Près de 10 000 participants en provenance du monde entier, dont 2 000 en ligne, ont pris part à la 12e CyberWeek de l’Université de Tel-Aviv, qui s’est déroulée sur son campus du 23 au 27 juin dernier. Parmi les 300 intervenants figuraient le Premier Ministre israélien sortant Naftali Bennett et le Ministre de la Défense Benny Gantz, des responsables de la cybersécurité dans le monde, comme le Directeur national de la cybersécurité auprès du bureau exécutif de la Maison Blanche, Chris Inglis, la Directrice du Centre national britannique de cybersécurité, Lindy Cameron, le Directeur général de l’Agence nationale italienne de cybersécurité Roberto Baldoni, et la Directrice adjointe de l’Unité de protection des données de la Commission européenne Karolina Mojzesowicz ; ainsi que des responsables de la sécurité de grandes entreprises, comme Walmart, SolarWinds, Apple et Netflix. Le message principal ressorti de cet évènement : le besoin critique d’une action internationale coordonnée.
Les chercheurs de l’Université de Tel-Aviv ont présenté diverses perspectives académiques sur les défis de la cybersécurité ainsi qu’un panorama de la recherche scientifique interdisciplinaire extensive qui se déroule sur le campus sur le sujet. Le Prof. Eran Toch, du Département de génie industriel de la Faculté d’ingénierie, s’est intéressé aux défis posés par la cybersécurité dans les organisations. Le Prof. Niva Elkin-Koren de la Faculté de droit a parlé de la surveillance numérique, et le Prof. Yehuda Afek de l’Ecole des sciences informatiques, de la sécurité des serveurs DNS (Système des noms de domaines, un des protocoles de base de l’Internet).
Le facteur humain
La Cyber week de cette année s’est déroulée dans le contexte d’événements sans précédent touchant au domaine de la cybersécurité, notamment l’attaque de l’Ukraine par la Russie. Tous les intervenants ont décrit une augmentation spectaculaire et alarmante de l’intensité de la cyberguerre et de la cybercriminalité. Les dommages liés à la cybersécurité devraient atteindre 10,5 trillions de dollars par an d’ici 2025, et les dépenses pour la protection des informations et la gestion des risques se montera à 172 milliards de dollars dans le monde en 2022. Cependant, ils ont également exprimé leur espoir quant à l’efficacité des moyens de protection correctement mis en œuvre. et le développement des techniques de cyberdéfense pour relever le défi.
Ira Winkler, architecte en chef de la sécurité de Walmart, a décrit le rôle important des gouvernements, et identifié la nécessité de prendre en compte le facteur humain de manière réaliste dans la planification et la mise en œuvre des stratégies: « Les utilisateurs font partie du système, au même titre que les ordinateurs. Il faut s’attendre à ce que les gens cliquent sur les contenus suspects, et il créer un filet de sécurité solide pour les protéger ».
Les victimes de l’escroquerie sur Internet ont été représentées lors de la Conférence par la star du net norvégienne Cecilia Fjelhloy, l’une des victimes de « L’Arnaqueur de Tinder », Simon Leviev, révélé dans un docudrame de Netflix au début de l’année. Arnaquée de centaines de milliers de dollars par l’escroc, Cécilia a utilisé son expérience pour lutter en faveur de la justice pour les victimes d’escroquerie dans le monde. Son intervention portait sur la question du « jour d’après » pour les victimes concernées, et de ce que nous pouvons en apprendre en tant que société.
« Des terroristes avec des claviers »
En revanche, Jayson E. Street, Vice-Président d’Infosec, Sphere NY aux Etats-Unis, qui se définit lui-même comme un « hacker, aidant et humain », a montré les points vulnérables représentés par le facteur humain dans les entreprises et les institutions par rapport aux failles de sécurité, et présenté des films vidéo montrant comment il a pu naviguer sans problème à l’intérieur du système de sécurité de banques, pourtant censé être du plus haut niveau, et le contourner rapidement.
L’ancien Premier Ministre israélien Naftali Bennett a annoncé que: « la cyberguerre deviendra inévitablement l’une des dimensions, sinon la plus importante, de la guerre du futur », attirant l’attention sur la nécessité vitale d’une cyber-coopération mondiale. Selon lui, les cyber-criminels attaquent souvent dans plusieurs pays en même temps, et donc le partage de l’informations est essentiel pour aider toutes les parties vulnérables à se défendre.
Le Ministre de la Défense, Benny Gantz, a décrit le déplacement croissant des conflits vers le cyberespace, relevant qu’il existe un bon nombre d’« acteurs nocifs », comme l’Iran, qui, en plus de leurs actions ouvertes, mènent également des cyberattaques. Le Ministre a qualifié ces acteurs de « terroristes avec des claviers », et souligné la nécessité pour les entreprises privées de se conformer aux directives des gouvernements et de coopérer. « L’Iran représente avant tout un défi Mondial, puis un défi régional et seulement en fin de course une menace pour l’État d’Israël. Le cadre de la coopération face à l’Iran s’étend donc également à la cybersécurité », a-t-il déclaré.
À propos de la Cyber Week
La Cyber Week est l’un des événements annuels internationaux les plus importants dans le domaine de la cybersécurité. Elle offre une occasion unique aux experts de l’industrie, des gouvernements, de l’armée et du milieu universitaire de partager leurs connaissances sur les défis et les opportunités dans le domaine. Elle est co-organisée par le Centre de recherche Interdisciplinaire sur la Cybersécurité (ICRC) de l’Université de Tel-Aviv, l’Atelier Yuval Ne’eman pour la science, la technologie et la sécurité de l’Université et la Direction nationale israélienne de cybersécurité auprès bureau du Premier Ministre.
Photo: Université de Tel Aviv