Homesh si elle était présentée devant le conseil des ministres.
Eizenkott a également attaqué Itamar Ben Gvir et a estimé que le choix que les Israéliens doivent faire est entre ceux ”qui ont agi et donné des dizaines d’années de leur vie à la sécurité d’Israël” et ceux dont ”la force est dans leur pouvoir rhétorique assis dans les studios de télévision et par le biais des réseaux sociaux”.
Enfin sur la question palestinienne, Eizenkott s’est vanté d’être un grand spécialiste du sujet et a annoncé les mesures qu’il prendrait: ”Premièrement, fermer les trous dans la barrière de sécurité. Deuxièmement, construire des hôpitaux en Judée-Samarie pour les Palestiniens, sachant qu’aujourd’hui des dizaines de milliers de personnes vont se faire soigner à Tel Hashomer et Hadassah. Troisièmement, construire des zones industrielles en Judée-Samarie pour que les Palestiniens puissent travailler et se développer dans cette région. Aujourd’hui, quelques 200000 Palestiniens vont travailler tous les jours en Israël. Quatrièmement, l’indépendance énergétique sachant qu’aujourd’hui ils reçoivent toute leur énergie d’Israël”.
Ses propos ont suscité des réactions dans la classe politique. Le parti Haroua’h Hatsionit de Shaked et Hendel a déclaré: ”Nous tirons notre chapeau à Eizenkott qui, contrairement à la poudre aux yeux jetée par le Ma’hané Hamamla’hti, a tout posé sur la table. Le soutien à l’évacuation des yishouvim n’est pas de droite. C’est là notre point de discorde avec le Ma’hané Hamamla’hti. Haroua’h Hatsionit est le foyer des gens de droite avec des valeurs, qui veulent appliquer une politique de droite dans le prochain gouvernement”.
Betsalel Smotrich (Hatisonout Hadatit) a lui aussi réagi: ”Si ça ressemble à la gauche, que ça sent comme la gauche et que c’est répugnant comme la gauche, alors c’est la gauche. Même si Gantz et Eizenkott ont emballé cette gauche dans plusieurs feuilles de vigne de droite et religieuses pour tromper le coeur des gens de droite et faire passer leurs voix de la droite vers la gauche”.