Au lendemain de la démission de la députée et présidente de la coalition, Idit Silman (Yamina), les analystes politiques tentent de comprendre qui en sort gagnant et qui en sort perdant.
La journaliste politique de Ynet, Moran Azoulay, estime que le scénarion le plus probable, dans l’état actuel des choses, sera une anticipation des élections. Mais dans quelle situation se trouvent aujourd’hui les chefs des partis de la coalition?
Avec la démission de Silman, le parti du Premier ministre ne compte plus que 5 députés et la coalition 60. L’opposition aussi compte 60 députés, donc ne possède pas de majorité, d’autant que parmi les 60 députés, se trouvent les 6 de la liste arabe unifiée.
Les regards se tournent d’abord vers Yaïr Lapid, ministre des Affaires étrangères et Premier ministre par rotation. Alors qu’il est à la tête du parti le plus important de la coalition, il a renoncé à prendre la tête du gouvernement au profit de Bennett et avec la promesse d’une rotation en 2023. Pour l’heure, il semblerait que la seule option de devenir Premier ministre pour lui soit pendant une durée très courte et à la tête d’un gouvernement de transition, soit avec très peu de pouvoir. En effet, suivant l’accord de rotation, si des élections anticipées devaient être organisées, alors Bennett laisserait automatiquement sa place à Lapid. La question que pose aujourd’hui son entourage est celui du gain politique de celui qui se voyait déjà à la tête d’un grand camp politique, s’il ne devenait que Premier ministre de transition. Certains l’appeleraient même à renoncer à ce titre.
Benny Gantz, quant à lui, n’a jamais été pleinement satisfait de ce qu’il a obtenu dans ce gouvernement et se verrait bien voler la place de chef du camp de centre-gauche à Lapid. La situation politique créée par la démission de Silman pourrait lui offrir les conditions pour atteindre son objectif politique, même si officiellement il dit tenir à la stabilité du gouvernement actuel.
Le Premier ministre Bennett apparait comme le grand perdant de l’acte politique de Silman. Celui-ci a dévoilé ses difficultés à ”tenir ses troupes” qui ne sont pourtant pas nombreuses. D’ailleurs, Orbach, Shaked et Kara ne se seraient pas privés hier pour lui faire remarquer qu’il était passé à côté de ce qui se tramait chez Silman. S’il espérait créer une réalité sur le terrain qui renverse la mauvaise tendance dans les sondages pour lui à titre personnel et pour son parti, la démission de Silman coupe court à tout espoir de ce côté. Il semble que Bennett n’en aura pas le temps avant des grands chamboulements politiques et notamment la tenue d’élections anticipées. Néanmoins, d’après un responsable de Yamina, la réunion hier entre les ministres et députés du parti aurait porté ses fruits. Si Kara a entretenu des discussions avec Silman et Chikli pendant toute la journée d’hier, à la fin de celle-ci, il a notifié qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. Une défection d’Orbach ou de Kara ne semble pas à l’ordre du jour dans un futur proche.
Celui qui tirerait son épingle du jeu pourrait être Avigdor Liberman. Il dipose, contrairement à Saar, Bennett et aux partis de gauche, d’une base électorale très stable et sait qu’il pourra peser quel que soit le scénario. Il se rêve même en Premier ministre.
Enfin, Binyamin Netanyahou pourrait sortir gagnant de ce drame politique. Pour compléter sa victoire, le chef de l’opposition travaille d’arrache-pied pour rallier d’autres députés de l’aile droite du gouvernement et ainsi obtenir une majorité déjà dans la Knesset actuelle, qui constituerait une bonne base de départ vers de nouvelles élections.
D’après une analyse de Moran Azoulay, Ynet.