La commission d’enquête en charge de faire toute la lumière sur le drame qui s’est déroulé à Meron le jour de Lag Baomer en mai 2021 a envoyé des lettres d’avertissement à plusieurs personnalités politiques et sécuritaires en poste au moment des faits. Quarante-cinq personnes avaient perdu la vie dans un mouvement de foule incontrôlé.
Ainsi, entre autres, Binyamin Netanyahou alors Premier ministre, Amir Ohana, qui était ministre de la Sécurité intérieure et Yaakov Shabtaï, le chef de la police ont reçu cette lettre ainsi que Shimon Lavi, responsable au sein de la police de la région nord au moment du drame et Yaakov Avitan qui était ministre des Cultes.
»Notre vision suit le principe que les hautes personnalités publiques qui disposent de larges pouvoirs doivent porter une responsabilité en conformité avec leur niveau d’autorité » ont précisé les membres de la commission.
Le jugement sur l’attitude de Binyamin Netanyahou est sévère: »Ayant occupé le poste de Premier ministre pendant plus de 12 ans d’affilée entre 2009 et 2021, l’ancien Premier ministre Binyamin Netanyahou savait ou aurait dû savoir, que le site de la tombe de Rabbi Shimon Bar Yohaï à Meron faisait l’objet d’une gestion défectueuse qui était susceptible d’entrainer un danger pour les nombreux participants chaque année. L’ancien Premier ministre Netanyahou n’a pas été à la hauteur de ce que l’on attend d’un Premier ministre au regard des corrections à apporter. Et ce, bien que le sujet ait fait l’objet de plusieurs rapports de la part du contrôleur de l’Etat, qu’il implique plusieurs ministères et qu’il a été porté à la connaissance du gouvernement à plusieurs reprises. L’ancien Premier ministre, Binyamin Netanyahou, ne s’est pas préoccupé d’effectuer un suivi efficace de l’action du gouvernement sur ce sujet ».
Amir Ohana, qui était alors ministre de la Sécurité intérieure, est également rappelé à l’ordre par la commission: »L’ancien ministre de la Sécurité intérieure Ohana, n’a pas été à la hauteur de ce que l’on attend d’un tel ministre lorsqu’il a décidé d’ouvrir la hiloula à Meron sans limitation du nombre de personnes, et s’est même exprimé en public sur la question, sans avoir au préalable effectué un travail de fond sur la situation complexe et les solutions alternatives à la tenue de la hiloula. Alors même qu’il avait été porté à la connaissance de l’ancien ministre Ohana, les dangers potentiels pendant la hiloula liés notamment à la promiscuité extrême qui était prévue sur place, il n’a pas agi en conséquence. Il n’a pas pris la mesure du danger, n’a pas posé suffisamment de questions et n’a pas demandé de rééxaminer la possibilité de limiter le nombre de personnes sur place ou d’étudier des solutions alternatives ».
La commission accuse aussi le chef de la police Kobi Shabtaï d’avoir été conscient du fait que le mont Meron ne pouvait pas accueillir autant de monde que ce qui était prévu mais a ignoré le danger. Il a validé le plan d’organisation en vigueur les années précédentes sans vérifier la présence d’éléments nouveaux à prendre en compte. Tout était basé sur la confiance donnée aux policiers sur place qui devaient être capables d’évaluer en temps réel le taux de promiscuité et ses conséquences. Aucune action préventive n’avait été prévue.
Ce courrier est un premier pas à l’encontre des personnes qui occupaient une fonction officielle à la date du drame.
Les responsables destinataires de ces lettres seront susceptibles d’être impactés par les conclusions des travaux de la commission. Pour assurer leur défense, ils vont recevoir tous les éléments de l’enquête jusqu’à aujourd’hui. Par ailleurs, ces acteurs seront appelés à témoigner une seconde fois devant la commission.
Au sein du Likoud, on est révolté par le timing choisi par la commission, à quelques semaines des échéances électorales. »Nous partageons l’immense douleur des familles. Depuis la création de l’Etat, aucune commission d’enquête gouvernementale n’a envoyé de lettres d’avertissement à des candidats aux élections pendant la campagne électorale. Il est regrettable que la commission d’enquête mise en place par le gouvernement Bennett-Lapid ait choisi de le faire ».
Le député Simha Rotman (Hatsionout Hadatit) a, quant à lui, relevé: »Qui n’a pas reçu de lettre d’avertissement? Les juges de la Cour Suprême et le conseiller juridique du gouvernement, qui ont empêché l’expropriation du terrain et créé le comité de gestion de Meron. C’est tellement facile quand on dipose de l’autorité quand la responsabilité est portée par les autres ».