L’une des voix les plus éclairées et équilibrées du monde juridique israélien s’est éteinte. La Prof. Ruth Gabizon est décédée à l’âge de 75 ans. Elle était considérée comme l’une des plus prestigieuses spécialistes dans le domaine du droit. Elle avait fait partie de nombreuses commissions donc la commission Vinograd chargée d’étudier les disfonctionnements lors de la 2e Guerre du Liban. Lauréate du prix Israël, Prof. Ruth Gabizon était à une époque pressentie pour devenir juge à la Cour suprême, mais sa candidature avait été combattue et stoppée par l’ancien président de la cour, Prof. Aharon Barak, car elle ne correspondait pas à ses vues idéologiques quant à l’activisme judiciaire.
Prof. Ruth Gabizon avait des positions modérées et rassembleuses sur le plan sociétal, et elle fut notamment l’auteure avec le rav Yaakov Madan, directeur de la yeshiva Har Etzion d’Alon Chevout d’un document proposant un compromis sur les questions des relations entre l’Etat et la religion.
Cette éminente juriste n’était pas particulièrement comme une femme de droite ou une partisane du Premier ministre Binyamin Netanyahou, mais sa clairvoyance et son honnêteté intellectuelle l’avaient poussées à il y a quelques mois a déclarer qu’elle ne pensait pas que dans les circonstances actuel du monde judiciaire, Binyamin Netanyahou bénéficierait d’un procès honnête et objectif.
Les hommages sont nombreux après l’annonce de son décès :
Reouven Rivlin : “Prof. Ruth Gabizon, brillante juriste s’en est allée. Son esprit vif et complexe on fait que personne n’a jamais réussi à lui attribuer une étiquette. Ses positions étaient toujours limpides et claires comme le cristal. Dans ses actions et ses propos, elle a consacré sa vie pour favoriser le caractère juif et démocratique, démocratique et juif, de l’Etat d’Israël.”
Binyamin Netanyahou : “Je déplore profondément le départ de la Prof. Ruth Gabizon, lauréate du Prix Israël et l’une des figures les plus marquantes du monde juridique en Israël. Sa voix si singulière se faisait entendre de manière forte et claire, même si cela n’entrait pas toujours dans le consensus établi. Elle a souvent refuse de se fondre dans la masse et a exprimé des positions indépendantes, courageuses et pionnières qui mettaient au défi le débat juridique et marqueront de leur empreinte durant de nombreuses années.”
Ayelet Shaked, ancienne ministre de la Justice : “La Prof. Ruth Gabizon, lauréate du Prix Israël, était une femme brillante, avec un agenda clair qui voulait mettre l’accent sur ce qui est commun et non ce qui divise. Son avis était toujours important, circonstancié et apprécié tant à gauche qu’à droite. Chaque ministre de la Justice avait l’habitude de recueillir son avis sans préjugé idéologique. Elle incarnait le respect de la démocratie et de la séparation des pouvoirs et considérait que la Cour suprême n’avait pas à interférer dans les questions politiques et que tout n’est pas du ressort du pouvoir judiciaire.”
Naftali Benett : “Tout au long de sa carrière, Prof. Ruth Gabizon n’a jamais hésité à exprimer ses opinions avec courage, même en en payant le prix. Une femme de caractère qui manquera à l’Etat d’Israël. Ce fut une juriste éminente qui croyait au bon sens, à la prise en compte de la réalité sur le terrain, au lien nécessaire entre les catégories de la population, à l’amour de l’Etat et à la nécessité de maintenir la limite d’action du système judiciaire…”.
Photo Olivier Fitoussi / Flash 90