Le philosophe, psychanalyste et écrivain français Daniel Sibony, sera l’invité de L’Institut français d’Israël le lundi 5 février 2024 pour une rencontre modérée par Stéphanie Souffrir, autour du livre « Shakespeare, Question d’amour et de pouvoir » paru aux éditions Odile Jacob.
Daniel Sibony est né au Maroc, a fait ses études en France où il est devenu d’abord mathématicien, professeur à l’université, puis psychanalyste. Il est aussi Docteur d’État en philosophie. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment : sur la clinique (des perversions et des névroses), les religions monothéistes, le Proche-Orient, l’identité, l’art contemporain, la psychopathologie de l’actuel, la transmission symbolique notamment celle du peuple juif. Shakespeare, questions d’amour et de pouvoirs est son 47e ouvrage. Nous avons posé quelques questions shakespeariennes à l’auteur.
LPH : Est-ce que l’on parle de Shakespeare dans « Shakespeare, Question d’amour et de pouvoir » ? Quel est le véritable sujet ?
Daniel Sibony : Mon livre a pour but d’analyser pièce par pièce tout le théâtre de Shakespeare, de dégager les invariants de ce texte si profond et d’articuler ses variations comiques ou tragiques sur les questions d’amour et de pouvoir, qui couvrent, faut-il le dire, la plupart des problèmes qui nous agitent, y compris la guerre, le fanatisme, le terrorisme. J’évoque très peu le personnage de l’auteur bien que j’aie mon idée sur l’énigme de son identité mais ce n’est pas le sujet.
Vous dites qu’un don créé une dette, donc une rancune. Il n’y a pas d’alternative ?
Je dis que Shakespeare s’intéresse beaucoup à ce phénomène où celui qui donne crée un sentiment de dette chez l’autre qui reçoit, sentiment qui va jusqu’à la culpabilité puis à l’hostilité. Bien sûr, il y a d’autres cas, où le don induit chez l’autre une rivalité positive, et même une expérience de partage de générosité.
Quel marché passez-vous avec vos lecteurs ?
J’invite le lecteur à explorer avec moi ce qui se joue dans chaque pièce, et qui souvent implique des dimensions inconscientes ou cachées que le génie de Shakespeare arrive à déployer, dans le jeu précisément. De sorte que mon texte entremêle les aspects conscients ou manifestes et les aspects inconscients moins évidents que je me fais un plaisir de révéler.
Shakespeare pourrait nous aider à nous libérer. Nous sommes donc captifs ?
Nous sommes captifs à notre insu des choses que nous ignorons de nous-mêmes et qui comptent pour nous sans qu’on le sache. En prendre conscience, c’est libérateur, et c’est ce à quoi Shakespeare peut aider le lecteur à travers l’approche que j’en fais. Cela dit, même quand nous sommes libres, nous engageons notre liberté, et c’est une façon de la perdre, à charge pour nous de la retrouver enrichie par l’expérience de cette perte et de ces retrouvailles. Celui qui est libre continûment ne fait rien de sa liberté. On peut même dire qu’il est captif de sa liberté.
Amour, pouvoir… et l’humour dans tout ça ?
L’humour, c’est de pouvoir se consoler et rire un peu de ce que l’on est, notamment de nos passions, côté amour et côté pouvoir, tout en préservant ces passions car elles procurent quelques jouissances.
Vous serez l’invité de L’Institut français d’Israël le lundi 5 février…
Oui, le 5 février à 19h, mais aussi une conférence, le lendemain à l’Institut Matanel 6, rue Shadal, à 18h 45 et le thème en est : le deuil d’Israël. Car notre peuple vit un deuil terrible que nous avons tous partagé et qui mérite d’être pensé en attendant qu’on puisse le traverser.
A propos de l’auteur :
Daniel Sibony est né au Maroc, a fait ses études en France où il est devenu d’abord mathématicien, professeur à l’université, puis psychanalyste. Il est aussi Docteur d’État en philosophie. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment : sur la clinique (des perversions et des névroses), les religions monothéistes, le Proche-Orient, l’identité, l’art contemporain, la psychopathologie de l’actuel, la transmission symbolique notamment celle du peuple juif. Shakespeare, questions d’amour et de pouvoirs est son 47e ouvrage. Son prochain livre à paraître en mars 2024 s’appelle L’entre-deux sexuel ; dans lequel il analyse les rapports entre les sexes et les questions de genre.
Propos recueillis par Eden Levi Campana
Informations pratiques
Shakespeare, Question d’amour et de pouvoir
Ed. Odile Jacob, août 2022
Lundi 5 février 2024 à 19h00
Institut français de Tel Aviv | Rothschild 7
Tarif abonnés : 15 Nis / Tarif plein : 35 Nis
Infos et réservations, ici
Petite remarque
« Donner induit un sentiment de dette chez celui qui reçoit, qui peut même conduire haïr celui qui donne » dit l’auteur.
Puis je me permettre une remarque ?
Il a raison.
Mais seulement si on donne comme un goy.
Pour se faire valoir.
Pour se donner bonne conscience.
Pour acheter son paradis.
Pour se sentir riche.
Pour se sentir supérieur.
Etc..
Si on donne selon la Torah, discrètement, humblement, honnêtement, SANS RIEN ATTENDRE EN RETOUR MÊME PAS DE LA RECONNAISSANCE, sans même que celui à qui l’on donne le remarque, il y a moins de risque de déclencher cette hostilité.
Mais bien sûr il n’est pas évident de parvenir à agir ainsi.
Pas plus qu’il ne doit être facile d’analyser une oeuvre littéraire goy selon des critères torahiques.