Ce Shabbat le chanteur Daniel Lévi est décédé des suites d’un cancer, à l’âge de 60 ans. Cela faisait plusieurs années qu’il était malade et sa femme Sandrine Aboukrat avait publié un message jeudi dernier expliquant que les jours de son mari étaient comptés et demandant de prier pour lui.
Le couple avait accueilli une petite fille il y a moins d’un mois. Sa naissance avait été annoncée par le chanteur dans une vidéo.
Il y a trois ans, il avait pourtant réussi à surmonter la maladie et avait guéri avant de rechuter.
Rendu célèbre par la comédie musicale ”Les Dix Commandements”, Daniel Lévi était très attaché à la pratique du judaïsme et a réussi à se faire un nom dans le monde de la chanson en France tout en respectant le Shabbat et en se revendiquant ouvertement juif.
Quelques temps après avoir guéri en 2019, il avait effectué plusieurs concerts en Israël. A cette occasion il avait répondu aux questions de LPH. Nous vous proposons un extrait de cette interview, à sa mémoire.
Que son souvenir soit béni.
Lph : Tout d’abord, comment allez-vous?
Daniel Lévi: Après la tempête les eaux se sont calmées. Tout va bien. L’épreuve a été difficile, mais grâce à l’aide d’Hachem, à ma force de caractère, à ma foi et bien sûr à mon entourage et aux médecins de qualité qui se sont occupés de moi, j’ai pu m’en sortir.
Vivre ces durs instants permet de prendre conscience que la vie est un cadeau, chaque jour est un miracle. Lorsque l’on est privé de nos fonctions essentielles, que même respirer seul nous est impossible, on comprend que nos peines sont souvent bien relatives.
Lph: Avez-vous appréhendé de remonter sur scène, lors de votre premier concert après votre guérison, à l’Olympia, le 6 juin?
D.L.: Je suis remonté sur scène pour un concert de 3h30, contre l’avis des médecins. J’étais impatient de retrouver la scène, le public, de partager à nouveau avec lui ces instants. Et je n’ai pas été déçu : l’accueil a été extraordinaire, le public nombreux et enthousiaste. J’ai reçu beaucoup d’amour et j’ai tout donné. Je ne me suis jamais senti aussi bien sur scène. J’espère renouveler cela avec le public israélien.
Lph: C’est donc avec le plein d’énergie que vous arrivez en Israël?
D.L. : Venir en Israël, c’est revenir à un lieu auquel je suis intimement lié. Quand on est juif, que l’on s’appelle Lévi et que l’on est un fou d’histoire comme moi, la terre d’Israël est une terre de hauts faits, qui nous relie à notre histoire, à ce que nous lisons chaque semaine, dans la Torah.
Lph : Vous revendiquez votre identité juive, votre attachement à la religion et à Israël. N’avez-vous jamais craint que cela porte atteinte à votre carrière en France ?
D.L. : Cette question, je me la suis posée, il y a bien longtemps. Au début de ma carrière, pour me lancer, j’avais pris un pseudonyme. Puis j’ai décidé d’y renoncer. J’ai vite compris que cela ne servait à rien de se cacher. Je n’ai pas besoin d’avoir un pseudonyme, ma musique est vraie, moi aussi. Au fur et à mesure, j’ai toujours fait des choix, dans ma quête de spiritualité, dans mon engagement croissant dans la pratique. J’ai affirmé mes convictions, je les ai assumées.
Lorsque le succès était au top, alors on ne pouvait que se plier devant le raz-de-marée et je n’avais aucun problème. Par la suite, on m’a mis des bâtons dans les roues, mais j’ai continué à être fier de mes choix.
Lph : Subissez-vous de l’antisémitisme ?
D.L. : On se garde bien d’être inconvenant avec moi. Mais l’antisémitisme existe et c’est un fléau. A l’époque des ”Dix Commandements”, il était encore silencieux. Depuis, il ne cesse de se développer. J’observe les évolutions de notre société mais de loin. Je ne suis pas naïf, je sais qu’il faut être prudent. Lorsque les Gilets Jaunes ont déferlé dans les rues de France, j’étais à l’hôpital, j’étais un privilégié, en quelque sorte.
Mon expérience me permet de dire que je comprends un peu la nature humaine. Les populismes qui lèvent la tête dans tous les coins d’Europe sont les signes des travers de l’être humain. Cela va à l’inverse de notre Torah, qui nous enjoints à raffiner notre être, notre âme, nos sensations.
Photo: Fox’Eye Artist Wikipédia