Pour l’amour de Sion je ne me tairai point, Pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos…
(Isaïe 62,1)
La dernière fadaise de certains Juifs de France interpelle toutes mes connaissances et mon enseignement biblique, aussi primaire soit-il! De quoi s’agit-il ? D’une soi-disant nouvelle terre promise alsacienne où il ferait bon vivre!
« Venez à Metz découvrir une vie juive intense : gan, école juive, collège, quatre lieux de culte, boucherie cachère, ‘erouv’ naturel, multiples associations…
Et ce n’est pas par hasard que la Communauté juive de Metz est aussi forte. Nous sommes portés par une ville dont l’histoire juive est l’une des plus anciennes, puisqu’elle remonte au Moyen-Âge, peut-être même à l’époque romaine, et est l’une des plus riches avec des Tzakidim de tout premier plan… »
Nous vante un site ahurissant: http://alyametz.com/
Combien de balivernes peut-on énoncer afin de continuer à se satisfaire dans le lit de sa maitresse interdite et fallacieuse? Initiative mal-heureuse et mal-venue d’individus peu enclins à prendre le taureau par les cornes, préférant, au contraire, perpétuer un genre humain, celui des « mutins de panurge » cher au regretté Philippe Murray.
Allons, si vous le voulez bien, en ma compagnie, à la rencontre du Testament de Dieu, de Moshé, des prophètes et des hagiographes afin d’aiguiser notre ouïe et nos sens.
Le roi Saül, dans le premier livre de Samuel chapitre 26, entend la voix de David qui l’interpelle directement, et réitère les arguments qu’il avait déjà avancés au chapitre 24:
V.18
« Pourquoi, continua-t-il, mon seigneur persécute-t-il son serviteur? Qu’ai-je donc fait? Et quel est mon crime? V.19 Et maintenant, que mon seigneur le roi daigne écouter les paroles de son serviteur: si c’est l’Eternel qui t’a excité contre moi, qu’il accueille mon offrande; mais si ce sont des hommes, ils seront maudits de Dieu, parce qu’ils m’ont empêché, en me chassant, de m’attacher à l’héritage de l’Eternel et m’ont dit: Va servir des dieux étrangers! »
De manière conceptuelle David formule, ici, une ordonnance intéressante, selon laquelle, toute personne chassée de la terre donnée par Dieu est considérée comme s’il lui avait été demandé de servir d’autres dieux. Comprenons bien, David semble vouloir témoigner d’une situation où il se voit contraint et forcé de fuir Eretz Israël pour s’exiler, bien malgré lui, chez les Philistins. Il y avait, par ailleurs, déjà séjourné au chapitre 21 et y retournera de nouveau au chapitre 27.
Ce n’est pas le seul endroit, dans le Tanach’, où cette idée transpire, elle trouve dans notre contexte biblique une expression plus forte et plus réfléchie.
Autre exemple significatif : les tribus de Reuven, Gad et Menashé provoquent un tollé et une levée de boucliers, chez Israël, lorsqu’elles osent construire un ‘grand Autel’ sur la rive est du Jourdain. Voici la réponse des deux tribus et demie:
« Non certes; si nous avons agi ainsi, c’est que nous avons craint qu’un jour vos fils ne disent aux nôtres: Qu’avez-vous de commun avec l’Eternel, Dieu d’Israël? Entre nous et vous, enfants de Ruben et de Gad, l’Eternel a posé une limite, le Jourdain: vous n’avez point de part à l’Eternel! Et ainsi vos descendants empêcheraient les nôtres de rendre hommage à l’Eternel. » (Josué 22,24-25).
Le sujet est donc clair et limpide. Toute communauté vivant en dehors des frontières accordées aux Hébreux, n’aurait aucune part dans le Dieu d’Israël.
Cette idée nous est familière dans le monde polythéiste où chaque dieu se voyait assigner un certain domaine, de sorte que celui qui perdait sa patrie acceptait l’autorité du dieu de son nouveau pays. Ainsi est-il rapporté à propos des Cuthéens, que le roi d’Assyrie exila en terre d’Israël:
« On dit alors au roi d’Assyrie: Les nations que tu as déportées et réinstallées dans les villes de Samarie ne connaissent point le culte du Dieu du pays…. » (Rois 2. 17, 26).
« Les Cuthéens y introduisirent le culte de Nergal, leur dieu national… » (2 Rois 17,30)
Certes, le Tanach’ rejette toute hypothèse où l’omni-science, présence et potence de Dieu seraient limitées à la seule Terre d’Israël. Néanmoins l’Ecriture établit la centralité et la cardinalité de la Terre d’Israël au sein de l’histoire des peuples et des nations.
« Un pays sur lequel veille l’Éternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. » (Devarim 11,12).
Ajoutons, sans l’ombre d’un doute, que même si du point de vue de Dieu, le fait de quitter la Terre d’Israël ne met pas un terme à Sa Providence. Cela constitue toutefois une désaffection symptomatique du peuple d’Israël et aujourd’hui de la Nation Hébreu.
Les origines de David, décrites dans le livre de Ruth, prennent source au creuset d’une famille qui eut la mauvaise idée de quitter la Terre d’Israël et dont les fils épousèrent des femmes étrangères, provoquant ainsi une assimilation galopante. Peu importe qu’à cette époque il n’y avait guère de moyen de communication entre les différents pays, cela limitait plus encore toutes possibilités de rester membre du Peuple Israélien tout en vivant à l’étranger. En ce sens, être chassé du pays signifie, en fait, être chassé du peuple, de la fidélité, de la responsabilité et de la vérité d’Israël. Voici ce que nos sages déclaraient dans le Talmud à ce propos :
« Nos rabbins enseignaient: un homme doit toujours de préférence résider sur la terre d’Israël, même dans une ville à majorité non-juive, plutôt qu’hors de la terre d’Israël, même dans une ville à majorité juive. En effet vivre sur la terre d’Israël, c’est avoir un dieu, vivre hors de la terre d’Israël, c’est n’en avoir point, puisqu’il est dit: « Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour vous donner celui de Canaan, pour devenir votre Dieu. » (Vayikra 25:38).
Ne pas vivre sur la Terre d’Israël implique donc de n’avoir point de Dieu ?
Non.
Ce passage signifie plutôt que vivre hors de la terre d’Israël, c’est comme adorer des dieux étrangers. L’exemple de David nous le montre. Il dit en effet: « … parce qu’ils m’ont empêché, en me chassant, de m’attacher à l’héritage de l’Eternel et m’ont dit: Va servir des dieux étrangers! » (Samuel 1. 26,19)
Lui a-t-on vraiment dit, va servir des dieux étrangers?
Non.
Mais cela indique que vivre hors de la terre d’Israël équivaut à « servir des dieux étrangers. » (Traité de Ketuvot 110b)
Le passage d’Abram à Abraham n’est pas facile : il n’est pas évident qu’Abram puisse redevenir, ipso facto, Abraham. Il ne pourra y parvenir qu’en acceptant de se soumettre aux dix épreuves. C’est difficile pour Abram, c’est cette difficulté là qu’un Juif devra transcender afin de redevenir membre de la nation hébraïque.
Il faut le faire, il faut y passer !
Grand-père était encore au ghetto ou au mellah. Ses fils s’assimilent. Son petit-fils devient israélien et ses arrières petits-enfants sortent gagnants d’une Histoire qui les donnaient perdants ou perdus.
Suivez Rony Akrich sur: https://www.facebook.com/settingsnhnn/
Photo by Yonatan Sindel/Flash90