Eyal Golan a lancé ce dimanche la vente de billets pour sa série de concerts « Gold 2025 » au stade Bloomfield de Tel Aviv, dont la première représentation est prévue le 12 juin. Selon son service de relations publiques, plus de 30 000 billets ont été vendus en moins d’une heure pour le premier spectacle, entraînant l’ouverture d’une deuxième date le 14 juin face à la forte demande.
Cette annonce intervient dans un contexte de vives polémiques entourant le chanteur, suite aux révélations de Taisia Zamoletsky, l’une des plaignantes dans l’affaire dite des « Jeux sociaux ». Après le témoignage public de cette dernière sur la chaîne Kan 11 en décembre dernier, près de 70 collectivités locales ont pris position en annonçant qu’elles n’inviteraient plus l’artiste à se produire lors de leurs événements municipaux.
La jeune femme, qui témoignait pour la première fois à visage découvert, a raconté comment, encore mineure, elle avait été enrôlée au sein d’un réseau de jeunes filles mis en place par l’entourage d’Eyal Golan pour satisfaire les appétits sexuels de ce dernier. Bien que l’affaire ait été classée sans suite à deux reprises par la police en raison d’un manque de preuves, le témoignage de Taisia Zamoletsky a suscité une onde de choc dans le pays, et amené la Knesset a organiser l’audition des plaignantes dans l’affaire des « Jeux sociaux ». Depuis, de nombreuses voix s’élèvent pour rouvrir l’enquête.
En réaction à l’ouverture de la billetterie, le mouvement « Building Alternative » a diffusé ce qu’il appelle une « charte de responsabilité personnelle » concernant le choix des spectacles et des artistes. Cette initiative invite les citoyens à s’engager à ne pas acheter de billets pour des spectacles d’artistes accusés de porter préjudice aux femmes. « Nous refusons de coopérer avec la normalisation de l’anormal, et choisissons de soutenir les créateurs, les artistes et les contenus culturels qui encouragent une société égalitaire, respectueuse et sûre pour tous », indique le texte de la charte.
Des organisations comme l’Association des centres d’assistance aux victimes d’agressions sexuelles, par la voix de sa directrice Orit Soliciano, ont appelé le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, à annuler le spectacle. La municipalité a cependant affirmé n’avoir aucune autorité légale pour intervenir, établissant une distinction entre les événements municipaux et les événements privés organisés dans des installations municipales louées commercialement.
Face aux appels au boycott, Meliam Productions, qui représente l’artiste, a vivement réagi en dénonçant ce qu’elle considère comme une tentative de « se faire justice soi-même ». « Appeler au boycott contre une personne innocente de tout crime et remettre sur le tapis une histoire d’il y a 13 ans dont les versions ont changé d’innombrables fois […], vous avez franchi une ligne rouge et nous ne resterons pas silencieux à ce sujet », a déclaré la société de production, qui a également souligné que ces actions causaient des « dommages irréversibles aux vraies victimes d’un crime ».