Ce qui va suivre n’est pas tendre. Il est encore temps de partir…
Cristina Comencini, réalisatrice, scénariste et écrivain, décrit le quotidien de son pays en quarantaine depuis un mois déjà, l’Italie. On savait donc ! On a regardé, sans voir, et on a poursuivi notre chemin. Lisez plutôt : “Nous pouvons sortir pour faire une promenade, mais seulement avec ceux qui vivent déjà avec nous, pas d’amis ou d’amies, pas même de visites à des parents qui vivent dans d’autres maisons. Seule la famille proche, ou personne si nous sommes seuls. Pas de cinéma, pas de théâtres, pas de concerts, musées, restaurants, bureaux, écoles, universités. Seul un membre de la famille peut aller faire les courses. Devant les supermarchés, il y a des files d’attente silencieuses de gens portant le masque, et chaque personne doit se tenir à un mètre de distance d’une autre, qui attend la sortie de quelqu’un pour pouvoir entrer à son tour. Même chose devant les pharmacies. Dans la rue, on fait un écart quand on croise un passant. “
Nous sommes en droit de nous poser des questions en Israël comme en Espagne, en France, en Angleterre et aux USA …
Alors que l’on assistait au lent naufrage de l’Italie, pourquoi n’avons-nous pas d’entrée adopté ces mesures drastiques afin d’endiguer la propagation rapide du virus et donc éviter la mort à l’italienne ? En quoi nous sommes-nous trompés ? Pourquoi le citoyen informé que je suis savait, écrivait déjà des scénarios tellement probables, alors que les politiques restaient figés ? On dansait hier encore.
Les capitaines se contentaient d’observer alors que le trou dans la coque était déjà béant.
Laissez-moi vous livrer le fond de ma pensée : après la guerre contre ce virus qui fait des ravages, une autre guerre va commencer, celle du procès de nos dirigeants sur le banc des accusés. Car en voulant préserver la sensibilité ou le confort de leurs citoyens, en croyant préserver une économie aujourd’hui en péril, les gouvernements les ont conduits dans des situations que nous vivons aujourd’hui, et qui ne feront qu’empirer selon le modèle italien, hélas.
Si seulement des mesures extrêmes avaient été prises dès le départ, le scénario aurait été complètement différent.
Tous les systèmes de santé, le nôtre aussi en Israël, sont pointés du doigt. Comme toutes les grosses structures, elles sont lourdes à bouger, entartrées. Bureaucratie au ralenti, carence en matériel de base, associées à des négligences répétées et une fatigue généralisée.
Après la bataille, lors du « J’accuse », on constatera que tout le monde savait mais que l’on s’est tu trop longtemps, comme toujours.
Comme dans la plupart des guerres, on y entre sans grande préparation et on découvre à l’intérieur un ennemi que l’on n’avait pas imaginé si fort, si préparé, si pernicieux. Les véritables héros sont toujours les soldats qui improvisent sur place et, au péril de leur vie, tentent de sauver leurs camarades lors de terribles combats. Observez-les, ces docteurs, ces infirmières, ces ambulanciers… Ils sont en première ligne et finiront par sauver la bataille. Comme le chante si sincèrement Jean- Jacques Goldman : « Merci, merci beaucoup ♥️ »
Je prie pour le peuple d’Israël déjà touché dans sa chair ici et là-bas, sur les autres continents.
Je prie pour tous les peuples qui luttent, souffrent et espèrent. J’implore D ieu de nous envoyer une solution, sous forme de traitement ou de vaccin, ou même d’une accalmie soudaine, qui ramèneront le calme tant désiré.
Nous nous battons, nous prions, et nous vaincrons. L’Hatikva est l’hymne d’Israël. L’espoir se définit en quelques mots salvateurs qui résument toute la capacité de résilience de notre peuple : « Agir et évoluer avec le mouvement » .
Nous allons survivre, nous allons vivre et changer. Demain aura un autre visage, plus adapté, plus humain. Des mains se tendront. Retour à la simplicité, à l’entraide nécessaire et indispensable pour notre reconstruction. Les plaies mettront du temps à se cicatriser mais nous nous en relèverons. Notre histoire en témoigne.
Aussi longue que soit la tempête, le soleil finit toujours par percer à travers les nuages.
Avraham Azoulay