L’audience de mardi matin devant la Haute Cour concernant la destitution de Ronen Bar, le chef du Shin Bet, a débuté dans une atmosphère chaotique, marquée par l’expulsion de la députée Tali Gottlieb et le père d’un soldat tué au combat, entraînant une suspension temporaire des débats. Après cet interlude forcé, les délibérations ont néanmoins repris, permettant au gouvernement de présenter ses arguments en faveur de ce limogeage, tandis que l’État et les nombreux plaignants opposés à cette révocation ont présenté les leurs. L’audience est diffusée en direct à la télévision israélienne.
Il s’agit pour la Haute Cour d’examiner les recours déposés contre la destitution du chef du Shin Bet. Entretemps, la cour avait émis une ordonnance temporaire gelant la procédure de licenciement, tout en autorisant le Premier ministre Netanyahou à rencontrer d’autres candidats potentiels. Selon la décision gouvernementale, le renvoi effectif de Ronen Bar devrait prendre effet le 10 avril.
Représenté par Maître Zion Amir, l’exécutif affirme détenir l’autorité légale de démettre le chef du Shin Bet. Les juges n’ont pas contesté ce principe, mais ont interrogé sur les modalités de mise en œuvre. L’argumentaire gouvernemental repose essentiellement sur une rupture de confiance survenue après les événements du 7 octobre, situation qui se serait détériorée progressivement. Selon l’avocat, maintenir Bar à son poste constituerait une « menace pour la démocratie ».
L’argumentaire présenté par Maître Aner Hellman, représentant le procureur général, s’articule autour de l’existence de « considérations étrangères » – un motif légitime justifiant l’intervention judiciaire dans les décisions gouvernementales. Selon lui, les investigations en cours, notamment l’affaire « Qatargate » qui touche des collaborateurs directs de Netanyahou, constitue un conflit d’intérêts majeur empêchant le gouvernement de limoger Ronen Bar, au moins jusqu’à ce que l’enquête soit close.
Les pétitionnaires, parmi lesquels figure l’avocat Eliad Shraga du Mouvement pour un gouvernement de qualité, ont appuyé cet argument du procureur, formulant leur opposition de manière directe: il est fondamentalement incompatible avec les principes de l’État de droit qu’un responsable sous enquête puisse limoger celui qui mène ces investigations.
Dans le cas où la Haute Cour trancherait contre le limogeage immédiat de Ronen Bar, plusieurs responsables gouvernementaux dont le ministre de la Justice ont d’ores et déjà appelé à faire fi de l’autorité de ce dernier, créant ainsi un risque sécuritaire substantiel. Cette défiance entraînerait par ailleurs une crise institutionnelle majeure.