La préparation du budget d’Israël pour les deux années à venir bat son plein : le ministère des Finances table sur une croissance à 2,9% en 2017.
Après avoir décidé d’adopter un budget bisannuel (pour 2017 et 2018), le gouvernement israélien s’est immédiatement mis à la tâche. Préparer le budget de l’État pour une année n’est pas une tâche facile ; pour une période de deux années, l’exercice relève beaucoup de l’acrobatie financière. Sans compter les exigences d’une coalition gouvernementale composite : chaque formation politique a présenté des exigences aux retombées budgétaires parfois significatives.
Il ne reste que quelques semaines aux experts du Trésor pour soumettre un budget prévisionnel au Conseil des ministres. Au menu : la relance de la croissance qui tend à se ralentir. Au premier trimestre 2016, le PIB a augmenté de 1,8% seulement, ce qui signifie la stagnation de la production par habitant.
Quel budget attend donc les Israéliens en 2017 et 2018 ? Peu de détails filtrent des réunions-marathon qui se tiennent dans les bureaux des ministères à Jérusalem. Une chose est sûre : l’économie israélienne a besoin d’un coup d’accélérateur pour permettre aux citoyens d’améliorer leur niveau de vie.
Le gouvernement concocterait un budget de relance qui devrait profiter à tous les Israéliens. Reste à savoir quel scénario sera adopté : le déficit, les exportations et la fiscalité seront au cœur de la politique budgétaire des années à venir.
RELANCE PAR LE DÉFICIT PUBLIC
La préparation du prochain budget a relancé la polémique autour du déficit budgétaire. Le Premier ministre, soutenu par la Directrice du Budget, estime qu’il est possible de relever le déficit de 0,3 point pour le porter 2,8% du PIB en 2017 ; ce qui permettrait d’augmenter certaines dépenses publiques qui encourageraient la croissance : infrastructures, R&D, etc.
En revanche, les hauts fonctionnaires des Finances s’y opposent : un déficit trop important creuserait la dette publique et handicaperait la notation financière d’Israël dans le monde. Le débat sur le niveau du déficit n’est pas encore tranché, mais il est l’objet d’âpres discussions entre le ministère des Finances, la Banque d’Israël et le cabinet du Premier ministre.
Au moment où l’économie israélienne frôle la récession, un élargissement du déficit public ne serait pas néfaste, au contraire. La bonne santé des finances publiques israéliennes permettrait au gouvernement de laisser filer le déficit public, tout en dégageant des crédits supplémentaires pour tirer l’activité, redresser les exportations et améliorer le pouvoir d’achat.
RELANCE PAR LES EXPORTATIONS
Si la croissance israélienne reste molle, la cause principale se trouve du côté des exportations : depuis le début de cette année, Israël a vu ses exportations s’effondrer de près de 22% en rythme annuel. Désormais, la baisse des exportations n’épargne aucun secteur : les industries de pointe comme les industries traditionnelles connaissent une véritable dégringolade de leurs débouchés extérieurs.
Certes, le ministère des Finances avait concocté pour cette année un plan d’urgence aux exportateurs : un budget pour améliorer les capacités de concurrence des entreprises israéliennes a même été adopté il y a quelques semaines, pour un montant de 265 millions de shekels.
Or il y a quelques jours, ce plan spécial a été gelé, « faute de crédits disponibles », explique les fonctionnaires du Trésor. Reste à savoir si les exportateurs bénéficieront d’une aide accélérée de l’Etat en 2017 et 2018 : une relance des exportations devient indispensable pour remettre l’économie israélienne sur les chemins d’une croissance soutenue.
RELANCE PAR LA BAISSE DES IMPÔTS
Autre instrument de relance de l’activité : la baisse des impôts. Celle-ci permet d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés, de soutenir la consommation privée et d’attirer les investissements. En Israël, la baisse de la fiscalité a déjà été largement mise en œuvre ces dernières années : la part de la fiscalité dans le PIB est passée de 27,7% en 2000 à 23,1% en 2016.
Dorénavant, le niveau de l’impôt sur le revenu en Israël est un des plus bas des pays de l’OCDE. Les entreprises aussi bénéficient d’une fiscalité favorable. L’impôt sur les sociétés continue de baisser : au début 2016, il a été réduit de 1,5 point pour être fixé à 25%.
Seuls les impôts indirects, comme TVA et autres taxes d’achat, restent élevés. À la fin 2015, la TVA a été réduite à 17% mais elle reste plus élevée en Israël que dans la moyenne des pays de l’OCDE. Au total, la marge de manœuvre du gouvernement israélien en matière de fiscalité est assez étroite ; la seule réduction d’impôts ne suffira pas à relancer la croissance israélienne.
Jacques Bendelac (Jérusalem) Israelvalley.com