Vendredi, lors de son discours très attendu devant le Congrès américain, le président Donald Trump a solennellement annoncé qu’il ne recertifie pas l’accord de Vienne signé en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances: “Avec cet accord, nous avons obtenu de faibles inspections en échange de rien de plus que de repousser, purement à court terme et temporairement, l’avancée de l’Iran vers l’arme nucléaire. Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire pour une courte période? Ceci est inacceptable pour le président des Etats-Unis”.
Selon le protocole, il met ainsi la balle dans le camp du Congrès qui aura la possibilité d’annuler totalement cet accord, de décider de nouvelles sanctions contre l’Iran ou de ne rien faire du tout. Au vu de la composition actuelle des deux chambres, la troisième solution semble exclue. Le président américain a d’ailleurs annoncé qu’il se réserve le droit d’annuler lui-même cet accord en fonction de l’attitude de l’Iran mais aussi si le Congrès ne prend pas les mesures qui s’imposent.
Donald Trump a ensuite accusé le Téhéran de “répandre la mort, la déliquescence et le chaos dans le monde”. Lors de son intervention, il a notamment retracé l’historique des relations entre les Etats-Unis et l’Iran depuis la révolution islamique de 1979, la longue prise d’otages à l’ambassade des Etats-Unis, il a rappelé les terribles attentats commis par le Hezbollah contre des objectifs américains pour le compte de l’Iran dans les années 1980, qui avaient coûté la vie à 241 soldats américains. Donald Trump a ensuite a évoqué la responsabilité iranienne dans des attentats commis en Arabie soudite, au Kenya ou en Tanzanie, son ingérence au Liban par le biais du Hezbollah, son rôle de destabilisation au Moyen-Orient, son programme balistique, ses activités nucléaires secrètes, l’antisémitisme et le négationnisme du régime et le fait que Téhéran ait accordé l’asile au fils d’Ossam Ben Laden après le 11 septembre 2001.
Le président américain a lors accusé l’Administration Obama d’avoir malgré tout cela voulu à tout prix signer cet accord, répétant encore une fois qu’il s’agit “de l’un des accords les plus mauvais et unilatéraux que les Etas-Unis aient jamais signés”.
Dans la suite de son discours, Donald Trump a annoncé qu’il exigera des changements profonds dans l’attitude de l’Iran dans ses programmes militaires et sa politique au Moyen-Orient.
Le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a immédiatement félicité Donald Trump pour “sa décision courageuse”: “Si cet accord reste tel quel, une chose est sûre: les plus grands fournisseurs du terrorisme mondial disposeront de l’arme nucléaire dans un délai relativement court. Il s’agit d’un danger pour l’avenir de l’Humanité entière. Donald Trump a créé aujourd’hui l’opportunité de réparer ce mauvais accord et de freiner l’agressivité de l’Iran et son soutien au terrorisme. Israël salue cette décision et tout gouvernement responsable devrait agir de la même manière”. Le chef du gouvernement israélien a hélas peu de chances d’être entendu, car les réactions dans les capitales européennes indiquent comme il fallait s’y attendre des réserves face à la décision du président américain. Pour des raisons commerciales ou par lâcheté, les dirigeants d’Europe occidentale qui se sont exprimés après ce discours se démarquent de la décision de Washington et continuent à prônet le maintien tel quel de l’accord et la poursuite de ce fameux “dialogue avec l’Iran” qui ne sert que ses intérêts.
A Téhéran, les réactions sont prévisibles. Le président Hassan Rohani a dénoncé à la télévision “un tissu d’insultes et d’accusations sans fondements”. Il a indiqué que l’accord signé en 2015 n’était pas bilatéral mais avait été signé avec les grandes puissances et qu’il était impossible de le modifier en quoi que ce soit. Sur un ton martial, il a rajouté: “La nation iranienne n’a jamais cédé à une pression étrangère et ne le fera jamais (…) L’Iran et l’accord sont plus forts que jamais (…) Le corps des gardiens de la Révolution va continuer le combat contre le terrorisme régional”.
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