C’est une photo, postée par Laly Derai, qui a enflammé les réseaux sociaux. Directrice du programme Atid Israël, ancienne journaliste, qui intervient régulièrement sur I24 news, Studio Qualita et sur certains médias israéliens, en tant qu’observatrice, elle est progressivement passée du statut de femme engagée à femme politique, motivée par une passion et un amour pour la terre et le peuple d’Israël.
Quelle est donc cette photo polémique? On y voit Laly en compagnie de trois autres femmes: une laïque, une éthiopienne et une bédouine du nord du pays. Apparemment innocent, ce cliché a déclenché les passions, surtout en raison de la présence d’une femme musulmane, posant la question du rapport que l’on doit entretenir avec nos voisins. LPH s’est entretenu avec Laly Derai afin de clarifier le débat, de comprendre ses motivations, ses objectifs et ses ambitions.
Le P’tit Hebdo: Racontez-nous la genèse de cette photo?
Laly Derai: Zamenay (à gauche sur la photo) est une amie depuis un an. Nous faisons partie d’une initiative nommée Tor Hazahav qui vise à mettre au centre des valeurs de la société israélienne les valeurs du monde séfarade, traditionaliste, comme la famille et le respect de la tradition. Nous avons toutes les quatre été acceptées (ainsi que 16 autres Israéliens issus des quatre coins du pays, géographiquement, politiquement et socialement parlant) dans un programme visant à former les politiciens de demain. Dans le groupe WhatsApp de ce programme, Zamenay, Ikram et Yaël ont écrit qu’elles cherchaient un covoiturage pour se rendre à la première réunion. Étant à Tel Aviv, je leur ai tout simplement proposé de venir avec moi. Arrivées sur place, le garde du parking nous a dit qu’il n’avait jamais vu une voiture aussi éclectique. D’où l’idée de prendre cette photo.
Lph: Quel est ce programme dont vous parlez?
L.D.: Il s’agit du programme « 120 » de l’association Shaharit qui permet à des Israéliens de tous les horizons de se rencontrer, de se parler, de confronter leurs idées et de sortir du schéma manichéen dans lequel nous sommes enfermés. Combien de fois, dans notre quotidien avons-nous l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des gens qui ne nous ressemblent pas? L’objectif de ce programme est, comme je le disais, de créer un nouveau leadership politique capable de voir nos intérêts communs et pas uniquement nos divergences. Tous ceux qui sont dans ce programme ont l’intention d’arriver un jour sur les bancs de la Knesset. Nous entamons un an de discussions, au bout du compte, des projets naîtront peut-être, ce qui est sûr c’est que nous formons des cadres politiques pour un avenir avec une meilleure compréhension mutuelle.
Lph: L’organisation Shaharit était, jusqu’à cette année, financée par le Keren Hahadasha, connue pour ses positions très à gauche. Cela nous vous a-t-il pas gênée?
L.D.: Shaharit existe depuis de nombreuses années. En effet, elle a reçu des financements du Keren Hahadasha. Lorsqu’ils sont venus me proposer de faire partie de leur programme, je n’ai pas foncé tête baissée. J’ai été séduite par l’idée de connaître des gens différents, de faire partie d’un échantillon représentatif des nuances de la société israélienne et de pouvoir confronter mes idées.
Néanmoins, avant d’accepter, j’ai procédé à certaines vérifications, dont le financement de l’organisation. J’ai été la première, il y a plusieurs années, à dénoncer le financement occulte des ONG israéliennes. Sous couvert de pacifisme et d’humanisme, elles nous plantent un couteau dans le dos. J’avais appelé cela, »la Colombe de Troie ». Ce n’est qu’après avoir obtenu les preuves que le Keren Hahadasha ne finançait plus le programme que j’ai bien voulu poser ma candidature. En fait, le Keren Hahadasha a décidé de stopper tous ses versement à Shaharit parce que justement, il ne correspond pas à sa ligne politique et n’est pas assez »progressiste et à gauche ».
Lph: On vous a reproché de pactiser avec l’ennemi, en posant aux côtés d’une musulmane; on vous a même qualifié de »traître »! Que cherchez-vous dans ce programme?
L.D.: Etre qualifiée de traître sur la base d’une photo m’a choquée. Quelques personnes ont pourri mon fil FaceBook suite à la publication de cette photo. J’ai eu le tort de leur répondre. J’en retiens deux leçons: la première est qu’il ne faut pas répondre aux insultes, la seconde est que la plupart des gens ont eu de bonnes réactions et que le projet que je défends leur parle. C’est pour moi une bonne raison d’être optimiste.
Je ne compte pas renoncer à mes idées. On peut discuter, partager sans pour autant renier ce que nous sommes! Mon but est de confronter mes idées, de les affiner, tout en prenant en compte le fait que nous ne vivons pas seuls ici. J’affirme haut et fort, que nous sommes ici les souverains, mais les autres existent, ils sont là et ne vont pas s’évaporer. Politiquement nous avons besoin d’eux. Par ce programme, je vais connaitre des gens qui vivent dans MON pays. Nous ne vivons pas dans une bulle.
Mon fils est officier dans Golani. Il a, sous ses ordres, des soldats bédouins, qui pourraient être les frères ou les cousins d’Ikram sur la photo. Ils sont les meilleurs de son unité. Que doit-il faire avec? C’est toute la beauté du retour d’Israël sur sa terre: nous sommes les maîtres à bord mais nous ne pouvons pas faire comme si les autres n’existaient pas.
Lph: Le danger sécuritaire existe bien pourtant. Se rapprocher d’eux n’est-ce pas prendre des risques?
L.D.: Je ne suis pas naïve. J’habite à Eli, je peux me faire poignarder, écraser, à tout moment. Je connais les risques, je les vis tous les jours. Je sais qu’une bonne partie d’entre eux veulent ma mort, je suis méfiante. Mais faut-il pour autant rejeter tout le monde? Pourquoi ne pas laisser s’exprimer toute cette frange de la population musulmane qui veut vivre avec nous. J’ai rencontré des Arabes qui prient tous les jours pour ne pas passer sous la souveraineté palestinienne. Nous devons nous appuyer sur eux.
Lph: On nous a toujours enseigné, en France déjà, à ne pas trop se rapprocher des non-Juifs. Mettons de côté les considérations sécuritaires, partager des projets avec eux, n’est-ce pas l’avènement d’une société assimilationniste?
L.D.: Contrairement à ce que certains ont pu dire, le fait de prendre une photo avec une Musulmane, ne veut pas dire que je l’aime et que j’irai au cinéma avec elle! Il est clair que ce projet demeure politique, en fonction d’intérêts communs. Il ne doit, en aucun, pénétrer notre intimité. Les limites sont évidentes.
Lph: Puisque nous parlons de limites, peut-on parler avec tout le monde? On vous a reproché votre dialogue avec Ofer Bronstein, vous aviez aussi, en tant que journaliste, interviewé Charles Enderlin. Quelles sont vos lignes rouges?
L.D.: Au lendemain de Tsouk Eytan, on m’avait demandé de partager un plateau sur I24 news avec un activiste d’extrême gauche, qui avait quitté le pays pendant la guerre, pour ne pas avoir à remplir ses obligations militaires et qui, non content de cette désertion, avait fait le tour des capitales d’Europe pour cracher sur Israël. J’ai refusé de participer à l’émission. Je ne parle pas avec ce type de personnages.
Lph: Vous vous définissez comme une femme de droite. Pourtant, vos positions parfois interrogent sur ce que cela signifie pour vous. Qu’est-ce qu’être de droite?
L.D.: Etre de droite, c’est comprendre que cette terre nous appartient à 100%, que chaque renoncement à un centimètre est une faute stratégique, sécuritaire et morale.
Etre de droite, c’est avoir une échelle de valeurs liées aux valeurs juives. On se définit d’abord comme juif, ensuite comme israélien. Du coup, notre rapport à la terre est métaphysique. Nous ne sommes pas là parce qu’Israël est une terre refuge pour les Juifs mais bien pour des considérations métahistoriques, qui nous relient viscéralement à ce lieu.
Etre de droite, c’est avoir une vision de long terme et comprendre que nous devons trouver des solutions de coexistence avec les Palestiniens, parce qu’ils ne vont pas disparaitre. C’est parce que je veux rester que je dois regarder mes ennemis en face et réfléchir. Etre de droite, c’est être prêt à vivre avec eux, tout en restant clair que le souverain, c’est le peuple juif. Cette reconnaissance est essentielle.
Lph: On reproche à la gauche d’être utopiste, mais si l’on reprend votre définition de la droite, ne le serait-elle pas aussi? Comment croire que les Palestiniens reconnaitront un jour la souveraineté juive?
L.D.: La gauche est dans un brouillard idéologique, qui l’entraine dans un racisme visant à nous séparer des Palestiniens. Il est évident que la direction palestinienne ne va pas se lever demain en reconnaissant la souveraineté juive. Nous allons devoir être fermes avec eux, beaucoup plus que ce que nous faisons aujourd’hui face aux actes terroristes. La solution passe aussi par la mise en avant des Palestiniens, pour lesquels le plus grand cauchemar serait la création d’un Etat palestinien. C’est précisément le sens de mon action.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Bravo Laly!
Presque a 100% d’accord avec toi!
Je rajoute ,en plus de ce qu’a si bien ecrit Caroll Azoulay,que c’est du Kiddoush HM.
Beazlah’a
Cette femme est admirable , je partage a 100% ses idees
Pourtant tout le monde à la KNESSET n’est pas loyal !!! le groupe arabe est bien l’ennemi de la nation d’ISRAEL !!!