La journaliste Shirit Avitan Cohen d’Israël Hayom révèle des documents qui datent d’avant le 7 octobre et montrent la »conception » qui s’est avérée erronée dans laquelle était plongée Ronen Bar, le chef du Shabak.
Chaque année, le chef du Shabak publié un document concernant sa vision et les directives pour l’année à venir. Dans celui rédigé pour 2022, il a été indiqué que la stratégie nationale devait s’articuler autour de deux axes principaux: le renforcement de l’Autorité palestinienne en la séparant des événements dans la Bande de Gaza, ainsi que le soutien économique en Judée-Samarie, « l’inclusion progressive de Gaza dans un processus de reconstruction ».
Dans la directive rédigée par Bar pour 2023, il pose plusieurs questions sur la situation du Hamas et apporte les réponses qui lui semblent pertinentes. Shirit Avitan Cohen en rapporte trois:
- Observe-t-on des tendances divergentes au sein du Hamas ? La réponse est négative.
- Un investissement économique peut-il stabiliser la situation sur le terrain ? La réponse est positive.
- À long terme, cette stabilisation économique affaiblira-t-elle le Hamas ? La réponse est également positive.
Dans la suite du document, Bar recommande que la stratégie de sécurité nationale d’Israël se concentre sur les actions suivantes : démanteler l’axe de la résistance (Hamas, Hezbollah et Iran) en créant des divisions, en isolant le Hamas et en neutralisant les événements pouvant entraîner une escalade et une unification des fronts. Dans un second volet, il préconise de renforcer l’Autorité palestinienne, le Fatah et ses services de sécurité en Judée-Samarie tout en favorisant un soutien économique.
Concernant l’isolement du Hamas dans la stratégie nationale, le document ne recommande pas d’éliminations ciblées, mais seulement de neutraliser des événements pouvant mener à des crises. À ce stade, Bar ne considère pas le Hamas comme une menace militaire à part entière. Il insiste à nouveau sur le fait qu’un développement économique de Gaza affaiblirait l’organisation et recommande d’augmenter les investissements économiques pour stabiliser les fronts.
Dans les mois qui ont précédé le 7 octobre, le Shabak considérait que le danger venait de Judée-Samarie et que le Hamas tentait de transférer son action terroriste dans cette région, comme le prouvaient les attentats qui s’y sont déroulés.
Deux jours avant le massacre du 7 octobre, lors d’une réunion du Shabak, Bar présente deux options pour la stratégie israélienne :
- Un processus de « calme » à court terme, sans condition préalable concernant les négociations en cours sur le retour des otages détenus par le Hamas (à l’époque, il s’agit des soldats Oron Shaoul, z’l et Hadar Goldin, z’l, ainsi que des civils Avera Mangistu et Icham Al Sayed) ou sur l’arrêt des attaques terroristes planifiées depuis Gaza vers la Judée-Samarie.
- Une approche à long terme, qui inclut des mesures d’allègement significatives et le développement de Gaza, sous réserve d’un accord de sécurité et d’une réduction des activités terroristes dirigées depuis Gaza.
Dans ce cadre, Bar insiste à nouveau sur l’importance du soutien économique à Gaza et propose des allègements humanitaires en signe de « bonne volonté », notamment l’augmentation de 1 500 permis de travail pour les habitants de Gaza, l’amélioration de l’accès à l’eau et l’acheminement de médicaments.