Docteur en histoire des religions et spécialiste du monde musulman, le Dr Ephraïm Herrera nous livre son analyse des effets des politiques américaine et européenne au Proche-Orient en 2019.
Le P’tit Hebdo: Doit-on prendre au sérieux les menaces iraniennes contre les Etats-Unis?
Dr Ephraïm Herrera: L’Iran est aujourd’hui dos au mur. Son économie est en train de s’écrouler, conséquence directe des sanctions américaines.
Il faut comprendre que les Gardiens de la Révolution sont un Etat dans l’Etat: ils dirigent les grandes industries et ont la main mise sur toute l’économie. Le régime est totalitaire et corrompu.
Les prix à la consommation ont triplé en un an, l’inflation est galopante, le peuple est déprimé. Il existe un risque existentiel pour le régime.
Les dirigeants se demandent comment réagir et deux scénarios sont possibles. Le premier suit la réaction chiite classique depuis le 7e siècle: faire la guerre, jusqu’à la mort, l’essentiel est de montrer au monde que l’Islam ne baisse pas la tête. La mort en martyr a souvent été l’arme ultime du monde islamique, cette réaction irrationnelle est ancrée dans la tradition chiite.
L’autre scénario suit une méthode employée par Mahomet, lorsqu’il a perdu son combat face aux gens de la Mecque. Il était laissé pour mort et là, il a conclu un accord de trêve pour 10 ans, qu’il a rompu 2 ans plus tard avant de conquérir la Mecque. La stratégie est de s’avouer vaincu mais uniquement dans le but de disposer de temps pour reconstituer ses forces et attaquer de plus belle.
Les menaces iraniennes sont donc à analyser au regard de ces deux attitudes courantes dans le monde islamique, parce que le régime n’a pas d’autre choix que de réagir.
Lph: Par leurs sanctions importantes, les Etats-Unis ne jouent-ils pas avec le feu?
Dr E.H.: C’est le discours des Européens. Pour eux, il convient de s’écraser devant l’Iran, sinon cela revient à jouer avec le feu. Les intérêts économiques doivent passer avant tout. Soulignons que 70 ans après la Shoah, aucun Etat européen n’a demandé à inclure dans l’accord, que l’Iran cesse ses appels à la destruction d’Israël. Le modèle européen ne fonctionne pas avec l’Islam. Il faut affirmer que nous sommes les plus forts. C’est aussi ce qu’il se passe entre Israël et le Hamas. Dès qu’Israël a montré des signes de faiblesse, les chefs spirituels du Hamas ont interdit la signature de tout accord. Pour éviter la guerre, il n’existe qu’une seule solution: être en position de force.
Lph: Pensez-vous que la vision européenne peut évoluer, comme on l’a vu aux Etats-Unis avec l’arrivée de Donald Trump?
Dr E.H.: En Europe, la gauche est dépendante des Musulmans. François Hollande avait dû sa victoire à l’électorat musulman. Le Hamas et le Hezbollah sont perçus comme des résistants et l’antisionisme est devenu de l’antisémitisme. Parallèlement, l’extrême-droite se réveille et déclare, à nouveau haut et fort, sa haine des Juifs. Nous avons une alliance vert (Islam), rouge (extrême-gauche) et marron (extrême-droite) qui prend une place importante dans les pays européens.
Le frein provient de la réaction face à l’arrivée massive d’immigrants musulmans qui ne s’intègrent pas. Ce refus d’intégration est une caractéristique de la »oumma ». La droite européenne veut endiguer cette aspiration d’une partie du monde musulman.
A cet égard, les dirigeants français et allemands, notamment, agissent contre la position de leur peuple, aidée en cela par des médias qui matraquent les gens d’informations biaisées, comme c’est le cas pour Israël.
Lph: Derrière Trump, on trouve les mouvements évangélistes, vous décrivez le poids de l’électorat musulman en France. Finalement, l’attitude de ces puissances au Proche-Orient est-elle dictée par des éléments plus religieux que politiques?
Dr E.H.: J’ai souvent évoqué l’aspect central de la religion dans tout ce qui concerne l’actualité du Proche-Orient en général, et d’Israël en particulier, en essuyant de nombreuses critiques. La conception athée européenne se heurte à cette théorie: pour elle, un Docteur ne peut pas être croyant et tout ce qui a trait à la religion est arriéré.
Aux Etats-Unis, on a beaucoup mieux intégré et assumé cette dimension. Les Evangélistes voient le retour des Juifs en Israël, comme l’acte de la Providence divine.
Le poids des religions est, en effet, important dans le traitement de la situation. Si l’Irlande ou l’Ecosse sont aussi anti-israéliens c’est par tradition catholique. Ils reprennent à leur compte l’antisémitisme du Hamas, du Hezbollah ou du BDS.
Tout comme pour l’Islam, Israël dérange le Catholicisme parce qu’il remet en cause leur essence même.
En Israël aussi, on ne prend pas suffisamment en compte l’aspect religieux, on le fuit parce qu’il est compliqué à comprendre et que les guerres de religion effraient. C’est une erreur de ne pas se spécialiser davantage dans la culture et les mœurs de nos ennemis. Lorsque la France colonisait l’Afrique du Nord, les services secrets français étaient des experts en Islam. Ce n’est qu’en prenant en compte ces paramètres culturels et religieux que l’on peut analyser en profondeur la politique à l’égard de ce qui se passe dans notre région.
Lph: La présidence Trump est une époque favorable à Israël. Doit-on s’inquiéter de l’après Trump?
Dr E.H.: La base du sionisme est de ne compter que sur nous-mêmes. L’histoire nous a appris à ne pas trop nous reposer sur telle ou telle entente, ou sur des miracles. Nous avons l’obligation de travailler et de nous défendre. Il est important de maintenir de bons liens avec l’Occident dans cette entreprise de préservation de notre Etat. Mais les meilleurs alliés ne changeront rien à la condition sine qua non pour pérenniser notre existence: nous devons être forts.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Vis à vis du judaïsme, l’occident chrétien est comme cet assassin qui a manqué son coup, sa victime est encore vivante, elle est la preuve de ses turpitudes et de ses erreurs.
Pour cet occident là, la renaissance d’Israël sur ses terres dément le dogme chrétien. L’ancien testament n’est pas celui que l’on croit.
Propos très justes et finalement très modérés de M. Herrera. Félicitations pour cette juste analyse.
Shabbat Shalom
Si vous montrez à votre ennemi musulman que vous êtes prêt pour le combat, vous n’aurez pas a vous battre.
Mais si vous lui montrez que vous le craigniez, vous aurez a vous battre.
très juste ! c’est ce qu’il se passera en France !
L’Occident ne veut pas d’une entente entre les Arabes et les Juifs , il y perdrait trop ! réfléchissons …et nous comprendrons….Richesse et Force contre amollissement cérébral !
Vous voulez éviter la guerre en vous écrasant devant les nazis. Paroles de Churchill O combien d’actualité, vous voulez faire plaisir à l’union eurabia en vous écrasant devant les nazislamistes, vous aurez la guerre et le déshonneur. Il en sera de même avec toute l’europe entière, gangrenée par l’islam.
Excellent article bien résumé ,il faudrait convaincre nos naïfs ,en Israël ,dont les pensées sont tournées vers l Europe .