Il y a quatre ans, dix jeunes d’une école de préparation militaire étaient emportés par le fleuve Tsafit alors qu’ils effectuaient une excursion dans des conditions météorologiques déplorables.
A cette époque, Naftali Bennett est ministre de l’Education et Avigdor Liberman ministre de la Défense. C’est à ce titre qu’ils ont été convoqués aujourd’hui devant la commission chargée de déterminer les responsabilités et de tirer les leçons de ce drame qui a secoué le pays entier.
C’est Avigdor Liberman qui a été le premier invité à s’exprimer. Il a tenu à se dégager de toute responsabilité dans cet événement tragique: ”A cette époque, il était clair que ma capacité à m’impliquer en tant que ministre de la Défense était limitée. Je me suis aperçu que le seul qui avait l’autorité sur les écoles de préparation militaire était le ministre de l’Education. Nous avions reçu un avis de la conseillère juridique du gouvernement reconnaissant que le seul pouvoir du ministère de la Défense en la matière était de délivrer des permis de report du service militaire. Je n’ai pas lu tous les témoignages du rapport intermédiaire de la commission, je parle de mémoire. La commission a convenu que le ministère de la Défense serait responsable de la préparation physique à l’armée et que ce serait plus ou moins le rôle du ministère. Lors des excursions, les écoles de préparation sont en contact avec les services du ministère de l’Education”.
Il a alors été contredit par la présidente de la commission: ”Puisqu’à mon grand regret vous n’avez pas lu le rapport, votre point de départ est faux. La tentative de diminuer la part du ministère de la Défense est erronée”.
Liberman s’est également justifié de ne rien avoir fait après la catastrophe du Nahal Tsafit pour modifier le monde des écoles de préparation militaire. Pour lui, le ministre ne peut pas s’occuper de tout, il ne peut pas être un expert universel et doit faire confiance à ses services.
Les parents endeuillés qui se trouvaient dans la salle ont déploré le fait que Liberman ne prenne pas sa part de responsabilité dans ce qui était arrivé à leurs enfants.
Puis ce fut au tour de Naftali Bennett de s’exprimer. Le discours était différent: ”Lors de cet événement douloureux, j’ai pris les rênes de manière responsable, je ne rejette sur personne la mission. Prendre la responsabilité signifie tout faire pour qu’un tel drame ne se reproduise plus et parallèlement permettre à ces écoles de continuer à fonctionner. La valeur qui guide ma vie est le sens de la responsabilité”. Il s’est adressé aux familles endeuillées: ”Je vous regarde droit dans les yeux, et même si rien ne pourra ramener vos enfants, vos efforts ne sont pas vains”, faisant allusion au combat des familles pour obtenir des réponses et dégager des responsabilités. Il n’est pas concevable pour elles que 10 jeunes aient perdu la vie d’une telle façon sans que personne n’en paie le prix.
Il a ensuite expliquer que pour lui prendre ses responsabilités, c’était aussi ne pas fermer les écoles de préparation militaire, ni même leur imposer un encadrement plus strict.
La présidente la commission a exprimé son désaccord: ”Ce qui est important c’est que vous pensez que les règles de sécurité viennent réduire l’autonomie de ces structures. C’est une hypothèse très biaisée. Nous ne dictons pas aux écoles leur ligne de pensée. La question qui devait être posée était simple: ”Avez-vous des consignes de sécurité”. Et la réponse était qu’il n’y avait rien qui les y obligeait”.
Bennett a continué à défendre sa position: ”Je pense que la notion de superviseur du système éducatif doit être changée par celle de mentor. Pourquoi sommes-nous le pays du Hi-tech? Parce qu’il n’y a pas de superviseur. Les plus grands processus sont partis d’en bas vers en haut. L’année dernière, je n’ai pas décrété de confinement, j’ai pris un risque”. Les parents présents lui ont alors lancé: ”Pas au prix de vies humaines”. Bennett a alors répondu en levant la voix: ”Des gens meurent aussi dans des accidents de voiture, faudrait-il maintenant interdire les voitures?”.
Pour conclure, Bennett a expliqué pourquoi il n’avait pas démissionné suite au drame: ”J’ai pris mes responsabilités. Mon rôle est de faire bouger les choses, avec le moins de têtes qui tombent. En tant que chef d’une administration, je suis responsable de ce que je sais mais aussi de ce que je ne sais pas”.