Il existe un principe selon lequel tous les sujets abordés au sein d’une même paracha ont un point commun. Rien n’étant l’effet du hasard, la Torah n’a pas rassemblé, arbitrairement, différents thèmes dans le cadre d’une même lecture hebdomadaire. Pour illustrer cette idée, nous expliquerons le lien existant entre l’obligation des Cohanim de se laver les mains et les pieds, le chabbat et le veau d’or.
Le fil conducteur de ces trois thèmes est la Emouna
Faute de mieux, on traduit ce terme par foi, confiance, croyance, effort. Essayons de comprendre quelle idée essentielle sous-entend la emouna. La mitzva de croire en D.ieu sous-entend la conviction intime et fortement ancrée en nous qu’aucun Être, qu’aucune Force n’existe, en dehors de D.ieu. Non seulement le pouvoir politique ou économique, mais même la moindre existence n’a aucune réalité devant le Créateur. Et quand nous sommes en présence d’une difficulté quelconque, du monde matériel, d’un aspect de la vie sociale nous devrons être pleinement conscients que c’est Dieu seul qui est à l’origine de toutes choses. On l’aura compris, cette démarche intellectuelle doit être permanente pour asseoir solidement en nous cette Emouna.
LAVER ET ÉLEVER
On peut comprendre à présent pourquoi les Cohanim devaient se laver les mains et les pieds en même temps avant de commencer leur service sacré. Cette obligation est un enseignement pour chacun d’entre nous puisque nous faisons tous partie du « royaume de Cohanim et du peuple saint ». Effectivement, chaque matin avant de commencer une nouvelle journée et de rentrer dans la vie active nous avons l’obligation de nous laver les mains de la façon rituelle. Les mains (et les pieds) sont les deux seules parties du corps qui ont un contact direct avec le monde matériel. « Laver rituellement » se dit en hébreu « Netila ». Terme qui signifie également « élever ». Ce geste nous permet de mieux prendre conscience qu’il ne faut pas accorder une importance démesurée à la réalité et oublier Dieu. Toutefois cette prise de conscience quotidienne est insuffisante. Et c’est pourquoi chaque semaine nous célébrons le Chabbat. Dans le terme « Chabbat nous retrouvons l’idée de « retourner » vers la Source, « s’asseoir » c’est-à-dire se « poser », réfléchir et faire la part des choses, faire la « grève ».
PRENDRE CONSCIENCE
Globalement donc, le Chabbat, pour être vécu authentiquement, nous permet de prendre nos distances par rapport au monde. Quand un individu crée, fabrique ou modifie un objet, il peut penser qu’il se substitue à Dieu. Il peut s’imaginer tout dominer, tout contrôler. Il risque alors de perdre sa Foi. Durant le chabbat toutes les activités créatrices sont interdites. Ces 39 types de travaux représentent un éventail de toutes les activités possibles que peut avoir un être humain. Ne pas respecter Chabbat c’est se prosterner devant le Veau d’or. Cette révolte porte un nom. C’est la « avoda zara », l’idolâtrie qui est l’antithèse de la Emouna. Littéralement le vocable « Avoda zara » signifie penser qu’existe une autre réalité que Dieu. L’idolâtre ne nie pas le Créateur, il pense qu’il existe autre chose que Dieu. Il pense que sa volonté personnelle peut surpasser celle de Dieu. C’est ainsi que les commentateurs traditionnels expliquent pourquoi l’épisode du veau d’or est rappelé juste à la suite de la mention du chabbat. À présent nous voyons mieux quel est le lien qui existe entre l’obligation des Cohanim de se laver les mains et les pieds, le chabbat et le veau d’or. Le livre d’Esther que nous lirons prochainement sera aussi l’occasion pour chacun d’entre nous de dévoiler [meguila] ce qui est caché [Esther]. Effectivement Dieu se cache, son nom n’apparaît pas une seule fois dans le livre d’Esther ou dans les titres des journaux et pourtant c’est bien Lui qui dirige le cours de l’Histoire. Nous sommes libres de prendre conscience de cette réalité et d’agir en conséquence.