Le ministre de l’Education, Yoav Kisch, a obtenu gain de cause: la Pr Eva Illouz n’obtiendra pas le Prix d’Israël en sociologie, prix qui ne sera pas du tout décerné cette année.
Kisch refusait d’attribuer ce prix à la Pr Illouz après qu’en mai 2021, elle a fait partie des signataires d’une pétition adressée à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, appelant à ne pas faire confiance aux autorités israéliennes concernant les enquêtes sur les crimes de guerre.
« Indépendamment de ses réalisations académiques, la professeure Illouz a choisi, en mai 2021, de soumettre une requête d’enquête contre l’État d’Israël à la Cour pénale internationale de La Haye. Il s’agit d’une démarche grave et exceptionnelle auprès d’une institution internationale qui agit contre Israël, contre les soldats de Tsahal et les forces de sécurité, et qui jette le discrédit sur les systèmes fondamentaux de l’État », a déclaré Kisch.
Le ministre de l’Éducation a demandé aux membres du comité du prix de revoir leur recommandation d’attribuer le prix à la professeure Illouz. Il a toutefois précisé que s’il y avait des excuses publiques et un retrait de sa signature de la pétition adressée à La Haye, il pourrait reconsidérer sa position.
Kisch a ajouté dans sa lettre : « Je n’ai pas l’intention d’attribuer le Prix d’Israël à une personne qui s’adresse à la Cour pénale internationale contre l’État d’Israël. Nous voyons comment cette cour porte atteinte aux soldats de Tsahal et aux dirigeants du pays. Vous êtes donc appelés à reconsidérer votre recommandation de nommer la professeure Eva Illouz comme lauréate du Prix d’Israël, en raison de sa démarche auprès de la Cour pénale internationale, dans une requête grave affirmant que les institutions d’enquête et judiciaires israéliennes, y compris ses tribunaux, ne mènent pas d’enquêtes sérieuses sur les »crimes de guerre commis par Israël dans les territoires occupés, en totale violation du droit international’‘. »
Le ministre de l’Éducation a poursuivi : « Après la tragédie du 7 octobre, à une période où nous menons une lutte acharnée contre les organisations terroristes, il n’y a aucune raison d’attribuer la plus haute distinction étatique d’Israël à une personne qui a choisi, par une idéologie clairement anti-israélienne, de s’adresser à une institution qui n’hésite pas à porter des accusations mensongères contre les officiers et les soldats de Tsahal et qui collabore avec des organisations terroristes pour les poursuivre, y compris à l’heure actuelle. Cette démarche ne nuit pas seulement à l’État d’Israël, mais elle affaiblit aussi notre moral et encourage les attaques contre nous. »
En l’absence d’excuses de la part de la principale intéressée et suite à la demande du ministre, le comité du prix d’Israël s’est à nouveau réuni et n’est pas parvenu à trouver un consensus sur le nom d’Eva Illouz pour recevoir le prestigieux prix. Il a donc été décidé qu’elle ne le recevrait pas et qu’il n’y aurait aucun lauréat du Prix d’Israël en sociologie cette année.
Eva Illouz est née au Maroc. A l’âge de 10 ans elle s’est installée en France avec sa famille et fait son alya dans les années 80.
La professeure Eva Illouz a reçu plusieurs prix internationaux et ses livres ont été traduits en 23 langues. Elle est actuellement professeure dans le département de sociologie et d’anthropologie de l’Université hébraïque de Jérusalem.
Dans une interview accordée au journal allemand Der Spiegel en 2014, elle a exprimé son point de vue sur le conflit israélo-palestinien, déclarant notamment : « Là où vous voyez des êtres humains, les Israéliens voient des ennemis. Israël est un pays divisé, schizophrène. »
Interrogée sur le fait qu’Israël soit devenu une société de plus en plus militarisée, la professeure Illouz avait alors répondu : « Israël est une puissance militaire colonialiste ; l’armée contrôle les Palestiniens à travers un ensemble d’outils colonialistes. »