L’ambassadeur des Etats-Unis en Israël a voulu rassurer la droite israélienne quant aux volets inquiétants du Plan Trump, essentiellement l’éventualité de la création d’un Etat « palestinien ».
Dans une interview accordée à Israël Hayom dans le parking son domicile privé à Herzliya, David Friedman a d’abord abordé le transfert à Jérusalem de l’ambassade des Etats-Unis, deux ans après cet événement historique: « Ce transfert a d’abord renforcé le fait que le président Donald Trump tient ses promesses, qu’il n’abandonne pas ses alliés (allusion à Barack Obama), qu’il n’a pas peur de ses ennemis ou de la critique et qu’il est prêt à faire ce qui est juste. Cette politique a aidé le président américain dans sa politique étrangère ». L’ambassadeur a aussi révélé que d’autres pays envisagent le transfert de leur ambassade même si cela prend du temps. Il a parlé de pays d’Europe centrale et orientale, « malgré les pressions de l’Union européenne », ainsi que des pays d’Asie ou d’Amérique du Sud.
Sur la grande question du Plan Trump, David Friedman a rappelé les conditions de l’extension de la souveraineté israélienne: achèvement des travaux de cartographie des zones prévues, engagement d’Israël à geler durant quatre ans la construction juive sur les parties des zones C prévues pour un éventuel Etat ‘palestinien et engagement du gouvernement israélien de négocier avec l’Autorité Palestinienne durant ces quatre ans sur la base du Plan Trump. « C’est là que nous reconnaîtrons la décision israélienne de souveraineté » a précisé l’ambassadeur. Il a reconnu que jusqu’à présent, l’Autorité Palestinienne refuse d’entamer toute négociation, c’est la raison pour laquelle l’attitude de l’Administration Trump sera fonction des engagements du gouvernement israélien sans tenir compte de l’attitude de l’AP.
Plus tard, dans l’interview, l’ambassadeur a voulu rassurer les milieux de droite et une partie de la direction des habitants de Judée-Samarie quant à la création d’un Etat ‘palestinien’: « J’ai beaucoup de contacts avec les gens de la droite israélienne, je respecte leurs opinions et je partage leurs idées sur beaucoup de points. Mais voilà les faits: plus personne ne veut aujourd’hui étendre la souveraineté sur toute la Judée-Samarie et accorder la citoyenneté aux Arabes qui y vivent. Alors dans le monde moderne, aucun pays, et surtout pas le merveilleux Etat d’Israël, n’oserait créer deux catégories de citoyens. Que veulent les gens de droite? Je comprends qu’ils sont contre un Etat palestinien, mais selon notre plan vous devrez vivre avec un Etat palestinien seulement le jour où les Palestiniens seront devenus des Canadiens! Et si un jour ils se transforment en Canadiens, c’est que tous les problèmes auront disparu ».
L’ambassadeur a ensuite égratigné les administrations précédentes: « Par le passé, toutes les équipes chargées du processus de paix ont occulté les risques (encourus par Israël) de vivre aux côtés des Palestiniens. Mais pas nous. S’ils ne désarment pas et se comportent comme à Gaza, s’ils n’introduisent pas de réformes indispensables, nous ne l’accepterons pas. S’ils ne respectent pas toutes les conditions du plan américain, nous serons les derniers à encourager les Israéliens à reconnaître un Etat palestinien et nous-mêmes ne le reconnaîtrons pas. Dans la droite israélienne on a du mal à croire que cette fois-ci les choses sont différentes des autres administrations américaines et on a peur d’un phénomène de ‘pente savonneuse’. Cela ne se produira pas (…) Certaines administrations démocrates auraient été prêtes, sous certaines conditions, de reconnaître une souveraineté israélienne sur le Goush Etzion, Maale Adoumim ou Ariel. Mais Hevron, Beit-El, Shilo? Personne n’a jamais parlé de ces lieux qui sont le coeur biblique d’Israël. Maintenant c’est le cas parce que nous comprenons à quel point ces lieux sont importants aux yeux des Israéliens. Il ne serait pas logique d’attendre d’Israël qu’il cède ces endroits, comme nous ne renoncerions pas à la statue de la Liberté ou au Mémorial Lincoln ».
Photo Rob Ghost / Flash 90