Deux spécialistes de stratégie de campagnes politiques ou publicitaires, Eyal Arad et Erez Yaakobi ont levé un voile de plus sur la stratégie adoptée par Ariel Sharon pour imposer à la population l’idée de l’expulsion de plus de huit-mille Juifs du Goush Katif en 2005.
Aussi simple en apparence et terrifiant en réalité, Eyal Arad révèle que c’est lui qui à la demande de l’ancien Premier ministre, avait choisi le terme de “Hitnatkout” “déconnexion”, pour faire vendre le concept à la population israélienne. Eyal Arad, qui a déjà organisé les campagnes électorales de nombreuses personnalités politiques explique que c’est avec des mots simples que l’on agit sur les sentiments et sensations des gens et qu’on les amène à accepter les idées ou les produits vers lesquels on désire les diriger.
Entre 2003 et 2005, il était donc interdit par les promoteurs de campagne de parler “d’expulsions” ou de “retrait” termes à consonnance négative – mais plutôt de “Hitnatkout”, qui suggère l’éloignement de quelque chose de négatif. “Il fallait convaincre les gens que les tentatives de paix avec les Palestiniens avaient échoué et qu’il fallait donc s’en séparer unilatéralement afin d’améliorer la situation sécuritaire”, explique aussi Eyal Arad. C’est pour cela, souligne-t-il, qu’Ariel Sharon avait souhaité que l’accent soit mis sur les résultats de cette démarche et non sur l’expulsion elle-même afin de montrer les “avantages sécuritaires” et ne pas insister sur les souffrances que cela engendrerait, selon la maxime connue dans certains milieux politiques: “Eux là-bas, nous ici”.
Un axiome qui a rapidement montré ce qu’il valait. Ehoud Olmert, successeur d’Ariel Sharon désirait faire la même chose en Judée-Samarie en employant également un terme attirant: “Hitkanssout”, le fait de “rentrer en soi”. Heureusement, ses déboires judiciaires l’ont fait tomber avant qu’il ne mette en place son plan irresponsable.
Le témoignage d’Eyal Arad et d’Erez Yaakobi permet de se rendre compte de la férocité de la machine mise en place alors par Ariel Sharon pour faire passer le déracinement de milliers de Juifs, l’exhumation de dizaines de dépouilles et la destruction de centaines de maisons, usines et serres. Pour rien.
Vidéo:
Photo Nati Shohat / Flash 90