Depuis huit mois, une commission spéciale a été nommée pour faire la lumière sur le drame survenu à Meron, l’année dernière, lors de la Hiloula de Rabbi Shimon Bar Yohaï. 45 personnes étaient mortes dans un mouvement de foule, la plus grande catastrophe civile survenue en Israël.
Aujourd’hui, c’est le chef de la police, Kobi Shabtaï qui était appelé à témoigner. Il a rejeté la responsabilité du drame sur trois acteurs: le chef du secteur nord de la police, le commandant Shimon Lavi, les responsables politiques et les ingénieurs de la sécurité.
Concernant Shimon Lavi, Shabtaï a expliqué que ce genre d’événements était quasiment totalement assumé par la police du secteur et son commandement, comparant la Hiloula, au marathon de Tel Aviv ou au Birkat Hacohanim au Kotel. Il a dit avoir toute confiance en Lavi Shimon, qu’il a décrit comme un excellent élément de la police et lui a renouvelé sa confiance devant la commission. Néanmoins, il a assuré que de son point de vue, la police avait préparé et organisé l’événement comme il faut.

Il a été remis en cause sur ce point par l’ancien chef des opérations de la police, Amnon Elkalaï. Lors de son témoignage, il avait raconté que le chef de la police Shabtaï s’était opposé à toute restriction du nombre de participants à la hiloula. Il aurait dit: ”Soit le mont est complètement ouvert, soit il est fermé”. Shabtaï a contesté aujourd’hui cette version des faits arguant du fait que la limitation du nombre de participants ne relevait pas de son autorité mais de celle de l’échelon politique. Il a également ajouté que lors des réunions préparatoires à l’évenement, aucun membre de la police n’avait émis le besoin de modifier l’organisation traditionnelle ni proposer de solution alternative.
L’échelon politique n’a pas, selon Shabtaï, rempli son rôle, car il n’a pas su prendre de décisions claires. Malgré les restrictions sanitaires qui prévalaient encore à cette époque, il a été décidé que la hiloula se déroulerait sans limitations. Elle avait d’ailleurs été présentée en Israël mais aussi dans le monde, comme le premier événement à grand public depuis l’avènement du Corona. Toutefois, il avait été décidé qu’au moment des allumages, il y aurait des limitations au niveau du public. Apparemment, contrairement à ce qui avait été assuré au responsable Corona de l’époque, Nahman Ash, la police n’aurait pas fait respecter ces restrictions.
Au-delà de cela, Shabtaï met en cause les responsables politiques qui n’ont jamais pris la moindre décision concernant des modifications physiques ou réglementaires sur les lieux de la hiloula, malgré les nombreuses mises en garde face à un drame potentiel.
Enfin, le chef de la police a pointé un doigt accusateur sur les ingénieurs qui donnent les permis sécuritaires sur les lieux. Selon lui, il n’y avait pas plus de monde cette année que les autres voire peut-être moins. Il pense que le lieu précis du drame n’aurait jamais dû être déclaré aux normes sécuritaires. ”Si le passage n’avait pas été glissant et en pente, malgré la foule, une telle catastrophe ne se serait pas produite. Je ne suis pas ingénieur sécurité. Je ne passe pas sur chaque chemin et chaque pont sur place. Nous ne sommes pas spécialistes sur ces sujets”.
En dehors du chef du secteur nord de la police, Shimon Lavi, qui dès le lendemain du drame a déclaré ”je prends toute la responsabilité, pour le bon et pour le mauvais”, tous les autres responsables de la police qui sont passés devant la commission se sont abstenus de tenir de tels propos et ont concentré leur témoignage sur les efforts qu’ils avaient fait en amont pour garantir le bon déroulement de l’événement.
Interrogé par la commission sur le fait de savoir s’il ne se considérait pas comme responsable, Kobi Shabtaï a répondu: ”Je suis responsable de tout ce qui se passe dans la police. Responsable veut-il dire coupable?”.
Les travaux de la commission vont se poursuivre. D’autres responsables, notamment politiques doivent encore être entendus.