Pour la 31ème année consécutive*, le CRIF a tenu son dîner lundi soir devant une dizaine de ministres et presque autant de candidats à la primaire de l’opposition. C’était le dernier dîner organisé sous la houlette de Roger Cukierman dont le mandat s’achève en mai prochain.
Près de 800 personnes s’y pressaient, pour la plupart des personnalités politiques ou institutionnelles, peu de chefs d’entreprise, Laurent Dassault, Sidney Toledano de Dior ou Roseline Khalifat d’Orange.
Manuel Valls au nom de l’exécutif, François Hollande ayant été retenu à Bruxelles, n’a pas déçu son auditoire: rarement un homme politique a si bien compris « l’angoisse des juifs français » évoquée par Roger Cukierman . Il a fustigé » l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ».
« Il y a l’antisémitisme de l’extrême droite mais on trouve aussi un antisémitisme dans l’extrême gauche » a poursuivi le Premier Ministre, devant ce parterre d’hommes politiques de droite comme de gauche ainsi que devant les nombreux journalistes venus couvrir ce rendez-vous citoyen qui nourrit les fantasmes des antisionistes et antisémites de toutes sortes. « Il y a l’antisémitisme des beaux quartiers, il y a aussi l’antisémitisme dans les quartiers populaires d’une jeunesse radicalisée.
Et encore “les paroles doivent être suivis par les actes”.
Sortant souvent de son texte, celui du Président de la République,
Manuel Valls a parlé à plusieurs fois de « terrorisme islamiste » alors que François Hollande se garde de toute référence à la religion musulmane quand il dénonce le terrorisme.
La lutte contre le BDS a aussi été évoquée : «La Cour de cassation a jugé plusieurs fois, et encore récemment, que l’appel du BDS à ne pas acheter des produits israéliens constituait “une discrimination fondée sur l’appartenance à une nation”. Cette discrimination n’est pas seulement illégale, elle est illégitime.
Et elle est même un non-sens quand on sait combien le savoir, la science, la culture, la création rapprochent les peuples!». Le Premier Ministre a enfin annoncé en réponse à un souhait du Crif que la « disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire entrer dans le droit commun figurerait dans le projet de loi « Egalité et citoyenneté » soumis au Parlement au printemps prochain« .
Ainsi il sera dit de la manière la plus claire que la liberté d’expression que nous chérissons, ce n’est pas le permis de répandre la haine ».
En mai prochain, c’est Francis Kalifat, vice-Président du Crif et unique candidat à la succession de Roger Cukierman qui devrait devenir le prochain Président du Crif. Il sera le premier Président sefarade depuis la création du Crif en 1944. Actuellement il n’y a qu’une seule femme sur dix sept membres du bureau du CRIF.
Pour la Journée Internationale de la Femme, on peut souhaiter qu’un jour pas trop lointain, on verra une femme devenir Présidente du Crif.
*Le premier dîner du CRIF date de 1985. Il s’est tenu au Sénat avec environ 200 invités. Imaginé par Théo Klein alors Président de cette institution, Sabine Roitman avait été chargée de l’organiser, en tant que Directrice responsable des relations extérieures du Crif. C’était le Premier Ministre, Laurent Fabius qui en était l’invité d’Honneur. Hier soir, en l’absence du Président retenu à Bruxelles, avec Manuel Valls, le Crif est revenu à son rendez-vous des premières années avec le Premier Ministre.