Une nouvelle voix vient de se rajouter au débat – très biaisé du reste – qui agite actuellement la société israélienne au sujet des couples homosexuels et des droits qu’ils revendiquent. Abandonnant pour quelques heures la question de la Loi de la Nation, le leader religieux de la communauté druze israélienne, sheikh Mawfaq Tarif a fait une déclaration de soutien à la lettre des deux-cent rabbanim.
Rappelons le déroulement des événements: sur fond de gay prides et manifestations en faveur de la loi des mères porteuses pour couples homosexuels, le grand-rabbin ashkénaze Arieh Stern avait “osé” prendre position le 23 juillet lors d’un cours, en donnant son avis sur la situation des enfants élevés dans des couples homosexuels. Il avait notamment dit: “Hormis le fait que l’homosexualité est interdite d’après la Torah, nous ne parlons pas assez de la situation de ces enfants qui vont grandir dans un cadre étrange, pas naturel, sans un papa et une maman”. Il avait rajouté que ces enfants risquent d’être malheureux, si ce n’est dans leur petite enfance, en tout cas plus tard lorsqu’ils aborderont leur vie d’adulte.
Ces propos tout à fait légitimes dans le cadre de ce débat, à fortiori de la bouche d’un éminent rabbin, s’en sont suivis par des réactions hystériques venant des milieux homo-lesbiens et de la gauche, oubliant le respect dû à une telle personnalité. Pour Tamar Sandberg, présidente de Meretz, “la communauté gay n’a pas besoin des conseils d’un rabbin extrémiste qui venait sans doute d’enseigner à ses élèves l’interdiction de la haine gratuite à propos de Tich’a Beav” “Ce rabbin et ses semblables ne pourront qu’exprimer leur frustration du fait que la communauté gay a entraîné avec elle un pays entier (sic)” avait-elle rajouté.
Le député Itzik Schmouli (Camp Sioniste) membre de cette communauté, a également dépassé les limites de la décence: “Le seul malheureux ici c’est Monsieur Stern lui-même, qui avec ses amis transforment le judaïsme en religion rigide et haineuse. Ils éloignent beaucoup de juifs. Au lieu de s’occuper du livre des comptes de l’Eternel il ferait mieux de faire Techouva réelle pour ses propos de haine et d’incitation envers des membres de son peuple qui lui paient son salaire. Il devrait avoir honte de lui!”.
La députée Shelly Yehimovitch y allait également de son fiel: “Le fait que les homophobes les plus dégoûtants vienne aujourd’hui défendre leur vision obscurantiste du monde face aux Lumières et au progrès montre la puissance de la révolution qui est en marche ici”.
Autre réaction du même acabit, Eran Globus, président de la “Maison ouverte à l’homosexualité et à la tolérance” à Jérusalem: “Le rav Stern s’est montré comme un politicien de bas niveau. Celui qui avait prononcé des paroles courageuses lors du rassemblement après l’assassinat de Shira Banqi z.l. a apparemment perdu son courage, sa droiture et le respect élémentaire de l’Autre. Les propos nauséabonds qu’il a tenus ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Nous ne nous tairons pas face à un homme à qui nous payons le salaire et qui incite contre nous et nos familles”. Autrement dit, tu n’es respectable que si tu penses comme nous!
Le fossé abyssal entre les propos émis sans haine par le rav Stern, homme distingué et fin, et les réactions grossières, extrêmes et irrespectueuses de ses détracteurs illustrent parfaitement le déséquilibre éclatant du débat sociétal qui s’est installé sur cette question.
Ces réactions ont à leur tour entraîné le lendemain, 24 juillet celle d’un grand groupe de rabbanim, environ deux-cent qui ont signé une lettre de soutien au rav Stern. Ils font partie du mouvement “Emouna”, identifié au courant orthodoxe-sioniste (‘hardal). Ils y dénonçaient la façon irrespectueuse et extrême avec laquelle le rav Arieh Stern, érudit et homme sage, avait été traîné dans la boue “par des gens qui se prétendent pluralistes et libéraux mais qui sont en fait une caste fermée et incapable d’entendre un avis contraire au leur”. Les signataires rappellent que le rav Stern a parlé de manière calme, sans aucune haine, ne faisant qu’exprimer la position de craignant-Dieu qui est la sienne selon laquelle grandir dans une famille où il n’y a pas à la fois un papa et une maman est une situation anormale.
Ces rabbanim ont obtenu dimanche un soutien de poids en la personne du sheikh Mawfaq Tarif, chef de la communauté druze en Israël. Dans une interview à la station 101,5 FM, il a rappelé que c’est le rôle naturel des représentants religieux d’émettre leur avis sur ce genre de questions: “Eux (les homosexuels) pensent autrement, mais la religion, la nôtre aussi, dit que c’est interdit. Nous vivons dans un Etat démocratique. Nous pouvons exprimer notre avis, sans brutalité. Mais il est encore permis de dire ce qui est permis ou ce qui est interdit. Chacun choisit librement la vie qu’il veut mener mais les responsables religieux ont le devoir de dire ce qui est bien ou pas bien”. Pour le sheikh Tarif, les rabbanim ont bien fait d’adresser cette lettre et de soutenir le rav Stern: “Chacun a le droit de défendre ses idées, y compris les rabbanim! Ils sont responsables de préserver la religion et les valeurs religieuses de base. C’est la mission que Dieu leur confié. Ceux qui les attaquent pour cela ont tort”.
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