Dana Sitton Silberman, la soeur de Shiri Bibas, a déjà enterré ses parents, assassinés le 7 octobre par les terroristes du Hamas, et maintenant, c’est au tour de sa sa soeur et de ses deux petits neveux.
»Cela fait un an que je me prépare à ce moment,
Mais rien n’aurait pu vraiment me préparer à l’instant où je dois vous dire adieu.
Baz, c’est le surnom de Shiri depuis notre enfance.
Je vous ai déjà raconté à quel point nous attendions avec impatience d’être tantes.
Shiri et moi avions décidé que lorsque nous aurions des enfants, ils ne pourraient pas nous appeler par nos prénoms – uniquement « tata » !
Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Lia, Alon et Erez ont eu la meilleure tante du monde,
une tante attentionnée, aimante et protectrice.
Shiri et moi avons grandi dans une maison remplie d’amour, de compassion et de compréhension.
Papa et maman nous ont élevées pour être des femmes fortes, pour aimer les autres et respecter les différences.
Quand nous étions petites, j’étais la sœur agaçante, et Shiri était toujours la gentille et la douce.
Shiri voulait nettoyer la table ? Moi, je m’allongeais dessus.
Shiri voulait regarder la télé ? Moi, je me mettais à danser devant elle.
Je dois avouer que je lui faisais parfois des misères,
et j’attendais toujours qu’elle réagisse.
« Pourquoi tu ne te défends pas ? » lui demandais-je.
Et Shiri me répondait :
« Attends, attends, quand je serai plus grande, je me vengerai. »
Il y a quelques années, je lui ai rappelé que j’attendais toujours…
Quand les enfants sont arrivés, je lui racontais tout ce qu’ils me faisaient subir,
et elle me disait en riant :
« Tu vois ? Maintenant, ils te rendent la monnaie de ta pièce pour tout ce que tu m’as fait ! »
Quand Shiri et moi allions chercher les enfants à la maternelle,
nous allions directement chez papa et maman.
On ouvrait la porte, et immédiatement, ils couraient embrasser et câliner leurs petits-enfants,
les prenaient par la main et partaient avec eux.
Shiri et moi nous regardions et nous disions :
« Bon… On dirait qu’on est de trop ici. »
Ils les aimaient tellement.
Un amour si pur, si profond.
Et maintenant, Baz, tu es là-bas avec eux.
Tu es près d’eux, alors je ne m’inquiète pas.
Loulou, mon petit rouquin,
Avec ton rire malicieux,
Un petit coquin mais si tendre,
Un petit homme mais si intelligent.
J’ai eu seulement 4 ans pour être ta tata,
Mais ce furent 4 ans de fierté absolue.
Tu vas tellement me manquer…
Nos dîners en famille chez papi et mamie avec Lia, Alon et Erez,
en train de manger la pizza de papi.
Tu vas me manquer quand tu marchais comme un petit homme.
Ton rire va me manquer, tes yeux doux, tes câlins si tendres.
Fourfour,
J’ai eu seulement 9 mois pour profiter de toi.
Mais il n’a pas fallu une seconde pour être conquise.
Un bébé lumineux, pur, souriant.
Et bien sûr, encore un petit rouquin – tu n’as pas déçu !
Vous étiez mes neveux, mes trésors, mes uniques.
Vous serez gravés dans nos cœurs pour l’éternité.
Toujours présents, à jamais avec nous.
Je veux vous demander pardon,
Au nom de nos dirigeants et de notre armée,
Qui n’étaient pas là pour vous ce jour-là.
Qui ont mis si longtemps à vous ramener sur votre terre.
S’il vous plaît, veillez sur nous de là-haut.
Cinq anges, rien qu’à moi.
Baz, serre fort papa et maman pour moi.
Prends soin d’eux, protège-les.
Envoyez-nous des énergies pures,
Pour chasser le mal du monde, et qu’il ne reste que le bien.
Je te le promets, Baz.
Comme je l’ai promis à papa et maman :
Les monstres de l’autre côté de la barrière ne réussiront pas.
Ils ne nous feront pas plier.
Ils ne nous briseront pas.
Au contraire.
Leur mission a échoué.
Parce que nous nous sommes unis.
Parce que nous sommes plus forts que jamais.
Parce que nous sommes invincibles.
Ils ont perdu.
J’espère que là-haut, vous êtes tous ensemble,
Dans les bras de maman et papa,
En train de jouer et de courir dans des champs infinis de bonheur et d’amour.
Je te le promets, Baz.
Je vous le promets, Loulou et Fourfour.
Personne ne vous oubliera jamais.
Lia, Alon et Erez grandiront en étant fiers de vous.
Vous serez à jamais ancrés dans nos cœurs et dans nos âmes.
Je suis certaine qu’un jour, nous nous retrouverons ».