L’ancien Grand Rabbin de France, René Samuel Sirat, est décédé ce vendredi à l’âge de 93 ans, à Jérusalem.
Né en Algérie en 1930, le Grand Rabbin Sirat appartenait à la génération qui a contribué à reconstruire le judaïsme français d’après-guerre. Il possèdait un parcours impressionnant depuis ses 15 ans, qui l’avait amené au poste de Grand Rabbin de France, à enseigner à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) mais aussi à être l’un des pionniers de l’enseignement de l’hébreu en France et du rapprochement entre les religions.
En 2019, il avait été le lauréat du prix de l’éducation toranique de Diaspora, décerné par la Mihlelet Lipshitz, aux côtés du Rav Haïm Druckman. Mais il faut souligner que l’œuvre du Grand Rabbin Sirat a dépassé les frontières françaises, puisqu’il a toujours été très attaché à Israël, y avait effectué de nombreux aller-retours avant de faire son alya et avait même été à l’origine de l’ouverture d’une université israélienne où il enseignait.
Au moment de cette remise de prix, LPH s’était entretenu avec sa belle-fille, Dina Sirat. Elle nous avait confié ses sentiments au lendemain de cette remise de prix si particulière pour sa famille et pour tout le judaïsme français : »Ce qui m’a frappée c’est que ce prix émanant d’une institution orthodoxe sait aussi récompenser l’ouverture. Mon beau-père est un fervent défenseur de l’ouverture vers l’autre et c’est aussi ce que ce prix souligne ouvertement. Pour lui, les hommes de religion ont, dans leurs missions, celle d’œuvrer pour la paix, sans être naïf, sans pour autant ne pas voir les obstacles sur le chemin ».
Elle soulignait aussi que cette récompense mettait en lumière les atouts du judaïsme français, qui sait rassembler. »En Israël, on aime catégoriser. Les Juifs français ont cette qualité de voir un Juif tel qu’il est, sans chercher à l’enfermer dans un tiroir. C’est aussi ce que mon beau-père a transmis à ses enfants et petits-enfants : apprendre à aimer et savoir attirer les gens. Connaître les prières, apprendre à étudier sont des fondamentaux mais il ne faut pas négliger aussi ce qui ne dépend pas forcément de la pratique : être conscient de son identité juive et la revendiquer ».
Si elle devait retenir un message de l’œuvre de son illustre beau-père, ce serait celui-ci : »L’écoute et l’ouverture sont les bases de son enseignement. La discorde nous détruit, nous devons apprendre à nous tourner vers l’autre ».
Elle concluait en nous partageant la chance de vivre auprès du Grand Rabbin Sirat : »C’est un homme très modeste et authentique. Il possède une véritable bonté, fait preuve d’une vraie attention envers l’autre. Sans chercher les projecteurs, il est à l’écoute de chacun. C’est une véritable chance pour nous, ses proches, nous en profitons tous ».