La police israélienne et le Shin Bet (service de sécurité intérieure) ont annoncé ce jeudi le démantèlement d’une infrastructure financière sophistiquée qui aurait permis le transfert de millions de shekels du Hamas en Turquie vers des groupes terroristes en Judée-Samarie.
Six citoyens arabes israéliens ont été inculpés par le département de cybercriminalité du procureur de l’État pour leur implication dans ce réseau, notamment pour « contact avec un agent étranger » et « trafic de biens terroristes ».
Selon l’acte d’accusation, le réseau aurait utilisé un système de « compensation » ingénieux pour contourner les contrôles financiers : des fonds initialement destinés à l’achat de biens immobiliers en Turquie par des ressortissants israéliens étaient convertis en espèces par des changeurs en Israël, puis acheminés vers des groupes terroristes en Judée-Samarie.
L’enquête menée conjointement par l’unité Lahav 433 de la police israélienne et le Shin Bet a identifié Fadi Arabi, 33 ans, résident d’Araba en Galilée, comme l’un des principaux organisateurs de ce réseau. Il aurait établi un canal financier avec son frère Nissim, installé en Turquie, lui-même en contact avec Wajidi Saadi, un homme de 41 ans originaire de Jénine, décrit comme un « canal important pour le transfert de fonds terroristes ».
Les enquêteurs ont découvert que face aux arrestations de certains de ses contacts en Judée-Samarie, Fadi Arabi avait adapté ses méthodes, recrutant de nouveaux intermédiaires, notamment Muhammad Tzitz et Adham Dolani, deux résidents d’Acre. Ces derniers auraient transféré plus de 3 millions de shekels (environ 750 000 euros) tout en sachant que ces fonds « provenaient d’éléments terroristes et étaient destinés à promouvoir des activités terroristes contre l’État d’Israël ».
Au total, l’acte d’accusation fait état de 16 transferts distincts pour un montant cumulé dépassant 3,5 millions de shekels (environ 875 000 euros), avec des sommes allant de 87 000 à 400 000 shekels par transaction.
Selon les autorités israéliennes, Wajidi Saadi, qui a quitté la Judée-Samarie pour la Turquie en 2016, aurait travaillé non seulement pour le Hamas, mais également pour le Jihad islamique palestinien et la Force Qods des Gardiens de la révolution iraniens, coordonnant des transferts de fonds destinés à « recruter des infrastructures militaires terroristes en Judée-Samarie ».